(Luc 10, 38 à 42 et 11, 27 à 28)
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous propose de méditer sur la Dormition de la très sainte Mère de Dieu, Dieu bénissant nous espérons pouvoir en dire quelques modestes paroles dans une homélie à venir. Nous proposons de nous limiter en ce jour, à quelques réflexions sur l’attitude de Marthe et Marie, les saints Pères, y voient une représentation de l’action et aussi de la contemplation.
Marthe et Marie sont sœurs, elles sont donc unies par une alliance parentale indissoluble, de même, nous pouvons considérer que l’action et la contemplation sont unies ensembles pour une alliance au service de la vie religieuse et spirituelle. Le Seigneur dit « Marthe, Marthe, tu te soucies et t’agites pour beaucoup de choses…pourtant, une seule chose est nécessaire », que signifie cela pour nous et surtout à quoi doit aboutir notre vie spirituelle ? Nous devons nous aussi veiller comme Marthe de manière à pouvoir accueillir le Seigneur et ensuite comme Marie nous asseoir à ses pieds et apprendre à l’écouter dans une rencontre personnelle avec Lui.
Comment et où ferons-nous cela de manière concrète ? Dans l’Eglise, c’est là que nous sommes en présence de Dieu, et comment Dieu se révèle t’il, par la médiation de la célébration de la Divine Liturgie, comment nous parle t’il, à travers les lectures et en particulier dans l’écoute attentive du saint Evangile de vie. Accueillir Dieu demande notre présence par la prière liturgique qui doit être sans agitation, car l’agitation de Marthe nous renvoie par métaphore à celle de nos pensées, qui ne cessent de nous parasiter et finissent par rendre impossible de nous asseoir aux pieds du Christ, nous privant alors de l’unique nécessaire, la communion ici et maintenant avec notre Seigneur.
Le Seigneur dit « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée », le Christ souligne ici, qu’il nous appartient de faire le bon choix dans notre existence afin que notre part ne nous soit pas enlevée. Le Seigneur ne dit pas que Marie l’aime plus que Marthe, il ne dit pas non plus qu’il est lui-même la meilleure part. Ce que le Seigneur souligne, c’est que Marie a choisi la meilleure part pour elle, elle a choisi ce qu’elle a ressenti intérieurement comme le plus désirable dans la venue de Jésus le Prophète. Le Seigneur ne dit pas que Marie est meilleure que Marthe ou que la contemplation est meilleure que l’action, non, IL loue simplement le discernement de Marie, pourquoi ? Parce qu’elle sait se libérer du monde extérieur en se centrant sur le Christ, elle ressent de l’intérieur que rien d’autre n’a plus d’importance que la présence de ce prophète venu dans leur maison. Elle sait aussi que c’est lui seul qui décide de toute rencontre avec lui, ceci souligne qu’il faut rester humble, car en vérité, l’action et la contemplation sont nécessaires, mais insuffisants par eux-mêmes pour nous faire rencontrer le Christ en esprit et en vérité. Dieu reste libre souverainement dans toutes ses œuvres divino-humaines.
Le don de la meilleure part, ne dépend ni de Marthe ni de Marie, ni de l’action ou de la contemplation, même si les deux sont nécessaires, mais de la seule grâce divine. C’est pour cela que l’Evangile souligne que « Jésus entra dans un village et une femme le reçut dans sa maison », Dieu garde l’initiative de visiter qui il veut, quand il veut et comme il veut. Dieu reste l’initiateur de toutes ses œuvres, que ce soit dans l’Eglise, chez nous ou en nous. Il est écrit qu’une « femme du nom de Marthe le reçut dans sa maison », celle-là même à qui le Christ dit « de ne pas se soucier ni de s’agiter », pourquoi ? Parce que lorsque Dieu est là, l’action et la contemplation deviennent secondaires, seule l’expérience de la rencontre divino-humaine avec Dieu devrait être notre unique nécessaire.
Cette narration évangélique est en réalité un des signes précurseur et prophétique de cette autre parole merveilleuse du Seigneur « voici je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un m’entend et ouvre, Nous entrerons moi et mon Père pour dîner avec lui », c’est aussi pour cela que saint Paul nous rappelle que nous sommes « temple de l’Esprit Saint » pour y accomplir notre vocation véritable « accueillir Dieu ». La Bonne Nouvelle évangélique nous est transmise de génération en génération, par l’action et la contemplation liturgique, pour cette seule et unique raison, nous préparer à la rencontre personnelle avec le Seigneur.
Marie ne reste pas inerte dans sa contemplation, elle voit le Seigneur qui entre, elle se lève et va vers lui pour s’asseoir à ses pieds et l’écouter de tout son être, ce qui est une véritable action sainte et sacrée. De même, le Christ bénit Marthe, mais lui montre que son action est utile pour autant qu’elle la rapproche de Dieu. Que ferons-nous alors nous-mêmes pour vivre l’expérience spirituelle de Marthe et de Marie ? La réponse nous est donnée à la fin de l’Evangile par le Seigneur lui-même qui dit « heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent ».
Cette parole révèle exactement le sens de l’expérience de Marthe et de Marie, qui nous est proposée. Quelle sera ici, notre ascèse de vie et l’action la plus nécessaire, n’est-ce pas la célébration régulière de la Divine Liturgie qui sera préparée et soutenue par notre prière personnelle dans un esprit de service et de contemplation envers notre Seigneur. Nos saints Pères et saintes Mères, ont pris cette parole du Seigneur à la lettre et l’ont vivifiée par leur esprit, et aujourd’hui nous aussi avec eux, nous essayons d’écouter et de mettre en pratique l’enseignement que le Seigneur a déposé comme un trésor spirituel dans l’Eglise.
Marie, Mère de Dieu et notre Mère spirituelle, nous donne la clé de l’action bénie par l’Esprit Saint par cette parole qu’elle nous adresse à travers sa présence aux noces de Cana, que dit-elle ? « faites tout ce qu’IL vous dira », faire ce que le Seigneur nous dit, signifie ici pour nous apprendre à vivre de manière orthodoxe, voilà l’action qui porte en elle la véritable ascèse contemplative.
« Tout Don parfait, vient de toi Père des lumières, et nous te rendons gloire ainsi qu’à ton Fils unique et à ton Esprit Saint, amen », nous pouvons comprendre que la contemplation selon Dieu ne peut être qu’un don de Dieu, aussi tout comme nous apprenons l’action selon Dieu à travers la célébration liturgique, nous pouvons aussi en Dieu et dans l’Eglise apprendre à contempler de manière éveillée, la présence divine à travers la Divine Liturgie. Ainsi, agir pourra être pour nous concélébrer et contempler sera pour nous être attentif aux paroles et aux actes liturgiques, puisque nous confessons la présence de Dieu dans la Divine Liturgie et les saints Offices de l’Eglise, et Dieu bénissant, nous apprendrons peu à peu, par les prières de nos saints Pères, à veiller et à nous tourner vers l’unique nécessaire, notre Seigneur Jésus-Christ.
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire », nous dit le Seigneur, qu’il nous accorde la grâce de vivre avec simplicité, modestie et de manière liturgique notre relation avec Lui, avec l’Eglise, avec l’humanité et avec la création, selon notre vocation et notre réalité existentielle.
Béni soit notre Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
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