LA SEMAINE
SAINTE
Cheminements dans
la Pâque du Seigneur.
A un fidèle qui
lui demandait un conseil spirituel, le Père Cléopas
répondit «surtout ne diminues pas la croix »,
ce qui correspond exactement à la parole du Christ que « celui
qui veut me suivre prenne sa croix », c’est-à-dire, que
nous diminuons la croix si nous refusons l’existence que Dieu
veut ou permet pour chacun d’entre nous, et en la refusant, non
seulement nous alourdissons celle de nos frères et sœurs, mais nous
rendons en quelque sorte vaine, celle du Christ lui-même, non en
elle-même, mais dans son action pour nous, car Dieu dans son amour
respecte la liberté humaine, et ne sauve pas l’homme contre sa
propre volonté.
L’Église
orthodoxe est par vocation l’Eglise de la Résurrection, l’Eglise
des ressuscités, on lui reproche parfois de ne pas méditer
suffisamment sur le mystère de la Croix, de n’être déjà plus de
ce monde, la longue lignée des martyrs du Christ témoigne pourtant
avec puissance, que nos saints Pères non seulement ont médité sur
ce mystère mais ont été crucifiés par lui et pour lui. La croix
dont se signe tout chrétien orthodoxe, contient de nombreux
enseignements. Nous proposons la méditation suivante pour pénétrer
avec l'aide de Dieu un peu dans son saint mystère. Le Christ sur la
Croix est entouré du bon larron à sa droite et du mauvais larron à
sa gauche, le Seigneur lui-même nous apprend que les brebis seront à
sa droite et les boucs à sa gauche. Un premier enseignement nous est
donné ici, nous ne devons pas prier seulement pour le bon larron en
nous signant, mais aller par toute notre prière aussi jusqu'au
mauvais larron. Avec le signe de la croix nous sommes déjà dans
l'accomplissement du commandement du Christ: « aime ton
prochain comme toi-même ».Dans le bon larron, c'est
encore et déjà l'Adam-humanité qui prie le Christ :
« souviens-toi de moi dans ton Royaume », et dans
le mauvais larron, c'est encore et toujours Satan qui insulte Dieu et
continue de tenter l'homme jusque sur la croix, ainsi est manifesté
le mystère de l'iniquité. En vérité, chacun d'entre nous n’est-il
pas un mauvais larron ? Tant que la « métanoïa »
n'est pas parfaitement réalisée en nous, nous restons soumis à
toutes sortes de tentations, à commencer par le refus de notre
propre croix. Faire le signe de la croix, revient pour le chrétien
orthodoxe à accomplir cette parole du Notre Père : « que
Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Nous
invoquons dans L'Esprit Saint, la descente du Christ dans notre cœur
qui est la porte du Royaume de Dieu. En nous signant, nous invoquons
la grâce divine sur toute l'humanité, la nature humaine étant
consubstantielle à tous les hommes. Les Pères enseignent :
« un s'élève tous s'élèvent, un tombe tous
tombent », voilà une des raisons pour laquelle le chrétien
orthodoxe se signe de la droite vers la gauche, car il a comme
vocation en Dieu d'intercéder pour tout homme et tout
particulièrement pour le mauvais larron. La Divine Trinité a confié
dans l'Amour à l'Eglise Orthodoxe de ne pas s'arrêter au bon larron
qui est déjà sauvé, le Christ ne lui dit-il pas: "aujourd'hui
même tu seras avec moi dans le Royaume". Ainsi
chaque Orthodoxe est appelé par Dieu lui-même a donné son sang
pour son prochain, c'est à dire, la prière d'intercession et de
supplication et en particulier pour le "mauvais larron"
dont personne ne veut. L'amour du prochain dans "l'être
orthodoxe" est donc divino-humain, et jusqu'à la fin des
temps, la personne orthodoxe se signera de droite à gauche, afin
d'élever le mauvais larron jusqu'au pardon du Père Céleste. Le
mystère de la Croix et de son signe représentent les portes saintes
par lesquelles, l'humanité désorientée par les fausses sagesses du
monde, dont saint Jean nous enseigne: "n'aimez pas le monde
et tout ce qu'il contient", le signe de la croix donc,
réunit tout en Dieu, par Dieu et pour Dieu.
L’Église
orthodoxe connaît par expérience combien l’ascèse et l’épreuve
sont utiles pour convertir le vieil homme à l’homme nouveau, elle
sait aussi que ni l’ascèse ni l’épreuve en soi ne suffisent
pour sauver l’homme, car, comme le chante le Psalmiste: « en
vain te lèves-tu tôt et te couches-tu tard, en vain
manges-tu le pain des douleurs, le Seigneur comble son bien-aimé
pendant qu’il dort ». Lazare nous dit le saint
Evangile, était le frère de Marthe et de Marie, ses sœurs qui
selon la Tradition symbolisent aussi l’action et la contemplation,
et si Lazare était mort au monde, il ne l’était pas à Dieu,
Lazare était certainement un homme selon le cœur de Dieu, qui par
sa bonne ascèse de vie a plu au Seigneur.
L’Écriture
nous dit que Jésus aimait Lazare, et Lazare est l’icône même de
ce bien-aimé chanté dans le Psaume précité, endormi dans la mort,
mais l’amour est plus fort que la mort nous dit le Cantique des
Cantiques, nous savons aussi que tout passera sauf l’Amour. La
Semaine Sainte va nous faire expérimenter cette prophétie du
Psalmiste, et nous montrer qu’au sein même de la mort, la vie est
à l’œuvre, que la Croix n’est pas la fin définitive de
l’existence, mais la porte du Ciel. Jésus aimait Lazare, Marthe et
Marie. Lazare n’est pas du tout étranger à l’ascèse
représentée par l’action et la contemplation, mais la véritable
Résurrection de l’homme n’est possible qu’à sa mort totale,
non seulement au monde mais surtout à lui-même. L’homme
ressuscité est l’homme du monde à venir dont les saints sont les
premières icônes et les prémisses transfigurées à l’image de
Dieu. Pour autant il ne s’agit pas de mépriser le monde en tant
que crée par Dieu, mais de l’évangéliser selon la vocation
donnée à chacun par le Seigneur.
Voici que Marie
a enfanté Dieu à la vie humaine, et la Croix engendre l’homme à
la vie divine. La Croix est l’arbre de vie du Paradis, celle que
notre Saint Christ a apportée lui-même de l’Eden dans le monde
déchu pour en faire ici-bas l’échelle du retour dans le Royaume
de Dieu. Nous vénérons le bois de la Croix du Seigneur, mais la
véritable Croix, c’est le CHRIST LUI-MEME. C’est lui la Croix
vivifiante, et c’est parce que nous sommes faits à l’image de
Dieu, que nous aussi, si nous mettons toute notre foi et notre
espérance en lui seul, comme nous le dit notre Saint Christ : « nous
ferons les mêmes choses que lui, et même de plus grandes ».
Notre Seigneur,
en créant l’homme a semé en lui le germe spirituel de la
résurrection à venir, et rendu ainsi possible que toute la Création
redevienne spirituelle: « Que les cieux se réjouissent,
que la terre soit dans l’allégresse, que le monde visible et
invisible soit en fête, car il est Ressuscité, le Christ notre
Dieu, Lui l’éternelle joie ». (Matines de Pâque)
La Semaine
Sainte commence avec la résurrection de Lazare, l’ami de Dieu,
mais elle présuppose aussi la mort au péché réalisée durant le
saint Carême. Cette mort au péché et au monde nous rend semblable
à Lazare, c’est-à-dire que nous pouvons-nous aussi espérer
entendre le Christ nous appeler à voix forte : « sors
dehors », c’est-à-dire du tombeau de tes passions. Le
Seigneur nous dit l’Évangile, ordonne avec une voix forte à
Lazare de sortir du tombeau. En vérité Lazare, mort et enterré
depuis quatre jours déjà, entendait-il mieux parce que Jésus
parlait fort? Où bien cette voix puissante s’adressait-elle aussi
à quelqu’un d’autre? « tout pouvoir m’a été donné
au ciel, sur terre et en enfer », dit le Seigneur,
c’est pourquoi cette voix forte s’adresse aussi à Adam pour le
fortifier et lui prophétiser que son Seigneur arrive pour sa
libération des chaînes de l’enfer, et Satan lui-même entendra
cette voix mais n’en aura pas l’intelligence, et là où il
croira rencontrer un homme, il verra le Dieu vivant.
Lazare est
chacun de nous et le dimanche des Rameaux est la fête où chacun est
appelé à répondre à l’appel de Dieu pour monter à Jérusalem,
y vivre sa passion et sa résurrection selon sa foi et son espérance,
avec l’aide du Saint-Esprit. Pourquoi le Christ pleure t-il son ami
Lazare? Est-ce bien sur Lazare seul qu’il pleure? L’Église
orthodoxe souligne que l’Écriture sainte est un tout
indissociable.
Par exemple, il
y a une relation qui existe entre la Création décrite au début de
la Genèse et la Semaine Sainte. La mort est introduite dans
l’existence à la suite du péché d’Adam, Adam bien que
sollicité par Dieu à se repentir ne sait que rejeter la faute sur
Ève, là ou Dieu attendait les larmes du repentir qui auraient
effacées le péché. C’est pourquoi notre Christ saint et humble
de cœur, offre au Père Céleste les larmes à la place d’Adam et
pour Adam, c’est-à-dire, pour toute l’humanité.
Ainsi le Christ
pleure, larmes très saintes et douloureuses qui résonnent
avec celles de Rachel qui ne se console pas du massacre des Innocents
dans Jérusalem, avec celles de Job le saint et juste, avec nos
propres larmes lorsque nous voyons l’œuvre maudite du péché dans
notre vie, il voit la vie pétrifiée, inanimée, retourner à l’état
chaotique, qui fait écho à la terre adamique de laquelle Adam fut
tiré et formé. Adam vivant laisse pénétrer en lui la mort. Lazare
mort laisse pénétrer en lui le Verbe créateur, qui parmi nous,
connaît comment Lazare mort, déjà en état de décomposition
avancée, a pu entendre la voix du Christ? De même que saint
Jean-Baptiste a vocation d’être le précurseur de la venue du
Messie dans le monde, de même Lazare devient un signe précurseur du
retour de l’homme dans le Royaume de Dieu, par la Pâque du
Seigneur. La résurrection de Lazare est la prémisse de la
résurrection de l’Adam-humanité, prémisse parfaitement réalisée
par Celui qui sur la Croix a dit à voix forte « tout est
accompli ».
DIMANCHE DES
RAMEAUX.
« Voici
que ton Roi vient à toi, humble et monté sur un ânon, le petit
d’une ânesse ». La
véritable royauté est la sainte humilité du Christ, qui de
tout-puissant qu’il est dans l’éternité, se rend semblable à
la créature humiliée et écrasée par le péché. Jérusalem est
l’icône du Royaume à venir, et Jésus nous invite à le suivre
pour renouer le dialogue avec le Père Céleste en acceptant de
passer par la Croix, par la Pâque du Seigneur dans la foi,
l’espérance et le vrai repentir du cœur. Celui qui a des yeux
pour voir et des oreilles pour entendre, voit dans la Passion du
Christ la gloire du Christ, il vit aussi sa propre passion et sa
propre gloire, il entend dans l’hosanna du peuple qui acclame et
suit Jésus, les chants d’allégresse spirituelle des saints anges
et des saints dans le Royaume de Dieu, car en Christ tout est
récapitulé et réconcilié, cet homme-là peut vraiment
expérimenter le Mystère de Pâque, et entrer avec Marie dans le
silence contemplatif du cœur.
Le Dimanche des
Rameaux, inaugure le cheminement ascétique proposé à chaque
chrétien orthodoxe pour se préparer à vivre avec le Christ sa
propre pâque, sa résurrection et sa vie au nom de la Divine
Trinité. Cette liturgie du salut présidée par le Christ lui-même
est, ce que l’Eglise orthodoxe appelle « l’ascèse de
l’amour », seule indispensable pour entrer dans la
métanoïa pascale qui fait passer de la mort au monde et aux modes,
à la Résurrection pour la vie éternelle.
Comment Lazare a t -il vécu
après sa résurrection, au milieu de cette foule normale selon les
critères religieux et sociaux de l’époque du Christ, cette même
foule qui bientôt allait insulter, frapper, cracher sur le
Christ, pour finalement le crucifier. Comment nous-mêmes sommes-nous
après notre Semaine Sainte? Ne craignez pas, dit le Seigneur, car
J’ai vaincu le monde, ne soyons pas étonné si le monde ne nous
comprend pas. Le monde ne peut pénétrer dans le mystère de la
Résurrection, ce n’est pas le regard du monde sur nous qui doit
changer, c’est nous qui devons regarder le monde avec l’esprit du
Seigneur, Lui seul, peut nous libérer de l’aliénation de ce
monde. Dans Matthieu 21, 10-11, quand Jésus entra dans Jérusalem,
toute la ville fût en émoi: « qui est-ce ? »,
disait-on; et les foules répondaient: « c’est le
prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». La foule
anonyme ne peut confesser la divinité du Christ, seule la foi de
ceux dont le Christ dit : « heureux ceux qui auront
cru sans voir », peuvent le reconnaître intérieurement en
esprit et en vérité. Sommes-nous comme la foule, sommes-nous comme
les Grecs qui s’adressent à Philippe pour voir Jésus, qui suis-je
moi qui accompagne Jésus durant la Semaine Sainte?
Le Chrétien ne peut suivre le
Christ durant la Semaine Sainte que de manière personnelle, même
s’il est aussi en communion de foi et d’espérance avec ses
frères, dans l’attente de la Résurrection.
LUNDI SAINT,
MARDI SAINT, MERCREDI SAINT,
mettent en relief le sens eschatologique de Pâque,
c’est-à-dire, qu’il est impossible de retourner après la
Semaine Sainte à l’existence quotidienne, comme si la vie
éternelle ne s’était pas incarnée dans notre monde. Pâque
accomplie toute l’œuvre salvifique du Christ, Pâque nous rappelle
que si nous vivons dans le monde, nous ne sommes pas du monde, que
notre véritable Patrie est le Royaume de Dieu. Ces trois jours
appartiennent encore à l’aspect pénitentiel du grand Carême, à
la vigilance et à la prière dans l’attente et l’espérance de
la résurrection du Christ.
LUNDI
SAINT: Matthieu 21, 33-43 :
Dans cette
parabole évangélique, le Vigneron est le Père Céleste et ceux à
qui Il a confié sa vigne, ce sont les prêtres qui devaient préparer
l’humanité à accueillir le Messie ; cette vigne sainte était
Israël, et le lieu où devait être enseigné comment cultiver
la vigne était la Synagogue. Israël, c’est aussi chacun d’entre
nous, ne savez-vous pas que vous êtes le « Temple du
Saint-Esprit » ? Cette vigne que nous devons
faire fructifier et offrir au temps voulu par Dieu, au nom du Christ
dans L’Esprit Saint, c’est nous-même, les raisins étant les
talents reçus de Dieu, pour réaliser notre Pâque en Christ.
Mais au lieu de
cultiver notre vigne, nous sommes envahis par les ronces et les
mauvaises herbes, par toutes nos pensées psychiques et charnelles
qui se dressent non seulement contre nous mais aussi contre le
Christ, et veulent nous empêcher de suivre Le Sauveur, non seulement
à Jérusalem, mais réduire à néant notre désir du Royaume de
Dieu. Soyons donc vigilants et accueillons les Serviteurs que Dieu ne
cesse de nous envoyer pour reconnaître notre Seigneur et pour vivre
dans la voie que Dieu veut pour chacun d’entre nous. Nous sommes
cohéritiers du Royaume de Dieu et de toutes ses richesses avec le
Christ, c’est pourquoi nous aussi sommes menacés par les mauvais
serviteurs en nous, à savoir nos pensées et nos actions psychiques
et charnelles opposées à la volonté divine. Dieu nous a envoyé
les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les Saints Pères, et
finalement le Fils Unique. Aujourd'hui, Dieu nous donne la Sainte
Eglise dans laquelle il a mis toutes ses grâces, elle est la vigne
du Seigneur, les offices liturgiques, les lectures des prophètes,
les prières, les chants, tout dans l’Église nous est donné pour
traverser la Pâque. Bénissons la longanimité et la patience de
notre Père Céleste, malgré l’interpellation du Seigneur qui nous
dit: « jusque à quand dois-je encore vous supporter ?».
MARDI SAINT:
Matthieu 25, 1-13 :
La parabole des
vierges sages et des vierges folles, nous invite après avoir cultivé
comme il se doit notre vigne pour le Seigneur, à être dans la
vigilance intérieure, dans la certitude que l’Époux va venir,
qu’en vérité, il n’a jamais été aussi proche.
Cette vigne est
aussi le symbole de la chambre nuptiale, d’ailleurs c’est
pourquoi nous célébrons le merveilleux office du « Fiancé »
durant les trois premiers jours de la Semaine Sainte. La virginité
en soi et pour soi, n’a aucune valeur spirituelle. Dans le monde
une multitude de gens sont vierges par une nécessité imposée de
l’extérieur. La virginité des vierges folles, fait écho au
figuier stérile, au talent enterré, ces vierges folles sont
stériles selon la chair et selon l’esprit ; c’est comme si
elles n’existaient pas, comme si elles n’avaient pas la vie en
elles, et peut -il exister une douleur plus grande en ce monde que de
s’entendre dire par le Seigneur lui-même : « Je ne vous
ai jamais connu », non pas, Je ne vous connais pas, mais Je
ne vous ai « jamais » connu ; que Dieu
nous garde à jamais d’une telle parole. L’œuvre demandée ici
au disciple du Christ est de réaliser la parole de l’Écriture,
« veillez et priez ». Le fruit de la vigne est le
désir de Dieu seul en tout et en tous, le fruit de la parabole des
vierges est la prière qui espère l’Époux de tout son être, qui
accomplit le plus grand et le premier parmi les Commandements donnés
par le Christ: « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout
ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toutes
tes forces », et le deuxième qui lui est semblable « et
ton prochain comme toi-même ».
MERCREDI
SAINT : Matthieu 26, 6-16:
Après l’attente
de l’héritier, de l’époux, voici que Dieu en Christ se fait
proche au point de se laisser toucher, voici que le Christ reçoit
comme une onction de la main d’une femme, et tous les disciples
s’indignèrent et se préoccupèrent des pauvres comme si ceux-là
allaient s’échapper. De quoi nous indignons-nous en ce mercredi
saint, est-ce là le plus urgent, pourquoi s’il faut vraiment
s’indigner, ne le faisons-nous pas de nous-mêmes? Le Christ nous
invite ici non à nous indigner sur ce que fait l’autre, mais sur
ce qui nous rend indigne de participer pleinement à la Semaine
Sainte. Le Seigneur plein de grâce et de vérité, Homme et Dieu
parfait, après avoir en Lazare parlé à Adam et en celui-ci à
toute l’humanité, se tourne vers Ève non à travers les
vierges sages ou folles, car la sagesse sans véritable métanoïa du
cœur, n’est que folie et fait que même « les prostituées
vous précèderons dans le Royaume de Dieu », LUI,
le SAINT, en se laissant toucher et oindre par une femme, bénit en
retour toutes les femmes.
JEUDI SAINT : Luc 22,
7-36:
Le grand thème
ici, est celui de la fidélité au Seigneur quoiqu’il puisse nous
arriver dans les épreuves que Dieu permet pour notre résurrection à
la vie éternelle dans le Royaume de Dieu. Cette promesse faite
par le Christ aux Apôtres, nous la vivons déjà dans ce monde,
l’icône parfaite de ce festin céleste est évidemment :
L’Eucharistie.
Avons-nous
conscience de cette immense grâce? Avons-nous conscience de ce que
représente en vérité la Communion Eucharistique? La Sainte Église
orthodoxe est le lieu béni par Dieu dans lequel, nous pouvons
commencer à expérimenter, ce que signifie vivre en présence de
Dieu, au milieu de la Cour céleste là où, vivent déjà Marie la
reine du Ciel, les saints et les saints anges. Deux grandes
expériences traversent ici l’âme des fidèles qui
contemplent la Passion du Seigneur : la Sainte CENE et son
opposé la trahison de Judas. La Sainte Cène se résume à Dieu est
AMOUR. La Divine Liturgie est imprégnée de lumière et de ténèbres,
de joie et de douleur. Dieu se donne tout entier à Judas, et qui
peut imaginer l’état dans lequel se trouve Judas à ce moment-là ?
Adam s’est détourné de Dieu, Judas le trahit et le vend.
Certains disciples vont le renier, l’humanité entière est
ébranlée, la création est frappée de stupeur, le monde angélique
frémit et ne comprends pas ce qui se prépare, et chacun d’entre
nous traverse comme il peut, cette grande et terrible épreuve. Marie
est là, elle suit son Fils et son Seigneur, elle veille auprès de
lui. Demandons humblement son aide, prions-là de nous fortifier,
afin de demeurer nous aussi avec le Seigneur durant la Pâque du
Christ mais aussi de la nôtre.
VENDREDI
SAINT : Marc 15-39:
Mon Dieu! Mon
Dieu! Pourquoi m’as-tu abandonné? Jésus cria d’une voix forte à
Lazare de sortir du tombeau. Là il crie d’une voix forte vers son
Père, ce cri est celui de toute l’humanité passée, présente et
à venir. Ce cri est celui de la détresse absolue de tous les
hommes. Les saints connaissent dans leur cœur, cette souffrance de
l’âme humaine défigurée par le péché, mais encore de manière
relative. Le Christ, LUI, connaît de manière absolue les œuvres de
l’Ennemi de Dieu et du genre humain, son cri est à la hauteur du
désespoir inconscient de l’humanité. Ce cri du Christ continue de
traverser l’histoire de l’humanité, et ne cessera qu’à la fin
des Temps, à la porte du Royaume de Dieu, dans lequel nous disent
les saints Pères, le silence qui n’est pas de ce monde, sera le
langage de l’éternelle louange à la Divine Trinité. Le Seigneur
ne crie pas vers le Père pour lui-même, mais pour l’homme son
bien-aimé, car comme Marie gardait et méditait toutes ces choses
dans son cœur, la Divine Trinité garde l’homme dans son cœur. Le
Christ aurait aussi pu crier, « ô homme pourquoi m’as-tu
abandonné, pourquoi t’es-tu abandonné toi-même », tant
l’œuvre de Dieu semble anéantie, au moment de la Crucifixion? Le
vendredi saint dans ses plus profondes ténèbres, prépare
l'avènement non seulement du Ressuscité, mais à travers Lui,
réalise cette autre parole qui concerne directement chacun d'entre
nous « il y a au milieu de vous quelqu'un que vous
ne connaissez pas », c'est-à-dire l'homme intérieur caché
avec le Christ en Dieu, l'homme spirituel qui est en chacun d'entre
nous, comme emmuré dans nos enfers existentiels. Cet homme intérieur
qui passe lui aussi par la croix, la sépulture et la résurrection,
cet homme-là connaît son Seigneur et son Seigneur le connaît,
œuvre liturgique qui unit Dieu et sa créature.
SAMEDI SAINT
Le saint Shabbat
qui suit la mise au tombeau du Christ, contient dans le silence de
Dieu, l’annonce proche de la Bonne Nouvelle de la Résurrection du
Seigneur. Certes Marie et les proches de Jésus se lamentent encore,
mais le JOUR lumineux apparaît et rempli de Paix le croyant
orthodoxe. La nuit sainte de la Résurrection, nous fait passer du
tombeau à la chambre nuptiale, la Divine Liturgie témoigne par
toute sa splendeur du Royaume de Dieu. Dans le Ressuscité se réalise
la Promesse de Dieu : « Je ne t’abandonnerai
jamais », et la belle prophétie de saint Syméon le
nouveau théologien que « l’homme renouvelé, redevienne
spirituel, incorruptible et éternel, et que toutes les créatures se
renouvellent avec lui et, comme lui, deviennent incorruptibles et
spirituelles».
L’Église
orthodoxe témoigne que par la Résurrection, la mort et le néant
même, peuvent servir le plan de Dieu qui en a fait des serviteurs de
l’Économie divine et des médiateurs de la vie et de la lumière,
à condition de les configurer à la Croix du Christ. Ainsi, la
lumière de Pâque est celle de la Parousie, c’est pour l’Eglise
orthodoxe le « Jour du Seigneur », unique et très
saint, la Fête des Fêtes, les prophéties sont réalisées, la
« Nouvelle Jérusalem » est là spirituellement.
La Divine
Liturgie qui suit la Résurrection est vraiment communion au Banquet
Eschatologique. Les portes de l’iconostase sont ouvertes, l’Église
est remplie de lumière, les Fidèles communient avec le Ressuscité,
et ne se lassent pas, de se saluer par un saint baiser, en se disant
« Christ est Ressuscité », et en se
répondant « En vérité, il est vraiment Ressuscité ».
Que Dieu nous
accorde de Ressusciter dans le Seigneur au temps fixé par Sa Divine
Providence pour chacun et chacune d’entre nous, et que nous
puissions proclamer avec saint Séraphim de Sarov : « Christ
est Ressuscité, ma joie ».
Gloire au Père,
au Fils et au Saint-Esprit, maintenant, toujours et dans les siècles
des siècles, amen.
+ Syméon
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