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samedi 16 novembre 2024

Le Semeur

 

(Luc 8, 5 à 15)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise qui a vocation à être une icône de cette bonne terre dont parle le Seigneur et un terreau fécond capable d’engendrer avec nous et en nous la vie religieuse et spirituelle, nous invite à devenir jardin d’Eden, terre promise et même royaume de dieu, selon cette parole des saints Pères « Dieu s’est fait homme, pour que l’homme devienne dieu », car qui parmi les croyants orthodoxes pourrait penser que l’Incarnation du Seigneur a un autre but, c’est pourquoi en Matthieu 13, 38 nous entendons « la bonne semence ce sont les fils du Royaume de Dieu ».

 

Le Seigneur dit « la semence c’est la parole de Dieu » et un peu plus loin, IL s’écrie « entende, celui qui a des oreilles pour entendre », l’importance de l’écoute pour entendre est soulignée déjà dans la prière du « Shéma Israël » où il est dit « tu écouteras le Seigneur ton Dieu, lui seul tu écouteras », l’apprentissage d’une telle écoute se pratique au sein de la communauté des « Croyants » dans l’attention liturgique, elle est le cœur de la relation avec Dieu depuis les temps anciens de la Synagogue et se perpétue fidèlement aujourd’hui dans l’Eglise ?

 

Si donc, je veux non seulement écouter la « bonne parole » mais l’entendre au point de la faire mienne, il me devient évident que je dois être là où cette parole se révèle avec plénitude et pour nous orthodoxes ce lieu unique, saint et sacré est notre sainte Eglise du Christ, dont IL est le « Corps et la Tête », elle est l’école de la vie éternelle dans laquelle nous croyons que nous pouvons expérimenter « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu révèle à ses bien-aimés ».

 

Mais quelqu’un se voulant sage objectera « n’est-il pas écrit que le semeur sortit pour semer, comment donc sème t’il dans la seule Eglise », ne croyons-nous pas ou plus que la Création dès l’origine est toute entière Eglise et que l’humanité toute entière a vocation à s’unir pour devenir comme un seul être spirituel ?  Dès le début de la Genèse, le « bereshit bara elohim ha  shamaïm ve  haretz »,  peut « s’entendre » comme « au commencement Dieu créa le ciel, c’est à dire l’Eglise céleste et la terre, c’est à dire l’Eglise terrestre », Dieu n’a pas crée plusieurs humanités ni plusieurs créations, ni plusieurs Eglises, la parole divine créatrice est donc « une, sainte, catholique et apostolique » partout et pour tous, tel que nous le confessons dans le Credo, c’est aussi pourquoi saint Jean peut dire avec certitude en Jean 10, 16 « il y aura un seul pasteur et un seul troupeau ». Dieu n’est-il pas sorti de lui-même pour s’incarner comme un homme sans pourtant se quitter un seul instant comme Dieu ? Si nous prions dans l’Eglise que « Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », n’est-ce pas pour témoigner de l’unité de toute l’œuvre divine, c’est aussi pourquoi saint Paul dit « il est grand le mystère du Christ et de l’Eglise ».

 

Le semeur sortit pour semer « une partie de la semence est tombée sur le bord du chemin, a été foulée aux pieds et les oiseaux du ciel ont tout mangé », l’oiseau ici est une métaphore de l’esprit de par sa volatilité et liberté apparente, mais ici ces oiseaux du ciel peuvent être vus comme des équivalents de ces esprits sous ciel dont parle saint Paul, ces esprits ennemis de toute l’humanité qui n’ont d’autre désir que de dévorer en nous et autour de nous toute nourriture spirituelle, ces mêmes oiseaux symbolisent également en nous la nuée des pensées parasites qui ne cessent de chercher à troubler notre esprit, c’est à dire, nous rendre sourds et ainsi incapables d’entendre la voix de Dieu. La sagesse populaire ne dit-elle pas des porteurs de mauvaises nouvelles que ce sont  « des oiseaux de malheur ou de mauvaise augure » !

L’oiseau est symbole comme l’esprit de ce qui est difficile à saisir, tous ces oiseaux-esprits qui tournent autour de l’homme, pour lui voler les graines de la prière sont des esprits déchus et pleins de haine envers le Dieu-Homme et l’homme-dieu en devenir.

 

Une autre partie de la semence est « tombée sur le roc, a poussé mais s’est desséchée par faute d’humidité », quelle est cette humidité essentielle pour faire pousser et croître la semence, le Psalmiste en Ps. 114, 8 nous donne une première lumière en nous disant « le Seigneur change le roc en source d’eaux » et Moïse lui-même n’a t’il pas frappé sur l’ordre de Dieu avec le bâton

sur le roc pour en faire jaillir l’eau vivifiante, mais ici, l’eau indispensable pour frapper le roc d’un cœur endurci est non seulement la parole divine, mais l’eau par excellence qui est celle du « très saint Baptême », seul capable de renouveler l’homme. En Samuel 2, 22, 3 nous lisons

« Dieu est le roc où je trouve refuge », roc inébranlable et inaccessible à toute hypocrisie et mensonge qui voudrait entrainer l’homme dans les chemins de la perdition.

 

Le semeur sortit pour semer « une partie de la semence est tombée au milieu des épines et en poussant avec elles, les épines l’ont étouffée », que font donc des épines ? Elles blessent plus ou moins profondément, déjà en Jérémie 4,3 nous lisons « ne sème pas dans les épines », car dit le texte « elles étouffent » étranges épines, mais si elles étouffent cela signifie qu’elles essayent d’empêcher notre « souffle » icône du Souffle originel insufflé par l’Esprit de Dieu dans les narines de l’homme de respirer librement et de nous laisser inspirer par toute parole sainte qui sort de la « bouche de Dieu ». C’est pourquoi, saint Paul en Galates 6, 8 nous enseigne que « quiconque sème dans la chair récolte la corruption, mais celui qui sème dans l’esprit récolte de l’Esprit la vie éternelle ». En Matthieu 7, 16 nous lisons encore « cueille-t-on des raisins sur des épines » ?  C’est donc à nous de choisir quelle sorte de vigne nous voulons planter et avec qui nous iront la vendanger pour ensuite ensemble la goûter en rendant grâce et louange au Divin vigneron.

 

Dans le verbe « entendre », nous pouvons discerner deux qualités incluses, à savoir tendre au sens de « aller vers » et tendre au sens de « tendresse », si donc, nous désirons recevoir ces « oreilles pour entendre la parole divine », il nous sera bénéfique d’apprendre à cultiver de manière liturgique notre relation à Dieu en « tendant vers Lui notre prière avec une vraie tendresse qui est le désir d’aimer Dieu et l’homme », et veiller à ne pas la mélanger avec les épines et les rocs de nos états d’âme fluctuants entre dépression et euphorie, la place juste  pour exprimer nos états d’âme devrait se dire dans la thérapie spirituelle que l’Eglise propose et qui est la confession libératrice de ce qui nous aliène.

 

Une autre partie a été « semée dans la bonne terre et porta beaucoup de fruits », cette terre est ici suffisamment bonne parce que l’homme ou la femme en a pris le plus grand soin pour la préparer à donner des fruits savoureux. L’homme lui-même est cette terre précieuse entre toutes, et l’Eglise est la vigne royale dans laquelle il est possible du cultiver avec l’aide de Dieu et de toute la Communauté sa vigne personnelle, en arrosant la terre aride des débuts par l’eau du Baptême et en la purifiant jour après jour des mauvaises herbes par la prière liturgique et personnelle.  Mais si comme le dit le prophète Isaïe en 24, 20 « la terre chancelle comme un homme ivre », alors l’homme lui-même tanguera incapable de trouver l’équilibre spirituel nécessaire pour cultiver la terre qui doit non seulement le nourrir, mais qu’il devait transmettre sainte à sa postérité, que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende »,

 

Au Père créateur, au Fils unique qui veut faire de nous des fils et des filles de la terre sainte et sacrée du Royaume et à l’Esprit semeur de sagesse spirituelle, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

samedi 9 novembre 2024

La veuve de Naïm

(Luc : 7, 11 à 16)

                                     Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Esprit de Dieu qui continue de couver l’Eglise comme Il couvait la Création originelle de Son amour et de Sa lumière, nous emmène si nous le voulons à Naïm qui signifie la Bien-Aimée, pour assister à la résurrection du fils unique d’une jeune veuve.

 

Cette bien-aimée vers laquelle s’avance notre Seigneur, c’est en même temps, l’Eglise, l’Humanité et notre Ame, qui pleure de n’être pas aimée pour ce qu’elle est, à savoir l’épouse de Dieu. Par manque d’amour, l’âme si précieuse et unique en nous, se meurt sous les coups répétés de ses propres enfants, que sont nos pensées, paroles et actes psychiques, non suffisamment purifiés dans la prière par l’intelligence du cœur et l’humilité.  

 

Quelle immense douleur dans le cœur du Christ de voir cette veuve désespérée par la mort de son époux et maintenant de son fils unique, c'est-à-dire de tout ce qui faisait sens dans son existence. Où sont désormais, toutes les promesses et espérances qu’elle avait pu mettre dans ces deux êtres chers à sa vie, qui d’autre que le Christ, lui qui est Dieu et le Maître absolu de la Vie et de la mort, pouvait la délivrer de l’épreuve terrible que représente la perte d’un enfant unique.   

 

Que dit le Christ : «  jeune homme, je te l’ordonne, lève toi… » que ressentons-nous devant ce mystère qui préfigure la Résurrection du Seigneur, comment ce mort peut-il entendre la voix du Christ, alors qu’il n’entend ni les larmes de sa mère ni les lamentations funèbres de la grande foule qui l’accompagne. Que chacun parmi nous, prie humblement Dieu de lui donner l’intelligence du cœur sans laquelle, aucune illumination spirituelle n’est possible. L’Eglise est cette mère à qui Dieu a confié l’humanité, où chaque être humain est unique dans le cœur du Père Céleste, là nous devons mourir à ce qui est inhumain en nous et autour de nous, pour que le Seigneur Jésus vienne à notre rencontre pour nous ressusciter en nous disant : « lève-toi et sois vivant ».

 

Le miracle se réalise, parce que le Seigneur fut touché de compassion envers cette femme, et voilà que ce jeune homme mort s’assied et commence à parler là dans son cercueil ? Jésus le remit à sa mère, pouvons-nous imaginer ce qui se passe dans cette mère à qui Jésus remet son fils unique qui était mort et le voilà ressuscité. Ce qui peut nous donner les prémisses d’une telle expérience, c’est l’acceptation intérieure de toutes ces petites morts qui jalonnent notre existence quotidienne, nous aussi nous devons cultiver la véritable compassion les uns envers les autres.     

 

Nous vivons des merveilles et des miracles dans l’Eglise Orthodoxe, et cela en particulier à chaque Divine Liturgie, mais si nous ne sommes pas présents spirituellement, alors nous sommes désincarnés et comme morts. Ni Dieu et encore moins un homme ne nous ressuscitera si nous ne prions pas et si nous ne faisons pas notre travail de purification personnelle pour demander le salut pour notre âme, alors venons librement vers Dieu à travers l’Eglise, pleurons comme cette veuve d’avoir laissé mourir en nous depuis si longtemps l’essentiel, qui est la vie de communion avec Dieu, avec l’Eglise et avec l’homme.

 

Au Nom de notre Seigneur, cessons de penser qu’il suffit de venir à l’Eglise, d’écouter des tonnes de conférences ou d’homélies mêmes spirituelles ou encore de lire des livres dits profonds, pour passer de la mort à la vie. Sortons de ce coma psychique et destructeur qu’est l’esprit de ce monde sans Dieu et sans compassion que dénoncent saint Paul et tous les saints Pères.  

 

Accompagnons-nous les uns les autres par un cortège de valeurs spirituelles et religieuses et non par des foules de pensées et de paroles mortifères, que nous distillent de manière hypocrite Satan et le vieil homme en nous. Alors le Christ viendra toujours plus à notre rencontre dans l’Eglise-Naïm et dans notre existence personnelle, et nous entendrons à chacune de nos petites morts, le Sauveur nous dire : «  ne pleure pas », Lui notre Seigneur dont la patience aimante envers nous est divine et infinie.

 

Apprenons à mourir librement à ce marasme permanent dans lequel le péché veut nous entraîner, en voulant nous faire croire que nous sommes vivants et spirituels, alors que nous ne sommes encore si souvent dans l’illusion psychique. Prions et supplions Dieu de venir poser Sa main sainte sur nous, d’arrêter ce convoi permanent de pensées partielles et partiales qui nous enferment comme dans un cercueil, afin que le Christ nous ressuscite comme ce jeune homme et nous remette dans les mains saintes de celle qui nous engendre spirituellement, c'est-à-dire la sainte Eglise Orthodoxe.

 

Regardons cette foule émerveillée et qui rend gloire à Dieu d’avoir pu vivre une telle expérience spirituelle, cette foule qui ne connaissait pas le Christ comme Dieu et Sauveur. Comment allons-nous rendre grâce à Celui dont nous savons nous, les lumineux enfants de l’Eglise, avec une certitude absolue qu’Il est le Dieu Vivant ? En apprenant à célébrer  dignement la Divine Liturgie et les saints mystères de l’Eglise éternelle.   

 

Ce n’est que dans l’Esprit-Saint, après notre mort au péché que comme Marie, la Mère de Dieu, nous pouvons passer de la vie à la Vie, étant devenus nous aussi des vivants par la Grâce toute puissante de la Divine Trinité, à laquelle soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon          

jeudi 7 novembre 2024

L’amour des ennemis.

       

(Luc 6, 31 à 36)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à mettre en œuvre « l’amour des ennemis » en cultivant et en unissant à l’image du Seigneur l’ascèse de la miséricorde et de la bienfaisance, les racines de cette attitude spirituelle trouvent leur sève dans les paroles évangéliques que sont « bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » et « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », être miséricordieux et bienfaisant nous demandera donc non seulement d’imiter le Christ mais surtout d’agir avec Lui.

 

Saint Luc en 6, 36 nous montre le modèle divin absolument parfait du miséricordieux bienfaisant en nous disant « soyez compatissant comme votre Père est compatissant », compatir signifie surtout accompagner l’éprouvé atteint par les tourmentes existentielles qui brisent l’âme et le corps, c’est pourquoi saint Luc ajoute en chapitre 6, 31 une clé spirituelle pour prévenir et se prémunir de l’épreuve du « retour du coup de bâton » ou du « on récolte toujours ce qu’on sème » comme dit le langage populaire, que nous dit-il « ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le  pour eux ». Dans sa 1ère épître saint Pierre complète la parole de saint Luc en écrivant « soyez donc miséricordieux et humbles », n’est-ce pas là le visage même de notre Samaritain spirituel Jésus-Christ, l’homme miséricordieux est le véritable compatissant, pourquoi ? Parce que lui-même a fait une vraie expérience de la miséricorde divine et qu’il se remémore cette parole du Seigneur « qu’as-tu que tu n’aies reçu, et si tu l’as reçu pourquoi faire comme si tu n’avais pas reçu et t’en enorgueillir », alors maintenant « va et fais de même ».

 

Dans la suite de son évangile saint Luc en 6, 37 et 38 précise l’ascèse pratique qui convient à celui ou celle qui veut acquérir l’état de « miséricordieux bienheureux », que dit-il « ne pas juger, ne pas condamner, remettre les fautes, donner avec générosité, car de la mesure dont vous mesurerez l’autre, vous serez mesuré vous-même en retour », si déjà nous avons des difficultés à mesurer de manière juste nos proches, quelle mesure nous faudra t-il pour mesurer « nos ennemis » ? L’amour des ennemis ne pourra pas se mesurer à l’aune extérieure des valeurs du monde individualiste d’un César, mais ne peut trouver sa force et sa justesse que dans le discernement qui vient de la grâce divino-humaine.

 

La miséricorde du Père céleste se révèle dans l’incarnation de son Fils unique, Lui le Visage visible de l’invisible, Lui qui est venu pour sauver l’homme et non le juger, Lui qui est venu pour pardonner et non condamner, Lui qui est venu pour remettre les péchés et non les garder pour nous en accuser, Lui qui a donné sa vie pour le salut de l’humanité, Lui qui aime sans mesure et accueille avec joie le peu que nous lui offrons, Lui qui nous dit « aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour », Lui non plus n’attend rien en retour de notre part, Il nous invite à l’imiter et à vivre selon cette parole « venez et voyez » en communion avec Lui et avec l’Eglise du mieux que nous le pouvons et en augmentant avec sa grâce peu à peu notre mesure d’aimer Dieu, l’Eglise et le prochain.

 

« Ne pas juger », déjà en 1 Samuel 2, 25 il est dit « si un homme pèche contre un homme », Dieu le jugera, pourquoi ? Parce qu’il n’appartient pas à l’homme de juger même si celui-ci à reçu le don de « l’intelligence du cœur », Dieu seul est le juste Juge qui connaît parfaitement le passé, le présent et l’avenir de tout homme et de toute femme qui naît en ce monde. Saint Paul exprime cette réalité du jugement divin en 1 Corinthiens 4, 4 en écrivant « celui qui me juge, c’est le Seigneur », le jugement a été remis par le Père au Fils unique en qui Il a mis toute sa complaisance afin que nous l’écoutions selon ce qu’Il jugera utile pour nous et notre salut. C’est ce que saint Pierre confirme dans sa 1ère épître en 1, 17 « Dieu jugera selon l’œuvre de chacun », le jugement est universel mais son application restera personnelle.

 

« Ne pas condamner », saint Luc en 6, 37 nous donne cet avertissement « ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés », cela se rapporte à cette folie humaine qui a culminée dans la condamnation

du Seigneur lui-même et que nous rappelle saint Marc en 14, 64 « tous le condamnèrent à mort » pas un seul des accusateurs à commencer par le Grand-Prêtre n’était qualifié ni pour juger et encore moins pour condamner, mais là où l’Esprit de Vérité est absent le mensonge abonde et la justice humaine se perd dans une mascarade grimaçante qui déforme la réalité, il advient alors ce que saint Jacques écrit en 2, 9 « vous avez condamné, vous avez tué le Juste ».

 

« Remettre les fautes », saint Paul en Colossiens 2, 13 témoigne « vous étiez morts du fait de vos fautes...IL vous a fait revivre avec Lui, et Il nous a pardonné toutes nos fautes », et en Galates 6, 1 « frères, même dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, remettez-lui en esprit de douceur sa faute, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien toi aussi être tenté », voilà comment Paul parle aux spirituels, comment alors des non spirituels pourraient-ils oser retenir les fautes de leur frère, eux qui connaissent et commettent aussi les mêmes fautes ? Saint Paul complète sa pensée en Galates 6, 3 « car si quelqu’un estime être quelque chose alors qu’il n’est rien, il se fait illusion ».

 

Saint Luc, 6, 35 « au contraire, aimez vos ennemis...votre récompense sera alors grande, et vous serez les fils du Très-haut, car Il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants », les saintes Béatitudes nous dévoilent le chemin de « l’ascèse bienheureuse » qui peut nous aider à « aimer nos ennemis » et faire de nous Dieu bénissant des « christs aimants, saints, humbles et sages ».

 

C’est Marie, la très sainte Mère du Seigneur qui nous montre comment devenir un bienheureux qui sera surtout un « bienfaisant » à l’image du Christ qui proclame « celui qui croit en Moi, fera les mêmes choses que Moi », que dit-elle ? « Faites ce qu’IL vous dira » et que nous dit le Seigneur Jésus,

« tu aimeras le Seigneur ton Dieu...et ton prochain comme toi-même » et pour cela le Seigneur ajoute le sel spirituel indispensable en me disant « si tu veux prier ton Père...rentre en toi-même...ferme la porte...et la suite » rien de bon, de juste ou de vrai ne se fera selon Dieu sans notre prière personnelle adressée avec humilité au Père céleste, n’est-il pas écrit « demandez et vous recevrez », alors nous pourrons demander dans l’espérance la grâce d’aimer même nos ennemis.

 

Au Père qui pardonne et qui a remis le jugement au Fils qui nous aime et à l’Esprit Consolateur, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon 

 

 

 

 

 

 

dimanche 27 octobre 2024

Prière de Jésus et saints Pères.

                              .

(Jean 17, 1 à 13)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous fait entendre la prière que le Christ adresse à son Père pour nous, afin de contempler ce que le Seigneur est en esprit et en vérité, et ce que nous sommes appelés à devenir au sein de ce monde où nous habitons et qui pourtant, en vérité nous est étranger. Les saints Pères que nous célébrons et vénérons aujourd’hui, sont les témoins lumineux, aimant et véridiques de la parole du Seigneur adressée à son Père et notre Père.

 

Jésus levant les yeux vers le ciel dit « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils  te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donné ». Que signifie, levant les yeux au ciel, il dit ? Cela signifie que Jésus entre en lui-même et s’élève dans son esprit et là, il contemple en plénitude d’amour, son Père et notre Père. Le Père qui avait envoyé son Fils Unique dans le monde ignorait-il tout ce que ce même Fils a réalisé en totale obéissance et cela jusqu’à la mort ignominieuse sur la Croix ? Alors, pourquoi notre Seigneur retrace t-il ce qu’il a accompli pour sauver l’humanité ? La réponse est donnée dans le verset qui suit et qui est « or, la vie éternelle est qu’ils Te connaissent, toi, le seul véritable Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ».

 

La prière splendide que le Christ offre à Dieu notre Père, est en vérité offerte pour nous, afin que nous puissions nous aussi à la suite des Pères vénérables, accueillir la vie éternelle qui est la connaissance du Père céleste. En quoi consiste la vie éternelle ? Connaître Dieu notre Père ! Comment ? En croyant à cette parole du Christ « que nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et ceux à qui le Fils veut bien le révéler ». Dans quel but le Christ prie-t-il ainsi ? Pour que nous ayons en nous « la joie parfaite », cette joie doit en nous s’unir à la « vérité parfaite » qui est le Don du Saint Esprit, pourquoi, afin que se réalise cette promesse du Seigneur « Je vous enverrais l’Esprit de vérité et la vérité vous rendra libre ».

 

Le Seigneur dit « J’ai manifesté ton Nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner…et ils ont gardés ta parole… ils ont cru que tu m’as envoyé…c’est pour eux que je prie »,

quel est donc le « Nom » que le Christ a manifesté aux hommes ? C’est celui de « Père » c’est à dire, celui qui nous engendre sans cesse spirituellement à « la vie, au mouvement et à l’être » par Jésus-Christ dans l’Esprit Saint. Et où s’accomplit cette œuvre divino-humaine, si ce n’est dans l’Eglise, splendeur et lumière au cœur du monde et icône du royaume de Dieu. C’est bien dans l’Eglise que le Père invite « ceux qui ont cru à son Fils unique », et c’est dans l’Eglise que seront désormais gardés ceux qui resteront fidèles au Seigneur, selon cette parole « Père saint, garde-les dans ton Nom que te m’as donné », pourquoi ? « pour qu’ils soient un comme nous ».

 

Mais comment pouvons-nous comme le Christ, glorifier le Père ? En méditant cette autre parole du Christ adressée à Philippe « celui qui m’a vu a vu le Père », c’est pourquoi nous pouvons confesser le Christ comme le Fils unique de Dieu et témoigner par nos œuvres religieuses et spirituelles, que nous avons accueilli la Bonne Nouvelle évangélique. Quoi de commun entre les ténèbres et la Lumière divine, quoi de commun entre le monde des sans Dieu et le Royaume de Dieu, quoi de commun entre l’Eglise « Corps et Tête du Christ » et les petites constructions chaotiques et insensées sorties de la pensée délirante de quelques individus qui croient être ceux qui gouvernent le monde.

 

Pourquoi, le Seigneur demande t-il au « Père Saint de garder ceux que le Père lui a donné afin qu’ils soient Un comme nous » ?  Parce que le Père ne se détourne pas de ceux qu’il a béni dans son Fils unique, parce que le Père dit ailleurs à ceux qui auront cru en Lui par son Fils, « même si ton père ou ta mère t’abandonnent, moi ton Père céleste, je ne t’abandonnerais jamais ».

Le Seigneur nous montre que nous devons commencer notre prière adressée à son Père et à notre Père en levant nos yeux vers le ciel à travers notre esprit et dire en toute simplicité et confiance « Notre Père, glorifie-nous de la gloire de ton Fils unique en faisant de nous et avec nous par grâce un christ aimant, saint, humble et sage ». Le Seigneur dit « Père glorifie-moi…J’ai manifesté ton Nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner » et ailleurs « car nul ne peut venir à moi, si le Père ne l’appelle », est-ce à dire que tous ne sont pas appelés ? Bien sûr que si, « mais beaucoup d’appelés et peu d’élus ». Les élus sont donc tous ceux qui ont « reconnu que tout ce que Tu m’as donné vient de Toi…que mes paroles viennent de Toi…ils les ont accueillies et ont cru que je suis sorti de Toi et que Tu m’as envoyé ».

 

Le Christ poursuit « et maintenant Père, glorifie-moi auprès de Toi, de la gloire que j’avais auprès de Toi, avant que le monde fût crée ». Que signifie glorifie-moi auprès de Toi ? Le Fils aurait-il perdu la gloire qui est la sienne comme Dieu par son Incarnation ? Bien sûr que non, mais voilà l’admirable, voilà la splendeur qui nous révèle qu’en vérité, Jésus demande cette gloire pour l’homme incarné qu’il est, et comme la nature humaine nous est consubstantielle et une, il demande cette même gloire pour l’humanité rachetée et sauvée en Lui. Sinon, comment cette même nature humaine pourrait-elle dans l’homme siéger dans le Royaume de Dieu en présence du Dieu Vivant ? Cette présence de l’homme dans le Royaume est le signe spirituel, la preuve absolue et le fruit de l’amour divino-humain de la parole du Seigneur « tout est accompli ».

 

L’Eglise est le lieu divino-humain où se réunit l’assemblée de ceux qui ont cru et accueilli les paroles du Christ, ces paroles ne sont pas justes des mots, elles portent en elles la puissance créatrice du Verbe éternel, et cette puissance est ce qui peut restaurer tout homme et toute femme de bonne volonté dans la « beauté lumineuse des enfants de Dieu ».

 

Le Seigneur dit encore « J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le fils de perdition », cette veille est confiée maintenant à l’Eglise qui a pour vocation de ne perdre aucun de ceux qui viennent y demander au Nom de Dieu, « le salut et la vie éternelle ». Ainsi, tout comme le Christ avait confié sa Mère à son disciple Jean et demandé à ce même disciple qu’il habite chez elle, voici qu’IL nous confie notre Mère l’Eglise et qu’IL nous demande d’habiter chez elle, comme des fils et des filles élus afin que nous y apprenions à glorifier la Divine Trinité.

 

Maintenant, « Je viens vers Toi dit le Christ à son Père » mais ailleurs le Seigneur dit aussi « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », comment donc retourne-t’IL vers son Père et notre Père tout en restant avec nous jusqu’à la fin du monde ? C’est le mystère et la grâce religieuse de l’Ascension, le Seigneur ne s’élève t’IL pas avec notre nature humaine rachetée, sauvée et déifiée, cette union divino-humaine est indissoluble, alors comment ne serait-IL pas toujours avec nous. C’est pourquoi, chaque croyant doit à l’image du Seigneur veiller sur lui-même, afin de ne pas se perdre, nous pouvons nous perdre si nous oublions que nous sommes le « temple de l’Esprit Saint », nous pouvons nous perdre si nous oublions que nous sommes des êtres liturgiques, nous pouvons nous perdre si nous oublions que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.

 

Cette prière débordante de beauté, de sagesse et d’amour que Jésus adresse à notre Père Céleste, est en vérité grâce sur grâce en faveur de l’humanité, afin que s’accomplissent les noces spirituelles dans la Cana céleste autour du banquet divino-humain, pacifique et joyeux sur l’Autel d’en-haut. La célébration de cette très Sainte Cène liturgique trouvera son vrai couronnement dans la prière des cœurs purs « Abba Père » !

 

Saint Léon le Grand nous enseigne que « La nature humaine recevrait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures célestes, elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que les archanges, les êtres les plus sublimes ne peuvent mesurer son degré d’élévation, car la nature humaine allait être admise à trôner auprès du Père éternel et être associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la personne du Fils unique ».

 

Je suis donc invité à veiller sur moi par la grâce reçue dans l’Eglise, en me nourrissant de la vie et de la voie de la spiritualité orthodoxes, pourquoi ? Pour glorifier notre Père céleste et ainsi devenir une icône véridique de notre unique modèle « Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit, amen ».

 

Que le Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, soit glorifié, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

samedi 19 octobre 2024

La Cananéenne.

 

(Mat. 15, 21 à 28)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à travers l’exemple d’une femme païenne à ne pas nous laisser dépouiller de l’héritage spirituel et matériel que Dieu créateur a déposé dans l’être dès l’origine du monde. De quoi s’agit-il ? D’une histoire d’amour et de souffrance qui unit une mère à sa fille possédée par un démon qui rend son existence invivable, mais ne tombons pas dans le piège inhumain d’un jugement du genre, si elle est possédée, elle doit bien y être pour quelque chose, ce sont des païens donc quoi d’étonnant si leur vie est remplie de ténèbres.

 

Dieu aurait-il crée les uns bons et d’autres mauvais ? Qui peut vouloir adorer un tel Dieu ? Que lisons-nous dans le livre de la Genèse 1, 27 « Dieu créa l’homme à son image, homme et  femme IL

les créa » avec toute la sagesse, la beauté, la grâce et la liberté de devenir une personne divino-humaine accomplie par la pratique volontaire d’une ascèse spirituelle et religieuse, qui pour nous est la voie et la vie orthodoxe.  

 

Cette femme cananéenne créée à l’image divine, est appelée à devenir ressemblante à cette image originelle, elle porte en elle la grâce qui habite et accompagne toute l’humanité et qui la conduit aujourd’hui vers Jésus, qu’elle appelle « Seigneur et Fils de David », ces deux Noms désignent dans la théologie hébraïque, le « Messie » c’est à dire l’envoyé de Dieu prophétisé et qui a pour seule et unique vocation le salut de l’homme, car dit encore le Seigneur « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver ». 

 

Voici donc, cette femme qui interpelle Jésus le Messie et lui dit « aie pitié de moi, Seigneur Fils de David, ma fille est fort malmenée par un démon », mais Jésus ne lui répond pas un mot, au point que ses disciples le priaient « fais lui grâce, car elle nous poursuit de ses cris », cette femme et mère crie vers le Seigneur par amour et compassion envers sa fille, elle n’est pas préoccupée de son confort personnel, non, elle vit le drame qu’éprouve son enfant, elle ressent la souffrance de sa fille, là où les disciples impatients demandent au Christ d’intervenir pour que cette femme cesse de les harceler par ses cris.

 

Jésus répond « Je n’ai été envoyé que vers les brebis perdues de la maison d’Israël », mais la femme prosternée devant lui insiste « Seigneur, viens à mon secours », elle vit dans son âme l’épreuve de la possession et de la souffrance de sa fille avec la même acuité que son enfant, Jésus lui répond à nouveau et dit « il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens », si nous ne voyons comme les disciples que les seules apparences de ce drame, la parole de Jésus nous apparaitra non seulement incompréhensible mais d’une grande dureté de cœur. Notre discernement partiel et partial ne peut sonder la profondeur de l’enjeu de la relation de Dieu et de cette femme, le Seigneur seul connait l’abîme du cœur de cette femme, il sait en esprit et en vérité que par son attitude d’apparente indifférence, il va renforcer le désir de cette mère d’être exaucée.

 

Alors, cette femme répond au Seigneur Jésus « oui, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres », et Jésus l’ayant amenée à exprimer sa pensée lui répond en retour « O femme, grande est ta foi, qu’il t’advienne maintenant selon ton désir et dès ce moment sa fille fût guérie ». La guérison que le Seigneur Jésus veut donner à celui ou celle qui la lui demande, n’est pas le fruit d’un acte magique, le don de la guérison demande d’être incarné par la personne en souffrance et cela suppose un dialogue vrai qui tient compte de l’état réel de la personne éprouvée.

 

Peut-être quelques uns penseront, pourquoi toute cette mise en scène, le Christ ne pouvait-il pas guérir cette fille, juste en lui disant, Je le veux soit guérie ? Bien sûr, qu’il le pouvait même sans lui prêter la moindre attention ! Mais le Seigneur privilégie toujours la rencontre personnelle et si possible un dialogue qui permet de faire émerger la pensée, l’espérance et le désir profond de la personne humaine.

 

Ce qui caractérise cette femme païenne, c’est l’amour et la compassion qu’elle ressent pour sa fille possédée et l’humilité audacieuse mais pleine de confiance envers celui qu’elle appelle « Seigneur et Fils de David », ce drame qui éprouve notre humanité et aussi le beau témoignage qui montre que le miracle peut faire irruption dans notre humaine condition, le miracle n’est pas un droit que Dieu me devrait, mais une œuvre spirituelle qui unit Dieu et l’être humain.

 

L’Evangile de ce jour montre que pour que la grâce vivifiante puisse s’incarner dans notre humble quotidien, elle demande notre participation qui ne consiste pas à vouloir réaliser des exploits ascétiques, mais à apprendre à mettre en œuvre de manière concrète ici et maintenant, la volonté divine qui nous est proposée dans l’Eglise et par l’Ecriture sainte.

 

C’est pourquoi, le Psalmiste nous met en garde contre les faux dieux qui rôdent comme des voleurs d’âme à la recherche d’une proie naïve et qui sont « des idoles faites d’argent et d’or, œuvres de la main des hommes, idoles qui ont des bouches et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas », menteurs sans scrupules et idoles déconnectées de toute expérience divino-humaine, de toute référence à Dieu, loups ravisseurs déguisés en moutons passés maitres pour envoûter les cœurs brisés.

 

Voici donc, cette païenne méprisée par certaines castes de prêtres hypocrites qui se voient volontiers comme des modèles à suivre, réprimandée en plus par les disciples du Christ sous prétexte qu’elle leur casse les oreilles, mais malgré toute cette antipathie agressive cette femme reste debout dans l’espérance, car elle sait par une certitude intérieure qu’elle sera finalement accueillie, écoutée et exaucée par celui que l’Eglise confesse comme le véritable et unique Grand-Prêtre, à savoir notre saint médecin des âmes et des corps, le Christ, elle a ressenti au fond de son être que ce Jésus pouvait et voulait sauver sa fille malade.

 

Jésus par l’image des petits chiens ne méprise pas cette femme ni aucun être, il désire éveiller celui ou celle qui le souhaite à l’existence d’une nourriture bien plus essentielle que des simples miettes, il se donne comme la véritable nourriture qui seule peut donner la vie éternelle. L’Eglise est le lieu où Dieu invite l’homme à sa table mystique afin de le nourrir à travers la sainte Cène par le Corps et le Sang du Seigneur et Sauveur et le préparer ainsi à accueillir dans le Royaume à venir son Dieu selon cette parole, alors « Dieu sera tout en tous ».

 

L’Eglise a vocation d’être à l’image de cette cananéenne, la voix qui prie et crie vers Dieu de libérer l’humanité de toutes les possessions qui oppriment l’homme et l’empêchent d’aller librement vers Dieu son Créateur. Dieu à travers l’épreuve de cette femme et de sa fille, nous invite à venir le rencontrer quelque soit notre situation individuelle, Dieu regarde notre cœur et notre désir et nous propose d’avancer dans la vie avec Lui. En Jean 14, 1, Jésus nous dit « que votre cœur ne se trouble pas » et en Jean 16, 22 « Je vous reverrai et votre cœur se réjouira », avec moi vous pouvez être plus grand que vos épreuves existentielles, car par ma grâce votre cœur ne sera jamais dans sa profondeur spirituelle soumis à une quelconque fatalité.

 

Au Père de l’humanité, au Fils devenu homme parmi nous et à l’Esprit-Saint qui nous humanise en esprit et en vérité, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

samedi 12 octobre 2024

La parabole des Talents.

 

(Math. 25, 14 à 31)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à méditer sur la parabole des talents, je nous propose de relever les versets 29 à 30 qui nous disent « car à tout homme qui a, on donnera encore plus et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il croyait avoir. Quant au serviteur inutile, jetez-le dehors dans les ténèbres, là seront les pleurs et les grincements de dents ».

 

Quel est donc l’homme qui est et qui a, à qui ressemble t’il ? Il commence à ressembler à une personne sainte, qui cultive le désir de devenir ressemblant à l’image de Dieu en lui. L’homme qui a, croit qu’il possède réellement par création divine et dès l’origine, comme l’enseigne le livre de la Genèse « l’image et la ressemblance à Dieu ». Et cette réalité spirituelle est ce que saint Paul souligne en disant : « vous avez reçu la vie, le mouvement et l’être », pour acquérir avec la grâce divine les véritables talents qui sont spirituels. Mais ce don divin n’a t-il pas été donné à l’humanité entière ? Bien sûr que si, pourquoi alors certains sont-ils ainsi désignés comme ceux à qui « on enlèvera ce qu’ils croyaient avoir et donc n’auront plus rien » ?  

 

Essayons de méditer un peu sur le « don de la vie » à partir de l’enseignement de l’Ecriture Sainte, de nombreux versets parlent de la vie pour l’homme selon Dieu, chacun pourra trouver par sa propre recherche dans l’Ecriture de quoi être éclairé concernant le « don de la vie ». Pour devenir vivant, il est bon de commencer par se tourner vers « Celui qui est Vivant  et Source de la Vie » et qui déclare « Je Suis la Résurrection et la Vie ».

 

Dieu nous a confié un merveilleux talent qui contient tous les autres, et ce talent, c’est l’homme lui-même crée à l’image et à la ressemblance de Dieu, c’est pourquoi le Seigneur dit « celui qui croit en moi, fera les mêmes choses que moi et même de plus grandes ». Et pour que ce talent puisse trouver tout ce dont il a besoin pour se réaliser et ainsi rendre gloire à Dieu, la providence divine nous a donné l’Eglise.

 

Les talents dont parle l’Évangile sont un don divin, nous comprenons qu’ils ne sont utiles et ne portent des fruits que dans la mesure où ils sont mis en œuvre au nom du Seigneur et au service de la vie spirituelle de l’homme. Les talents sont les outils divino-humains avec lesquels, nous apprenons peu à peu à nous humaniser pour aller vers notre transfiguration, dans l’espérance de notre déification à venir. Les talents peuvent nous aider à expérimenter la grâce divine, si nous cultivons la vie orthodoxe dans l’Eglise du Christ icône du Royaume, par la médiation de la prière personnelle et liturgique.

 

Dieu nous a donné les talents que sont la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût, pour les faire fructifier dans le temps et l’espace existentiels de ce monde comme une préparation sainte et sacrée pour le monde à venir et l’infini du Royaume de Dieu. Alors comment ferons-nous fructifier chacun de nos sens ? Les talents nous sont donnés comme une voie spirituelle qui doit avec la bénédiction divine, nous accompagner pour que nous devenions peu à peu, déjà dans ce monde, des « christs aimants, saints, humbles et sages ».

 

Comment à partir de nos sens psychosomatiques, allons-nous les enrichir et les convertir en sens spirituels, afin que nous devenions des êtres accomplis dans la mise en pratique de l’enseignement évangélique ? Deux ou trois outils seront nécessaires pour œuvrer à édifier l’être spirituel et nos guides seront d’abord l’Esprit-Saint au cœur de l’Eglise et de notre vie, avec la méditation de l’Ecriture sainte à travers la prière personnelle, liturgique et le silence. 

Voici donc le talent de la vue, dans les « Béatitudes », nous lisons « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », la vision de Dieu ne dépend pas de la vue physique, mais du cœur pur, ce qui est vrai de la vue ne le serait-il pas également de tous les autres sens ? La vue biologique doit nous permettre de discerner la réalité du monde physique afin d’y accomplir notre tache d’homme, mais surtout pour nous les croyants, la volonté divine. Pour l’aveugle qui suite à la demande de Jésus, que veux-tu que je fasse pour toi, lui répond « que je recouvre la vue », qui parmi nous peut penser, que Jésus ne lui rend la vue que pour voir le monde matériel ? C’est pourquoi le Seigneur dit aussi ailleurs « celui qui m’a vu a vu le Père », le talent de la vue trouve donc sa plénitude dans la contemplation du visible et de l’invisible, du monde et du royaume, du Père à travers le Fils unique par la grâce agissante de l’Esprit-Saint.

 

A « celui qui a, il sera donné encore plus, mais a celui qui n’a pas, il sera enlevé même ce qu’il croyait avoir », celui qui a, c’est celui qui croit en Dieu et qui croit que Dieu veut pour lui le meilleur, de quoi sera donc enrichi celui qui croit, il sera enrichi non seulement des promesses contenues dans les béatitudes, mais de la présence divine en lui pour la vie éternelle. Celui qui n’a pas, c’est celui qui reste indifférent à toute réalité religieuse, ce qui fait qu’il ne possède que des petits morceaux de ce monde dont saint Jean nous dit « n’aimez pas le monde ni ce qui vient de ce monde sans Dieu », et saint Paul confirme cet état de dépossession totale qui finira par ruiner celui qui n’a pas, en nous rappelant que « tout passera, sauf l’amour ». L’amour dont parle saint Paul étant Dieu lui-même, car Dieu seul ne passera jamais, Lui qui est éternel et immortel, ainsi l’homme qui cultive la vie orthodoxe recevra le « talent des talents », à savoir cultiver pour l’éternité sa communion avec le Dieu aimant et vivant.

 

Voici le talent de l’ouïe, qui pour trouver sa plénitude doit aboutir peu à peu, à réaliser ce qui nous est promis dans Hébreux « si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » et dans l’Apocalypse « si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte », mais où donc pouvons-nous entendre la voix divine ? N’est- ce pas dans l’Eglise, notre maison divino-humaine où résonne sans cesse et en communion la voix de Dieu et celle de l’homme. A quel moment, Dieu nous parle t’IL de manière directe à travers la célébration liturgique, n’est-ce pas à l’écoute du saint Evangile où Dieu nous parle face à face, et à quel moment frappe t’Il avec une divine douceur à la porte de notre cœur avant d’accepter notre invitation, n’est-ce pas au moment de la sainte communion à son Corps et à son Sang ? Qui peut penser, qu’il suffit de posséder les cinq sens fonctionnels, pour faire fructifier le talent de la vie divino-humaine en nous, alors que notre  Seigneur et Maitre nous dit « sans Moi, vous ne pouvez rien faire ».

 

 Ailleurs, le Seigneur dit en Mat. 13, 14, suite à la prophétie d’Isaïe « vous aurez beau entendre de vos oreilles, vous ne comprendrez pas, vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas, l’esprit de ce peuple s’est épaissi, ils se sont bouchés les oreilles, ils ont fermés leurs yeux de peur que leurs yeux ne voient, de peur que leurs oreilles n’entendent, que leur esprit ne comprenne, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse », la conversion est donc absolument nécessaire pour que nous puissions faire fructifier nos talents selon la volonté divine.

 

Voici le talent du toucher ou être touché, comme nous pouvons le voir dans Actes, 2, 37 « d’entendre cela, ils eurent le cœur touché et ils dirent à Pierre et aux Apôtres : Frères, que devons-nous faire ? », ici le toucher intérieur comme la vision de Dieu concerne surtout « l’état du cœur », si donc la parole du Verbe créateur ne touche pas notre cœur, nous risquons d’être  incapables de cultiver notre esprit de manière créatrice et alors comment pourrons-nous espérer une véritable conversion intérieure.

 

 

Si nous nous contentons de cultiver les seuls talents sensoriels, nous faisons de nous un homme incomplet et il nous arrive ce que nous chantons dans le psaume 135 du Polyéléos des Matines du dimanche « les idoles des nations sont faites d’argent et d’or, ouvrages de la main des hommes, elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n’entendent pas, il n’y a pas de souffle dans leur bouche, et ils leur ressemblent ceux qui les fabriquent et se confient en elles ».

 

Le psaume 135 indique à la suite ce que doit cultiver l’homme pour acquérir la plénitude d’être selon la grâce divine, en nous disant « maison d’Israël, bénissez le Seigneur, maison d’Aaron, bénissez le Seigneur, vous qui cherchez le Seigneur, bénissez le Seigneur », voici nommé le talent véritable, il consiste à « bénir le Seigneur et toutes ses œuvres », n’est ce pas ce que nous essayons d’accomplir dans la vigne du Seigneur, notre sainte Eglise orthodoxe.

 

La culture de nos talents donnera les fruits espérés par la grâce divine et la bonne ascèse de notre vie en Dieu, c’est dans l’Eglise que nous apprendrons à devenir des hommes et des femmes selon le cœur de notre Dieu, le terme d’ascèse ne doit pas nous effrayer, comment la célébration de la Divine Liturgie voulue par Dieu, pourrait-elle être considérée comme une épreuve insurmontable ? Certes, nous venons dans l’Eglise avec notre vécu individuel, certes nous sommes partie prenante de notre histoire personnelle, certes nous avons des états d’âmes multiples, mais comme nous le chantons au moment de l’hymne des Chérubins, nous pouvons « déposer maintenant tous les soucis de ce monde, pour accueillir le Roi de gloire, escorté par les chœurs des armées angéliques », voilà la bonne ascèse liturgique par laquelle, l’Esprit de toute consolation et bénédiction, fera de nous des êtres nourris de la bonne sève spirituelle de l’orthodoxie.

 

Dieu bénissant, nous parlerons une autre fois des talents précieux que représentent, l’âme, l’esprit, le cœur et le corps, qui pour se spiritualiser ont besoin d’une nourriture riche en grâce divine, par ex. les psaumes pour l’âme, la contemplation liturgique pour l’esprit, la prière pour le cœur et l’édification du corps comme temple de l’Esprit-Saint.

 

Si nous voulons avoir la certitude de recevoir les vrais talents pour nourrir et faire fructifier notre existence en Dieu, alors nous devons aller là où se trouve la source de toutes les grâces et bénédictions, là où Dieu vient lui-même nous rencontrer, c’est à-dire, dans la sainte Eglise du Seigneur, cultivons la vie liturgique comme notre bien spirituel le plus précieux dans ce monde, et par notre prière personnelle rendons gloire et grâce à notre Dieu.

 

Au Père, source des talents véritables, au Fils qui nous les transmet et à l’Esprit qui les fait fructifier avec nous, soit la gloire, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

samedi 28 septembre 2024

Le Festin Nuptial.

 

(Matthieu 22, 2 à 14)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à venir festoyer à la table royale, sainte et sacrée du Royaume des Cieux pour nous nourrir non par des aliments périssables, mais de la nourriture essentielle qui est Dieu lui-même dans le « Don de son Corps et de son Sang ».

 

L’Evangile dit « un roi fît un festin de noces pour son fils », les noces signifient ici une invitation donnée par un père qui voulait témoigner de son amour pour son fils et partager cet amour avec tous ceux et celles qui étaient conviés au banquet nuptial...mais les invités ne voulurent pas venir.

 

Ce roi terrestre peut être vu comme une icône du Roi céleste qui nous invite sans cesse lui aussi à venir au festin nuptial et liturgique, et combien sommes-nous à décliner l’invitation pour des motifs futiles et si souvent mondains, le fameux « je n’ai pas le temps », j’ai tant de choses à faire comment pourrais-je être disponible et surtout le dimanche, le « seul jour où je ne travaille pas ».

 

A qui est donc promis le Royaume des Cieux ? Aux « pauvres en esprit et aux persécutés pour la justice », ceux dont l’esprit est riche des pensées et œuvres mondaines se ferment donc eux-mêmes le Royaume tout comme ceux qui cultivent l’injustice. De quelle injustice est-il question ici ? De celle qui consiste à persécuter et à laisser persécuter les « croyants qui viennent librement au festin liturgique », et de tous les actes contraires à la liberté religieuse.  

 

Comment ceux et celles qui refusent les invitations aux festins liturgiques et qui empêchent y compris par la force ceux qui veulent y aller, comment pourraient-ils être parmi ceux dont l’Apocalypse en 19,9 dit « heureux les invités au festin de l’Agneau », comment pourraient-ils se rallier à la parole de l’Ange du Seigneur qui en Apocalypse 19, 17 crie « venez, ralliez le grand festin de Dieu » ? Malheurs donc à tous les faux prophètes qui enseignent à se nourrir des hérésies indigestes véhiculées dans les savoirs partiels et partiaux du monde.

 

Mais Dieu a préparé un festin pré-réparateur qui peut restaurer tout homme ou femme dans sa dignité originelle, c’est ce que nous montre la parabole du « Fils prodigue », là aussi, c’est un « père » plein d’amour qui a toujours espéré le retour de son « fils » et que fait-il après la conversion intérieure de son fils, sinon un » grand festin » pour celui qui était en proie à la mort par le péché et qui aujourd’hui ressuscite dans les bras de son père, « mettez-lui une robe blanche et un anneau d’or au doigt, venez et festoyons, car mon fils qui était mort est vivant ».

 

Cette conversion indispensable et permanente de tout prodigue que nous sommes tous plus ou moins nous prépare à participer avec « crainte de Dieu, foi et amour » à la sainte Cène qui elle-même nous prépare à la communion spirituelle du banquet céleste dans le Royaume des Cieux où nous serons nourris d’Esprit à esprit, car alors « Dieu sera tout en tous », ce « tous » étant le « petit troupeau » qui aura suivi l’Agneau de Dieu tel que prophétisé en Luc 12, 32 qui dit avec force « sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume ».

 

L’Evangile poursuit « le roi entra...aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces et lui dit, mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ? L’homme resta muet », il existe un autre passage de l’Ecriture dans lequel le Christ lui-même interpelle un homme en l’appelant « mon ami, fais ce que tu as à faire », « mon ami » parole extraordinaire d’amour du Dieu-Homme adressée à Juda. Le Seigneur ne dit pas à Juda, va me trahir, non, il lui dit « « fais ce que tu as à faire », c’est à dire, fais en esprit de vérité ce qui est justice pour ton salut, Juda avait donc le choix de choisir entre la vie et la mort. Épreuve redoutable que celle du mystère de l’iniquité qui montre à quelle hauteur spirituelle de grâce l’homme uni à Dieu est appelé à s’élever pour ne pas succomber à la tentation.

L’Evangile poursuit « les serviteurs s’en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle des noces fut remplie de convives », voici donc là devant nous, « l’Eglise, salle des noces » dans laquelle sont invités les bons et les mauvais pour festoyer allègrement dans l’Eglise, nous y trouvons différentes sortes de nourritures, par exemple, l’enseignement du Seigneur « Chemin, Vérité et Vie », rien n’empêche un « mauvais » d’être touché par la grâce ou un « bon » d’être déchu de la même grâce, oui, l’ascèse est une nécessité, nous savons que le « Royaume appartient à ceux qui se font violence pour y entrer ».

 

La « tenue de noces » est en relation directe avec l’amour de l’homme pour Dieu et l’amour de l’homme pour son frère, car, il n‘est possible de vivre dans le Royaume que par ce qui dure éternellement, et saint Paul nous enseigne que « l’amour est ce qui reste », ni les savoirs, ni les langues ne resterons, ce qui passe est éphémère et ne peut prétendre à la qualité de « tenue de noces », le Royaume de Dieu n’est pas le royaume du monde des apparences passagères, c’est pourtant paradoxalement « dans le monde sans être du monde » que nous sommes invités à mener le bon combat de la vie spirituelle.

 

Voici que le Roi et Père céleste nous invite à travers les saints, les prophètes et les anges sans cesse au festin eucharistique, mais tout comme la prière personnelle est incomplète sans la prière liturgique, le Seigneur lui-même nous invite à nous rendre dans cette autre salle où nous pourrons participer au festin qui est la communion personnelle avec la Divine Trinité, que nous dit-il ? « si tu veux prier, retire-toi dans ta chambre, c’est à dire rentre en toi-même et reste uni avec toi-même et non désuni, ferme la porte, c’est à dire sois silencieux, veille, vois et écoute, alors prie ton Père dans le secret de ton cœur et dit Lui « notre Père ».

 

La prière du Notre Père donnée par le Seigneur est la réponse parfaite à notre désir de vivre en Dieu, avons-nous vraiment expérimenté que le Fils a sertie Marie sa Mère comme la pierre précieuse la plus désirable au cœur même du Notre Père, où donc ? Dans le verset « que Ta volonté soit faite », ne partage-t-elle pas ainsi avec son Fils Jésus l’obéissance parfaite au Père. Le Seigneur et Fils unique dit « non pas ma volonté, mais la tienne Père » et l’humble Marie dit à l’Archange Gabriel « qu’il me soit fait selon la volonté du Père », humilité indicible du Fils et de sa Mère. Si Marie est ainsi sertie au cœur du « notre Père », c’est pour que nous allions vers son Fils et notre Dieu et Père par sa médiation, elle qui unit le ciel et la terre dans ses saintes entrailles en la personne de Jésus.

 

Que dirons-nous maintenant devant le mystère des deux festins spirituels qui en vérité ne font qu’un ? Nous pouvons dire, « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur », non pas dans une sorte d’auto-flagellation morbide et masochiste dont Dieu ne veut pas, mais avec la prise de conscience de cette parole immense de saint Paul « il est grand, le mystère du Christ et de l’Eglise », nous pouvons même paraphraser cette parole et dire « il est grand, le mystère du Christ et de l’homme », la pleine révélation de ce mystère est le trésor de grâce déposé par l’Esprit Consolateur au cœur de l’Eglise, lieu saint et sacré du festin ecclésial et personnel.

 

Au Père qui nous invite au festin des noces spirituelles de son Fils unique, au Fils qui est la véritable Manne vivifiante et à l’Esprit qui gémit en nous de manière ineffable, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon