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lundi 19 décembre 2022

La femme courbée

 (Luc : 13,10 à 17)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen

 


 

Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe nous invite à être les témoins vivants, de la miséricorde infinie du Dieu Amour envers sa créature souffrante, le Maître Céleste, ému de compassion envers cette femme courbée sous le joug de Satan depuis dix-huit ans, décide de la délier des chaînes sataniques et de la dureté pleine d’hypocrisie de prêtres de la Synagogue. Le Seigneur nous montre aussi que quelque soit le temps passé dans l’état pathologique de l’âme, Lui peut nous accorder la guérison en un instant. Le fondement dans lequel s’enracine et se construit la guérison spirituelle, c’est la parole de Dieu et dans la vie selon Dieu, et le lieu béni dans lequel cette parole libératrice se donne de manière privilégiée à l’âme orthodoxe, c’est l’Eglise du Christ.

 

Ne sommes-nous pas nous-mêmes dans l’Eglise pour écouter l’enseignement du Seigneur, pour apprendre de lui la véritable compassion envers le prochain, et pour recevoir de Lui la guérison des péchés qui non seulement nous courbent vers la terre, mais nous empêchent de rencontrer Dieu et notre prochain en esprit et en vérité ?

 

L’Evangile nous dit : « en ce temps-là, Jésus enseignait dans une Synagogue le jour du Shabbat. Or il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme : elle était toute courbée et ne pouvait aucunement se redresser ». Jésus est là et il enseigne un jour de Shabbat, de quoi parle t-il ? Il parle de la Bonne Nouvelle que proposent la « Thora et les Prophètes », et qui est la présence de Dieu parmi les hommes pour le salut de l’humanité. La parole du Seigneur est créatrice et peut renouveler notre être et notre vie, mais pour qu’elle soit pleinement efficace, il est indispensable de lui ouvrir notre cœur pour que la grâce puisse engendrer en nous et avec nous, la vie divino-humaine.

 

L’apôtre Paul nous rappelle qu’il est grand le « mystère du Christ et de l’Eglise », c’est le lieu de Dieu plein de grâce et vérité, dans lequel la Cour Céleste, c’est à dire la Divine Trinité, la Mère de Dieu, les saints et les anges, concélèbre avec la cour terrestre, c’est à dire l’Eglise, pour accomplir le miracle unique du salut de l’humanité et de la restauration plénière de la Création. L’infirmité qui torture cette femme bien qu’elle se traduise sur le plan corporel est en réalité une maladie spirituelle causée par le père du mensonge et l’ennemi implacable du genre humain, à savoir Satan et ses anges déchus. Il n’est pas possible de vivre pleinement selon l’Evangile de Vie par nos seules forces humaines, il nous faut prier l’Esprit Saint de nous donner l’intelligence du cœur, et notre présence dans l’Eglise devrait être un signe de notre désir d’obtenir ce discernement spirituel.

 

Cette femme possédée subit son malheur, car elle est réduite au silence des exclus par le manque de compassion du clergé, elle ne possède plus la force intérieure qui lui permettrait de crier sa souffrance aux prêtres de la Synagogue. Des prêtres qui eux-mêmes ne savent qu’appliquer strictement la Loi de Moïse, courbés eux-mêmes comme cette femme sous le joug de la Loi mosaïque, ils imposent la lettre et en oublient l’esprit. C’est pourquoi le Seigneur Jésus, prend l’initiative d’aller lui-même vers elle et de délier cette femme de cette épreuve diabolique, la voyant, il lui dit : « femme, te voilà délivrée de ton infirmité ! Puis il lui imposa les mains ; et à l’instant même elle se redressa et rendit gloire à Dieu ».

 

Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, notre très saint Christ, relève cette femme méprisée et lui rend sa dignité originelle en lui imposant les mains, il lui transmet l’onction divine qui la consacre et la libère de sa souffrance. Nous qui sommes les témoins de l’œuvre charitable accomplie ici par le Verbe incarné, qui connaissons ou pensons connaître ce qu’est la vraie vie spirituelle, ayons l’humilité et l’intelligence de nous prosterner intérieurement devant Jésus. Le Psalmiste nous rappelle de « ne pas sortir de grandes phrases ni sur l’homme ni sur Dieu, car le Seigneur prépare l’accomplissement de ses desseins », pour le temps prophétisé par l’Esprit de Dieu.

 

Ayons la simplicité d’aller vers Jésus le Dieu vivant, pour demander Sa bénédiction dans la sainte et sage Eglise orthodoxe, dans laquelle, vit et œuvre toujours avec chacun d’entre nous, l’Esprit de Dieu. Notre Seigneur en déliant cette femme, met devant les yeux de tous ce qui devrait être l’évidence pour tout prêtre et pour toute l’humanité, à savoir la qualité divino-humaine originelle inaliénable de la « personne humaine », créée à l’Image et à la Ressemblance de la Divine Trinité.

 

Combien d’humiliations cette femme a-t-elle subie de la part de prêtres ou du regard de tant de gens indifférents à son sort, combiens sont prompts à penser que ce qui lui arrive est sans doute mérité à cause de ses péchés. Mais voilà que le Seigneur Jésus va vers elle, avec un cœur aimant et pose sur elle, ses mains saintes, car elle aussi est une fille d’Abraham, elle aussi est appelée à recevoir le « Messie » promis par les Prophètes. Que se passe t-il alors ? Jésus en la délivrant, la relève et la voilà debout, face à face avec lui le Dieu-Homme, il la restaure dans sa pleine beauté et pleine liberté des enfants de Dieu. Il lui donne à nouveau toute sa place dans l’espérance d’Israël, dans la Synagogue et dans la vie. Et voici que cette femme, qui peut regarder Jésus dans les yeux, se voit telle que Dieu lui-même la voit, elle y découvre l’amour de Dieu envers elle et se met à rendre gloire à Dieu. 

 

« Mais le chef de la Synagogue, indigné de ce que Jésus eût opéré une guérison le jour du Shabbat, prit la parole et dit à la foule : il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du  Shabbat ».

 

Aujourd’hui, le Seigneur nous éveille et nous enseigne clairement, qu’une Synagogue ou une Eglise sans compassion est comme un corps mort et desséché, que ce soit dans les monastères ou dans les paroisses, malheur à nous prêtres, si les habitudes religieuses et les formes ritualisées prennent le dessus sur la nouveauté de l’Esprit au détriment de la personne humaine. La Tradition orthodoxe vécue pleinement est libératrice, mais devient stérile spirituellement si nous nous laissons lier pieds et poings sous la contrainte de Satan, si nous sommes des prêtres hypocrites ou si le vieil homme en nous fait la loi. Accepter le joug pervers du vieil homme en nous, nous empêche d’accéder à la grâce du Seigneur, nous courbe sous un joug inhumain jusqu’à terre comme cette femme, au point d’en oublier que notre vocation est de contempler le ciel, c'est-à-dire de nous redresser de tout notre être et par toute notre vie en Dieu.

 

L’Eglise, c’est à dire, chacun d’entre nous a pour vocation de relever celui ou celle qui parmi nous est courbé vers la terre et cela quelle qu’en soit la cause, aller comme le Christ les uns vers les autres dans l’Eglise, où nous sommes pour apprendre à vivre l’Evangile, nous souvenant que nous sommes par la volonté divine, « rois, prêtres et prophètes », et si nous ne pouvons plus rien individuellement, nous tourner ensemble comme un seul cœur, vers Dieu qui peut l’impossible. L’Evangile poursuit encore : « hypocrite, lui dit Jésus, est-ce que chacun de vous ne délie pas de la crèche son âne ou son bœuf le jour du Shabbat pour le mener à l’abreuvoir ? Et cette fille d’Abraham que Satan tenait enchaînée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délier de ses chaînes le jour du Shabbat » ?

 

Le saint Shabbat, que ce soit dans la Synagogue ou dans l’Eglise consiste à donner l’hospitalité à Dieu, que signifie donner l’hospitalité à Dieu ? Cela signifie accomplir la parole du Christ : « ce que vous aurez fait à l’un de vos frères, c’est à Moi que vous l’avez fait », accueillir Dieu, c’est d’abord accueillir l’homme. Le Shabbat est aussi une icône du repos de Dieu après la Création, d’où cette invitation de Dieu lui-même à nous arrêter après une semaine de travail, car le Shabbat spirituel sera le repos éternel et vivifiant dans le Royaume de Dieu au sein de la Divine Trinité. Le Shabbat religieux, ce repos si précieux en Dieu, est un mystère ecclésial qui touche au plus profond de la vie humaine et nous prépare dans l’Eglise à la rencontre de Dieu avec l’homme. Mais nous savons que le Shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le Shabbat, ceci signifie que la « personne », telle que créée par Dieu à l’origine est supérieure à toutes les fonctions, y compris religieuses et rituelles, et c’est le sens de cette autre parole du Seigneur : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ».

Le Shabbat est donc un jour de délivrance voulu par Dieu, qui peut imaginer parmi nous que le repos du Shabbat spirituel dans le Royaume de Dieu, puisse être compatible avec la présence de l’humanité défigurée et aliénée par Satan ou le péché ? Qui peut imaginer que le repos du Shabbat puisse être une contrainte spirituelle, le Shabbat en Dieu rend semblable à Dieu, la liberté de Dieu libère l’homme, et l’Eglise du Christ peut-elle moins que la Synagogue dans laquelle ce même Christ était à l’œuvre ? La personne à qui le Seigneur donne de vivre le «  saint Shabbat spirituel », est couronnée de gloire, de lumière et de sainteté, cette personne illuminée fera spontanément ce qu’a fait la femme délivrée : rendre gloire à Dieu et bénir son prochain ».

 

En vérité, Dieu s’est incarné pour relever l’humanité courbée, tentée, tombée et asservie par la malice satanique? La nostalgie divine envers l’homme son bien-aimé est toujours actuelle depuis la chute et l’expulsion de nos ancêtres du Paradis, notre Père Céleste espère toujours le retour de l’humanité prodigue. C’est pourquoi, la Divine Trinité engendre la sainte et si précieuse Eglise orthodoxe-Corps du Christ, afin qu’en elle, la parole créatrice du Seigneur retrouve tout son sens. Pour qu’en elle, l’Eglise, par la grâce du Fils et de l’Esprit, l’humanité se redresse peu à peu, retrouve sa vocation à la déification, et se dirige vers la vie éternelle dans le Royaume de Dieu. Alors venons dans l’Eglise pour célébrer, louer et adorer Dieu, le prier encore et encore, de nous donner de cultiver le repos spirituel intérieur, afin que nous puissions vivre et être à même d’incarner en nous l’enseignement de Jésus, notre unique Seigneur et Maître.

 

Au Père de l’humanité, au Fils médecin de nos âmes et de nos corps, au Saint Esprit notre baume spirituel, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

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