Le livre « l’ascèse bienheureuse » écrit par Père Syméon Bender est disponible pour les personnes qui le souhaitent et peut être acheté chez l’auteur au prix de 28 euros + frais de transport selon la destination. Pour toute commande, merci de me contacter par message privé. Ce livre peut servir de méditation en ce saint temps de Carême pour se préparer à la montée vers Pâques.
EGLISE ORTHODOXE, SERBE, LILLE Metropole
La paroisse SAINT MILUTIN, des Hauts de France rassemble les orthodoxes serbes et de toutes nationalités et les personnes de bonne volonté. Voici les dates des célébrations, les homélies, les enseignements, les articles, les liens, l'actualité de la paroisse etc....
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jeudi 27 février 2025
dimanche 23 février 2025
Le Jugement dernier
(Matthieu 25, 31 – 46)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.
Aujourd’hui, s’accomplit pour chacun et chacune d’entre nous ce que l’Evangile vient d’annoncer, à savoir la venue du Roi de Gloire et notre jugement, c'est-à-dire que l’Esprit de Dieu nous inspire de discerner dans quel état spirituel nous sommes, afin de ne pas communier au Corps et au Sang du Christ pour notre condamnation, mais pour la guérison de notre âme et de notre corps.
Vous savez que ce Jugement de Dieu a commencé dès la Chute dans le Paradis et que depuis, l’humanité est devenue ce grand corps souffrant dont chacun d’entre nous est porteur. Depuis la Chute, nous portons les signes de notre séparation d’avec Dieu et voici que chacun d’entre nous se retrouve spirituellement nu, malade, affamé, assoiffé, emprisonné, étranger à lui-même et éloigné de la communion avec Dieu ; et l’ennemi du genre humain continue de se servir du vieil homme en nous pour perpétuer notre aliénation psychosomatique. L’Eglise orthodoxe continue à témoigner de la Présence de la Divine Trinité qui sonde les reins et les cœurs, non pour nous punir mais pour nous purifier et nous sanctifier. Entrer dans l’Eglise, c’est pénétrer spirituellement dans le Saint des saints, et nous inviter à prendre conscience de l’état de notre robe nuptiale, c’est à dire de notre préparation spirituelle avant de participer au Banquet eucharistique.
Symboliquement, nous pouvons considérer qu’il y a une unité spirituelle entre notre corps-temple de l’Esprit-Saint, l’Eglise corps du Christ et le Royaume de Dieu ; cette unité signifie qu’il y a lien religieux toujours possible entre Dieu et l’homme mais aussi entre l’homme et l’homme. Le Royaume de Dieu est la véritable patrie de l’humanité rachetée par le Christ et l’Eglise représente les portes royales par lesquelles nous apprenons à voyager vers Celui qui ne cesse d’espérer le retour de l’humanité prodigue. C’est pourquoi le Seigneur Christ nous dit cette parole : « En vérité, je vous le dis, ce que vous aurez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait » ? Cela veut dire que tout être humain est un de ces « petits » et un « christ » en puissance et qu’il porte en lui toute la sagesse théologique par laquelle il peut devenir « un vivant », se détourner de l’un de ces petits que sont nos frères et sœurs en humanité, c’est comme s’abandonner soi-même et rompre l’humaine condition qui nous est consubstantielle. Ces petits ne sont pas seulement l’autre, ils sont icones et métaphores dans l’homme de son corps, de son âme, de son esprit et de son cœur qui a vocation d’unifier l’être par l’amour et la vérité.
Un de ces petits est donc le « corps », qui se retrouve nu si nous oublions qu’il a permis à Dieu lui-même de s’incarner et de naître parmi nous, tout comme il nous permet d’incarner notre dimension spirituelle, il est une pierre vivante pour édifier en lui notre vie extérieure et intérieure. Etre nu, c’est cultiver en nous des modèles psychiques sans consistance qui ne sont que des idoles caricaturales et vides d’où l’homme réel est absent et comme englouti dans le marasme des pensées stériles incapables d’accueillir la présence divine, et qui comme pour Adam et Eve nous obligent à nous cacher devant la Face du Seigneur à cause des tourments qu’inflige à notre âme désorientée le vieil homme et la vacuité des fantasmes du monde.
Un autre de ces petits est notre « âme » qui s’étiole si elle n’est pas vivifiée par la louange divine qui seule peut cultiver en nous le goût de la vie en Dieu, avec Dieu et pour Dieu, elle a vocation d’aimer et d’être aimée, car dit le Psalmiste : « Qu’il est doux, qu’il est bon pour des frères et des sœurs de vivre ensemble ». Le monde peut-il donner ce qu’il n’est pas et ce qu’il n’a pas ? Peut-il rassasier et désaltérer les affamés et assoiffés de l’essentiel qui est ce désir spirituel naturel qui habite l’être crée par Dieu.
Un autre de ces petits est notre « esprit », qui est malade si nous laissons la vaine sagesse du monde et des modes spiritualistes nous envahir et en faire un infirme spirituel aveugle et sourd, au lieu de lui apprendre à contempler notre Seigneur. Nous pouvons chacun et chacune trouver en nous ce qui nous mérite le reproche de dénuder, affamer, assoiffer, rendre malade et emprisonner le Christ en nous et dans notre prochain. La thérapie ici, c’est l’accomplissement avec l’aide de Dieu, de l’Eglise et des uns avec les autres de l’enseignement du Christ : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain comme toi- même ».
Peut-être demanderez-vous, comment convertir en moi ce qui me persécute et m’empêche de bénir le Christ, et sauver avec sa grâce ces petits qui m’implorent du fond de mes entrailles ? L’ascèse qui convient ici, c’est de mettre en œuvre les « Béatitudes », demander sans se décourager à Dieu la grâce de cultiver en nous la triade spirituelle donnée à l’humanité en Adam, c'est-à-dire, « apprendre à vivre en roi, en prêtre et en prophète ». Apprendre à gouverner ma vie à l’image du Roi des rois, c'est-à-dire par l’humilité, ne pas asservir l’autre ni servir ma volonté propre mais servir la sainte Eglise du Christ et faire l’unique volonté du Père Céleste. Prêtre, pour nous bénir les uns les autres, intercéder les uns pour les autres, concélébrer les uns avec les autres, afin que notre vie devienne peu à peu une icône de la vie des Personnes Divines. Prophète, pour ne pas oublier que notre vie en ce monde devrait devenir une sainte Pâque, notre passage spirituel vers le Royaume de Dieu, pour nous annoncer sans nous lasser la Bonne Nouvelle de l’Evangile de Vie, pour refuser enfin de nous laisser aliéner par les pensées, les paroles et les actes psychiques infusées en nous par la voracité du monde.
Maintenant, si je prends pleinement conscience de ce que je suis en vérité dans le cœur du Père, alors je peux pressentir quelque chose de la sainteté de la Divine Liturgie et de l’Eglise, de la Sainteté de Dieu et de ma propre vocation à la sainteté, je pressens que je ne peux répondre à une telle réalité spirituelle que si je désire avec ardeur et ferveur, être non pas juste une individualité revendicatrice, mais une personne qui veut librement vivre une véritable communion avec Dieu et avec l’autre. Comment Dieu connaissant mes faiblesses psychiques et charnelles, veut-Il m’aider à devenir une telle personne spirituelle ? En me revêtant de splendeur et de majesté, afin que je sois par grâce ce que Lui Dieu est par Nature, c'est-à-dire, en me faisant participant de Ses Energies divines. Où et comment ? Par la concélébration de la Divine Liturgie des Saints Mystères du Christ.
Pour que je puisse grandir comme notre « saint Christ en grâce, en beauté et en sagesse devant Dieu et parmi les hommes », dans l’Eglise et dans la vie quotidienne, Dieu vient personnellement, Lui, doux et humble de cœur, vers chacun et chacune d’entre nous, pour demander si « je » veux Lui accorder l’hospitalité intérieure. Et tout comme les rois mages étaient venus s’agenouiller devant l’Enfant Divin pour lui offrir l’or, l’encens et la myrrhe, voici que notre saint Christ, si j’ose dire, se met à genoux devant chacun et chacune d’entre nous, certes non pas pour nous adorer, mais pour déposer à nos pieds, les dons du Saint-Esprit. Nous les goûterons si nous apprenons à mettre en pratique : « l’amour, la joie, la paix, la douceur, la patience, la maîtrise de soi », qui sont les saints et spirituels ornements sacerdotaux et la matière spirituelle de la sainte robe nuptiale de la « foi » pour aller célébrer et communier aux saints Mystères de l’Eglise et du Royaume du Christ.
Que Dieu notre Père et Roi Eternel, nous bénisse par notre Christ l’unique et seul Grand Prêtre et par l’Esprit prophète qui nous annonce que l’Amour ne passera pas, à la Divine Trinité soit la Gloire dans siècles des siècles, amen.
+ Syméon
dimanche 9 février 2025
Le Pharisien et le Publicain.
(Luc, 18, 10 à 14)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à méditer sur la manière de prier Dieu, et nous montre deux hommes qui sont montés au Temple de Jérusalem pour prier, l’un est pharisien et l’autre publicain.
Pharisien signifie « celui qui est séparé » du milieu du peuple pour accomplir la volonté divine qui consiste à être au service dans la Synagogue de ce même peuple, mais ici, ce pharisien n’est tourné que vers lui même dans une autosatisfaction stérile aggravée par le fait qu’il juge le publicain. C’est Isaïe le prophète qui en 59, 2 nous enseigne la véritable séparation que tout croyant pieux doit établir pour être justifié, que dit-il ? « Mais ce sont vos fautes qui ont creusé un abîme entre vous et votre Dieu. Vos péchés ont fait qu’il vous cache sa Face et refuse de vous entendre ».
Ce que Isaïe dit, le Seigneur le confirme et le résume de manière simple et parfaite par cette parole « car tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s‘abaisse sera élevé », abaissé ne signifie pas se rabaisser et se traiter comme un moins que rien, la parole du Seigneur est ici à entendre comme un conseil spirituel d’importance, à savoir que le socle de la prière doit être enraciné dans l’humilité sans laquelle nul ne verra le Seigneur, n’est-il pas écrit « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », or acquérir un cœur pur reste inaccessible à tout « pharisien » qui ne cherche pas d’abord à se séparer et à se purifier de ses péchés et de ses passions.
Si donc, je veux entendre le Seigneur « me » dire que je suis justifié, il me faut cultiver avec persévérance l’ascèse de la purification de mes péchés et de mes passions contraires à l’esprit de la prière véritable. Mais tout comme, c’est un péché de juger et pire de condamner l’autre, il n’est pas plus judicieux de me condamner moi-même à partir de ce que je « crois « connaitre de moi, la clé de ce discernement personnel indispensable concernant mon chaos intérieur, c’est justement le publicain qui nous en donne la direction propice, que fait-il ? Il se tourne vers Dieu dans la synagogue pour se confesser dans l’humilité de son âme meurtrie par le péché, imitons-le et confessons nos péchés au Seigneur dans l’Eglise à travers le prêtre.
La confession est donc ce qui peut par la grâce divine nous révéler à nous-mêmes et nous permettre de nous connaître sans désespérer de notre condition pécheresse car Dieu est Amour et ne « veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive pleinement ». Si tout « publicain » repentant peut être justifié par le Christ, il n’est pas sauvé pour autant, d’ailleurs l’Ecriture ne dit pas que le publicain a reconnu Jésus comme le Messie prophétisé à Israël, à lui de se mettre à l’écoute de la parole de la Torah et de pratiquer la conversion intérieure en vue de reconnaître le Rabbi Jésus par la mise en œuvre de l’ascèse prônée par le Christ.
Le pharisien tourné vers Dieu lui dit : « Je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain, etc.. », il est persuadé que le seul fait d’être pharisien et d’accomplir les commandements de la loi mosaïque suffit à être selon le cœur de Dieu et pourquoi donc devrait-il faire encore d’autres efforts. Mais un pharisien est censé connaître tout ce qui est enseigné par cette même Torah mosaïque et en particulier ce que dit le saint prophète Isaïe nommé au début de cette petite homélie et qui souligne les raisons de la séparation de l’homme avec Dieu et en vérité même avec la Synagogue.
Dieu lui-même à travers le prophète Isaïe en 45, 22 enseigne non seulement au peuple Juif mais à tous les hommes et femmes de bonne volonté qu’il ne suffit pas d’être justifié mais « tournez-vous vers Moi et vous serez sauvés », c’est donc pour notre « salut » que nous sommes appelé à croire en Jésus, à prier et à nous repentir, c’est le sens spirituel de la sainte prière liturgique et personnelle.
Saul/Paul est le témoignage d’une véritable conversion spirituelle bien qu’il ait persécuté les chrétiens de son époque considérés comme une « nouvelle secte », Saul était un pharisien et rabbin parfaitement instruit et élevé dans la « loi mosaïque », il était le disciple du fameux rabbin Gamaliel dont nous parle les Actes des Apôtres et qui eût cette parole inspirée dans les Actes 5, 18/19 « ...ne vous occupez pas de ces gens-là, car si leur parole ou leur œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même...mais si elle est réellement de Dieu, vous n’arriverez pas à les détruire...alors ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu », mais Gamaliel n’aura pas su lui-même discerner que cette œuvre était vraiment divino-humaine et son adhésion à cette doctrine apostolique lui est restée fermée.
Pour les zélotes de la « Loi religieuse », le publicain était vu comme un petit juif subalterne qui exerçait la profession honnie de « collecteur d’impôts » et en plus au profit de « païens » vus comme étant des polythéistes incompatibles avec le pur monothéisme judaïque, cette relation interdite entre un juif publicain et le monde païen était un scandale inadmissible pour un pharisien.
Pourtant, dans l’Evangile en Luc 19, 1 à 9 nous rencontrons Zachée qui était un chef des publicains respecté par tous les collecteurs d’impôts, quel paradoxe lorsque nous lisons que Zachée signifie « pur, juste » et c’est à lui que Jésus s’adresse « arrivé là, Jésus leva les yeux et lui dit : Zachée descend vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ... Zachée descendit vite et reçu Jésus avec joie...ce que voyant, tous murmuraient et disaient : Il est allé loger cher un homme pécheur » », nous ne pouvons ici dans l’espace d’une homélie commenter plus avant cette péricope évangélique, nous encourageons pourtant ceux que le souhaitent à invoquer l’Esprit Saint pour approfondir dans la prière et la méditation cette relation du pharisien et du publicain que nous sommes nous-mêmes plus ou moins, relation riche d’enseignement pour notre vie spirituelle.
Nous ne sommes pas des disciples de la lettre ou de l’esprit car l’une sans l’autre engendre une forme caricaturale de la réalité, nous sommes disciples du Verbe et de l’Esprit dont l’union donne une réalité créatrice à notre existence et l’espérance que Dieu bénissant nous avancions avec Lui vers l’état spirituel de « christ, aimant, saint, humble et sage ».
Au Père de notre Sauveur, au Fils qui nous sauve et à l’Esprit de salut soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
samedi 1 février 2025
Zachée
(Luc 19, 1 à 10)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à l’image de Zachée dont le nom signifie « pur, juste » de grimper sur un Sycomore, pour nous élever au-dessus de nous-mêmes, c’est à dire à sortir de la cristallisation du vieil homme qui nous entraine sans cesse vers les bas-fonds d’un monde accablé par des désirs contraires à la liberté humaine. A la fin de l’Evangile, le Seigneur Jésus dit de Zachée qu’il est lui aussi un « fils d’Abraham, le Père des Croyants », car il avait foi dans une réalité spirituelle qu’il espérait recevoir et ce désir qui l’habite depuis longtemps, il sait qu’il peut commencer à le vivre par sa rencontre avec Jésus.
Voici donc que Dieu lui-même témoigne en faveur de celui que le monde bien-pensant traite de pécheur et de publicain, en soulignant sa pureté, sa justice et son désir tout entier tourné vers Dieu, malgré les pressions d’une foule hostile et sans discernement. Dans l’épitre de ce jour, saint Paul dit à Timothée « prends à cœur le don spirituel qui est en toi », c’est ce que fait Zachée, car il a toujours été à l’écoute de cette voix intérieure, qui est la sobre présence de Dieu en lui par son image dès la création de l’homme. Zachée était dans une dynamique de recherche et de conversion, travaillé de l’intérieur par la quête du sens de son existence, cette attitude engendre une veille et un état de prière qui concerne l’humanité, cette expérience est proposée à tout homme ou femme de bonne volonté qui la désire librement.
Dans les Béatitudes, nous avons l’enseignement qui peut nous permettre d’acquérir comme Zachée la pureté et la justice, n’est-il pas dit « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » et « bienheureux les persécutés pour la justice car ils seront consolés », aujourd’hui, Zachée voit Dieu en Jésus et reçoit sa consolation divino-humaine en partageant un repas avec Celui qui a dit « voici je frappe à la porte et celui qui m’ouvre, nous mangerons avec lui ». La foule qui entoure Zachée semble comme obsédée par la pensée que Jésus « accepte de manger chez un pécheur et un publicain », là où Zachée n’a comme seul désir que de voir Jésus, deux attitudes, celle de la foule et celle de Zachée, l’une qui empoisonne l’âme humaine, à savoir la curiosité malsaine et qui juge, l’autre, la volonté persévérante d’acquérir le sens profond de l’existence qui ne peut se trouver qu’en Dieu par l’ascèse de la vie religieuse et spirituelle.
De quelle justice le Seigneur parle t-Il ? De celle qui est mentionnée par le Christ en (Ma. 6, 33) : « cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît ». Et comment se traduira cette justice divine pour rassasier de manière absolue les affamés et assoiffés spirituels ? Par cette promesse que dans la Jérusalem Céleste : « Dieu sera tout en tous », ainsi seront pleinement rassasiés ceux qui seront devenus par la grâce toute puissante de Dieu, un temple vivant de la Divine Trinité. Le monde sans Dieu, est le chaos infernal où toutes les injustices et toutes les folies se sont données rendez-vous, et cet abîme de la désolation inhumaine et macabre trouve son aboutissement diabolique dans l’outrage, l’insulte et finalement la mise à mort sur la Croix de « Jésus, le seul Juste ».
Quel est donc le grand persécuteur, l’unique persécuteur de l’humanité, n’est-ce pas celui que le Seigneur lui-même appelle « le prince de ce monde » ? Voilà l’ange déchu qui est tout entier devenu mensonge et le père du mensonge, celui qui est tout entier haine de Dieu et haine de l’homme. Voilà, celui qui ne cesse d’inspirer le péché au cœur des hommes, qui les persécute jour et nuit, souvenons-nous de la persécution du patriarche Job.
Job a supporté la dure persécution diabolique, celle de son épouse et en plus la persécution de ses soit disant amis, qui se prenant pour des justes et des sages inspirés, étaient venus pour lui donner des leçons de morale. Job a tout supporté pour l’amour de Dieu et sa foi inébranlable en Dieu, il avait tout perdu mais Dieu lui a tout rendu et même plus que ce qu’il possédait avant.
La béatitude « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », est une promesse de Dieu
« Ils verront Dieu », ne signifie pas une durée temporelle ou une situation spatiale, parce que le « cœur pur » est totalement spirituel et ne désire que le seul Royaume de Dieu et la vision du Roi de Gloire qui l’habite. Zachée fait l’expérience de cette vision divine, en la personne de Jésus, son ascèse existentielle cultivée dans une espérance sans faille, lui a donné de voir Dieu en face sans mourir. De même que l’or est l’état le plus parfait ou le règne minéral peut parvenir, mais ensuite ne peut rien faire de plus ou de mieux sans la main de l’homme. De même que la terre peut produire les fruits précieux que sont le blé et la vigne, mais là non plus, ne peut aller au-delà sans l’homme. Ainsi l’homme peut aller par la grâce du Verbe et de l’Esprit jusqu’à la pureté du cœur, mais ensuite « voir Dieu et être fils de Dieu », ne peuvent lui être donnés que par l’amour infini de la Divine Trinité.
« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue » (Jean1ère ép., 1, 1 à 2.) N’est-ce pas là encore, une icône de ce que Zachée a vécu en rencontrant le Messie, certes il lui faudra maintenant approfondir et incarner la grâce spirituelle reçue et devenir peu à peu par sa foi en Jésus, un christ aimant, saint, humble et sage.
Voici à nouveau devant nous, comme une vision divine, la promesse de la sainte Béatitude bienheureuse entre toutes les béatitudes, car en vérité qui ne désire voir Dieu sans la crainte de mourir ? Le psalmiste nous dit « voici que Dieu marche au milieu des dieux », n’est-ce pas ce que fait Jésus veut pour nous, « être comme lui, dieu par sa grâce », ne marche t-il pas avec nous dans l’Eglise et dans le monde ? Ce témoignage de saint Jean est le trésor des trésors spirituels déposé par la Divine charité au cœur de l’Eglise qui est le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit de Dieu.
L’Eglise comme une mère spirituelle très humble, douce et sage, a reçu de Dieu comme vocation d’accueillir la grâce de la Divine Trinité et de la répandre en bénédictions sacrées et abondantes sur ses enfants et sur le monde entier. L’Eglise à l’image et à la ressemblance de notre très saint Christ, doit au Nom de Dieu proclamer avec une foi inébranlable qu’elle existe avec comme vocation que : « les pauvres deviennent riches, que les affligés soient consolés, que les doux se multiplient, que les affamés et assoiffés soient rassasiés, que les miséricordieux reçoivent miséricorde, que les cœurs purs voient Dieu, que les artisans de paix augmentent, que les persécutés soient accueillis et protégés ». Qui en-dehors de notre Seigneur Jésus-Christ nous
donnera une telle espérance et qui accomplira cette promesse divino-humaine sinon lui, faire de nous et avec nous des dieux par la puissance de la grâce aimante qui rayonne sans cesse du cœur de la Divine Trinité sur l’humanité.
Pour nos Pères et Mères saints, L’âme orthodoxe est naturellement orientée vers Dieu qui est son soleil spirituel et éternel, elle désire s’unir à Lui, l’âme orthodoxe renonce naturellement à participer à l’agitation éphémères des apparences stériles du monde, l’âme orthodoxe est liturgique et elle trouve son véritable accomplissement dans l’ascèse religieuse au sein de l’Eglise, l’âme orthodoxe est aimante, humble et simple et soupire sans cesse vers la « vie, le mouvement et l’être » qu’elle ne peut trouver que dans le Christ, Lumière qui sauve, illumine, transfigure et déifie, et conduit à la sainteté de la vie orthodoxe .
A Dieu notre Père, au Fils notre Seigneur et Frère aîné et à l’Esprit Saint le divin consolateur, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+Syméon
samedi 25 janvier 2025
Retour en Galilée
(Matthieu 4, 12 à 17)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, notre sainte Eglise Orthodoxe, nous met en garde contre tous ceux qui comme pour le prophète Jean le Baptiste, voudraient nous livrer pieds et poings liés, entre les mains impures et cruelles des oppresseurs hypocrites de l’humanité.
L’Evangile de ce jour, nous dit : « Jésus se retira en Galilée… » que signifie cela pour notre existence orthodoxe en Dieu ? Le Christ qui est Dieu et Homme parfait, ne pouvait-il pas s’imposer à tous ces vautours, affamés et assoiffés de pouvoir, dont la seule raison de vivre est de séquestrer l’homme souffrant, en le rendant esclaves de leurs promesses vides et sans lendemain ? Mais si Dieu s’imposait, alors il ferait comme tous ceux qui dans le monde ne connaissent que la force brutale, psychique et physique pour aliéner l’autre.
Mais notre Seigneur Jésus, lui qui seul est vraiment « doux et humble de cœur », que fait-il ? Il commence par se retirer à l’écart, loin du miroitement trompeur des apparences mondaines du monde déchu, loin des fausses lueurs qui n’éclairent pas mais au contraire aveuglent ceux qui y croient. Pourquoi, se retire-t-il ainsi ? Pour que comme l’Evangile nous le dit : « l’oracle du prophète Isaïe s’accomplisse ». Et quel est donc cet oracle ? « qu’une grande lumière va éclairer ceux qui étaient confinés dans les ténèbres du monde », cette lumière est pour nous les Croyants la « Nativité de Jésus parmi nous », que nous venons de célébrer il y a quelques jours. Jésus qui est le Fils Unique du Dieu Vivant, va commencer à prêcher « Lui qui est la Lumière éternelle absolue » seule capable de nous illuminer et de faire de nous des dieux par la grâce divine.
Mais il existe une condition incontournable, pour que cette lumière puisse à nouveau resplendir en nous et nous illuminer, et c’est Jésus le Maître divin qui nous la dévoile en disant : « repentez-vous » et pourquoi faut-il se repentir ? Parce que dit le Seigneur le « Royaume des Cieux est tout proche », et qui parmi nous peut imaginer un seul instant que le péché puisse cohabiter avec la splendeur et la sainteté du Royaume de Dieu.
Que signifie, repentez-vous ? S’agit-il de se taper la tête contre les murs ou se mettre à se crier dessus comme un damné, au point de désespérer de son propre salut ? Non, se repentir sur un plan spirituel et religieux signifie, ne pas se sacrifier au bénéfice d’idoles inhumaines mensongères, car « Dieu hait le mensonge », le mensonge défigure l’homme et exploite la création. Satan dans le saint Evangile est appelé « menteur et père du mensonge », il cherche sans cesse à nous piéger et à nous empoisonner avec le fiel immonde du mensonge. Quel est d’une certaine manière le péché contre l’Esprit ? C’est que Satan veut nous faire croire que Dieu n’existe pas, et surtout qu’il serait lui le seul « dieu ».
Le Christ nous dit : « le Royaume des Cieux est tout proche », s’il est proche, pourquoi est-ce que je ne le vois pas encore ? Comment puis-je moi-aussi, ici et maintenant, toucher en esprit et en vérité ce Royaume des Cieux ? En venant dans la sainte Eglise qui est la plus belle icône du Royaume des Cieux, dans l’Eglise nous sommes invités par Dieu lui-même, à vivre de manière divino-humaine. Puisque dans la sainte Eglise, nous sommes invités ensemble à concélébrer avec la Divine Trinité, avec la Mère de Dieu, les Saints et les Saints Anges. L’Eglise est ce lieu béni, saint et sacré où l’homme peut se revêtir à nouveau de la splendeur spirituelle des Dons de l’Esprit Saint, elle est le saint Mont Thabor où l’homme peut expérimenter la transfiguration de son être. N’est-ce pas dans l’Eglise que le Seigneur Jésus se donne à chacun par son Corps et son Sang divins, afin que nous devenions à nouveau par grâce, des fils et des filles du Père Céleste.
Dans les royaumes de ce monde où cohabitent toutes les tentations contraires à la vocation naturelle de l’humanité, qui est d’acquérir la sainteté, se répandent les malheurs comme des épidémies, avec leur cortège de mirages illusoires. Dans ce désert spirituel, aride et stérile d’un monde sans Dieu, l’Ecriture sainte nous montre : « des aveugles guidant d’autres aveugles », et tous finissent par chuter ensemble dans un même abîme ténébreux sans fond, là où s’entendent les pleurs et les grincements de dents.
«Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche », que signifie, le Royaume est tout proche ? Saint Paul nous enseigne que l’homme est le « temple de l’Esprit Saint », peut-on être plus proche de soi que soi-même ? Alors là où est le Saint Esprit, est donc aussi le Royaume des Cieux.
Repentez-vous, c’est à dire, aimez et ne jugez pas !
Repentez-vous, c’est à dire, bénissez et ne maudissez pas !
Repentez-vous, c’est à dire, cultivez la paix et rejetez l’agitation stérile !
Repentez-vous, c’est à dire, ne vous laissez pas dicter votre existence par des fausses propagandes, qu’elles soient religieuses, politiques, scientifiques ou philosophiques.
Repentez-vous, c’est à dire, demandez à Dieu le don de l’intelligence du cœur pour pouvoir contempler le véritable et seul fondement éternel, le Christ, sur lequel et avec lequel, je peux dans l’Eglise sainte construire ma vie dans ce monde et pour le monde à venir.
L’Evangile se termine en disant : « dès lors, Jésus se mit à prêcher », de même, sommes-nous invités, à prêcher non d’abord aux autres mais à nous-mêmes, la véritable foi orthodoxe. A mettre en œuvre, jour après jour, la pratique de la vie selon l’Evangile du Seigneur, afin d’apprendre à nous détourner, de toute pensée, parole ou acte qui voudrait nous séduire et finalement nous aliéner à travers les mensonges qui caricaturent et même défigurent la personne humaine. Le repentir est la porte sainte et royale, qui permet l’entrée dans la vie divine, et cette existence se réalise avec la recherche persévérante de la communion avec la Divine Trinité. Ainsi le repentir et le Royaume des Cieux sont unis indissolublement, et le saint Evangile tout entier est le témoin privilégié de cette enseignement spirituel donné par le Christ. Le repentir sincère et profond du cœur est la voie étroite mais très sûre, qui guide le pèlerin en quête de l’essentiel, qui est « sa » rencontre personnelle avec Dieu et avec lui-même.
Le repentir, c’est croire que dans le cœur du Père Céleste, la réalité la plus précieuse est « l’être humain », et donc de « veiller et de prier » sur ce que « je suis » en Dieu. Le repentir, c’est de me souvenir de ce que je suis, d’où je viens et où je veux aller, me prophétiser que je viens de Dieu par création et que je peux retourner à Dieu par pure grâce divine, reçue par le salut en Christ. « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche », ce n’est pas un simple mortel qui nous parle, mais le Dieu vivant, le Dieu saint, le Dieu amour, qui nous donne non seulement le Royaume des Cieux, mais il se donne tout entier à l’homme tout entier. Notre sainte Eglise orthodoxe a reçu comme un trésor spirituel unique, la sagesse pratique pour devenir ce que nous sommes dans le cœur du Père Céleste, à savoir, des « fils et des filles très aimés de Dieu ».
Et pour que nous puissions accéder à cette conversion intérieure avec certitude, la divine providence a déposé au sein de l’humanité désorientée qui est ce « peuple qui demeurait dans les ténèbres et l’ombre de la mort, une grande lumière ». Cette grande lumière est notre splendide et humble Eglise orthodoxe très aimée de Dieu, qui telle une Mère très sage et très belle, guide ses enfants des ténèbres morbides du tentateur vers la lumière éternelle de la Divine Trinité. L’Eglise est le resplendissement de la sainte lumière de Dieu, parce que nous dit saint Paul, elle est « le Corps du Christ dont Il est la Tête », et cette lumière divine rayonne sur nous et le monde entier, par la grâce de la célébration liturgique et par la prière ascétique, aimante et humble de nos Pères et Mères saints.
La conversion spirituelle est le don de la grâce divine qui nous permettra d’apprendre à discerner la volonté du Seigneur, afin d’acquérir peu à peu une plénitude de vie et d’être au cœur même de notre existence réelle, et cette sagesse pratique ne s’oppose en rien à notre présence concrète, éclairée et pragmatique dans la réalité de ce monde. Soyons attentifs et veillons sur nous avec simplicité et par l’intelligence du cœur, et pour nous aider, méditons le conseil de saint Paul « n’écoutez pas tout esprit, mais discernez d’où il vient », car nombreux sont les électrons libres et autres prophètes auto-proclamés qui tout en n’appartenant à aucune Eglise orthodoxe, se permettent pourtant de les juger toutes, de ceux-là, l’Ecriture sainte et inspirée dit « vanité rien que vanité, rien de nouveau sous le soleil et « leur gosier est un sépulcre béant ».
A notre Père qui aime les tout-petits, au Fils qui les fait croître en taille, en beauté et en sagesse devant Dieu et parmi les hommes et à l’Esprit qui les console sans cesse, soient la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
dimanche 19 janvier 2025
Théophanie du Seigneur
Dimanche 19 janvier 2025.
(Matthieu 3, 13 à 17)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.
Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à assister au baptême du Christ dans le Jourdain et à nous souvenir de notre propre baptême, l’Ecriture dit que le Christ arrive de Galilée qui signifie en hébreu « cercle » pour aller vers le Jourdain qui signifie « descendre » pour être baptisé par Jean qui signifie « grâce ». Etre baptisé suppose donc au moins trois étapes à franchir, la première consiste à s’extraire d’un ou de plusieurs cercles qui peuvent être nos pensées, nos paroles et nos actes non encore purifiées par l’Esprit de Dieu, purification qui se poursuit par la descente vers notre Jourdain intérieur et être plongé dans l’eau de l’humilité afin de recevoir la grâce du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Cette purification de notre esprit est nécessaire, si nous voulons accomplir le volonté de Dieu, c’est pourquoi le Christ dit à Jean qui ne comprenait pas comment lui pouvait baptiser Celui qu’il a reconnu comme étant le Messie envoyé de Dieu, « laisse faire pour l’instant, car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » ce n’est pas Dieu qui se fait baptiser, mais Jésus qui se donne lui-même ce splendide nom de « fils de l’homme », c’est pourquoi le Seigneur dira « celui qui est baptisé, c’est à dire l’homme, sera sauvé ».
Dans Actes 10, 37 à 38 nous lisons comment « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance », ce baptême originel de Jésus est le même que celui qui nous est transmis et donné en plénitude dans l’Eglise orthodoxe selon la parole sainte du Seigneur « celui ou celle qui croit et qui sera baptisé sera sauvé ». Cette expérience spirituelle a été vécue par Saül/Paul nous est décrite en Actes 9, 18 « aussitôt, il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue et sur le champ, il fût baptisé ».
Jean le Précurseur, prophète illuminé par l’abondance de la divine grâce passe du désert aride à l’expérience de l’oasis spirituel, lui que la Tradition appelle « ange terrestre et homme céleste », a connu le sens religieux du baptême de l’eau, de l’Esprit Saint et du feu en esprit et en vérité, mystère indicible de la miséricorde de Dieu envers l’homme.
Dieu bénissant, méditons ensemble et avec modestie sur le sacrement du baptême, voici que s’avance vers Dieu celui ou celle qui a demandé le saint baptême après un temps de préparation vécu dans le catéchuménat.
Aujourd’hui, au cœur même de notre sainte Eglise orthodoxe nous sommes invités à accueillir et à accompagner le postulant au baptême dans l’allégresse spirituelle de ce jour lumineux et unique de son existence, jour très précieux où lui est donné le saint baptême au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Le saint baptême donne à tout baptisé le trésor religieux et spirituel inestimable que représentent les dons de l’Esprit de Dieu, ces dons sont « l’amour, la joie, la paix, la douceur », et les autres dons énumérés par saint Paul. Ces dons sont donnés et déposés dans la personne baptisée comme une grâce qu’il appartient ensuite à chaque baptisé de faire fructifier, et c’est dans l’Eglise du Christ, que le baptisé pourra apprendre comment entrer dans la pleine possession de ces dons pour nourrir et embellir sa vie et devenir ainsi, peu à peu, une personne orthodoxe par le désir continu de réaliser l’union de l’image divine avec celle de la ressemblance à Dieu.
Nous sommes dans le temps de la célébration liturgique et l’Esprit de toute sainteté est à l’œuvre dans la vie de tout chrétien qui le désire, et tout comme il couvait à l’origine toute la Création, il couve aujourd’hui l’Eglise ainsi que tout catéchumène de sa lumineuse présence, et lui infuse grâces et bénédictions en surabondance. L’Eglise orthodoxe confirme par le saint baptême à travers le sceau de l’Esprit Saint, que la personne humaine telle que créée et sortie des mains de Dieu est une œuvre absolument unique, oui, l’homme est appelé à être par grâce ce que Dieu est par nature. L’homme est par adoption d’origine divine, et c’est pour cela que Dieu seul en s’incarnant dans le temps et dans l’histoire de l’humanité pouvait sauver son chef-d’œuvre.
Le baptême s’enracine dans la Divine Trinité par la médiation de l’Eglise du Christ, c’est pourquoi les enfants de l’Eglise, connaissent de l’intérieur, par l’intelligence du cœur, que le Christ est le Fils unique du Dieu vivant. L’Esprit de Dieu qui aujourd’hui pénètre dans cette chapelle et dans notre être entier, nous donne la grâce de témoigner de cette vérité au milieu du monde qui nous entoure, non par des discours pompeux ou intellectualisés, mais par la vie orthodoxe qui est une icône des Personnes Divines.
Le baptême a pour vocation de faire de nous des êtres liturgiques, qui ont reçu le don de convertir peu à peu leur existence, afin que notre vie soit une vraie célébration qui puisse réjouir et embellir notre quotidien. Le baptême a aussi comme vocation de faire de nous des êtres eucharistiques, c’est à dire, des êtres de communion avec Dieu et avec le prochain.
L’Esprit Saint qui est infusé au baptisé par le saint Chrême au cours du baptême, devient notre maitre spirituel infaillible, c’est Lui seul qui peut accomplir avec nous et en nous, le retournement intérieur qui fait de nous des amis de la Divine Trinité. L’Esprit Saint est la plénitude absolue de la vie et de l’être, et lorsqu’il s’unit à l’esprit de l’homme, celui-ci acquiert une qualité spirituelle divino-humaine qui lui donne une contemplation divine des êtres et des créatures, l’homme voit la Création telle que le Père céleste l’a créée par le Verbe et l’Esprit.
Nous sommes témoins engagés du baptisé qui a été immergé dans les eaux vives et vivifiantes contenues dans le baptistère. Dans le baptême, toute la Création s’associe à notre joie, l’eau pure et simple, l’huile douce et sanctifiée, les cierges lumineux, l’encens qui parfume le lieu saint, le saint Chrême qui donne l’onction de l’Esprit Saint, comment dire l’indicible que représente le saint baptême reçu aujourd’hui par le baptisé bienheureux et qui fait de lui une pierre vivante de la sainte Eglise orthodoxe.
En vérité, lorsque l’Esprit Saint s’immerge pour ainsi dire dans l’être qui est baptisé, ce baptisé devient lui-même en vérité un saint baptistère vivant et vivifiant, et vraiment des sources d’eaux vives ne cessent de couler en lui et à travers lui pour irriguer d’amour et de bénédiction l’humanité et toute la création.
En vérité, nous ne pouvons que balbutier comme des enfants immatures pour essayer de dire quelque chose de l’Esprit éternel et du sens divino-spirituel du baptême qui est un des plus grands mystères de la sainte Eglise de Dieu. Le saint baptême est un abîme dont la profonde simplicité échappe à toute tentative de le cerner par nos seuls moyens intellectuels. C’est en mettant en œuvre, jour après jour l’enseignement évangélique, que nous sera donné le sens personnel du baptême, que nous recevrons peu à peu la sagesse créatrice et l’intelligence du cœur, qui fait de chacun d’entre nous un dieu par la grâce, capable d’une réelle communion en esprit et en vérité avec Dieu, avec notre communauté ecclésiale et notre prochain.
La personne humaine est par nature sainte et sacrée, mais cet être spirituel ne peut se réaliser en plénitude que s’il donne librement la première place à l’essentiel, à ce qui l’enracine dès ici-bas dans sa dimension fondamentale et qui est sa relation personnelle et unique avec la Divine Trinité, par la médiation de notre sainte Eglise très aimée de Dieu.
Cette relation avec Dieu, nous prépare à plonger au temps prévu par la providence divine, dans le véritable et en vérité le seul Baptistère éternellement vivifiant, dans lequel coulent à profusion les eaux vives et spirituelles et toutes les grâces et bénédictions divines, ce baptistère c’est le Royaume de Dieu lui-même. Cette immersion dans le Royaume de Dieu est l’étreinte en plénitude de l’amour et de la vie éternelle, de la personne déifiée avec la Divine Trinité.
C’est pourquoi, l’Eglise espère pour le baptisé une vie bénie et sanctifiée, une vie qui prenne sa source en Dieu et dans l’Eglise, et dans cette communion divino-humaine sans aucune contrainte, car Dieu ne s’impose jamais, elle pourra jour après jour, se construire comme une personne libre et se découvrir aimée de Dieu, de ce Dieu au Visage si humain et qui sera toujours là pour l’écouter et pour exaucer ses prières pour son salut dans la joie et la paix.
Que Dieu bénisse tout baptisé, toute baptisée, ainsi que leurs parents, parrains et marraines, famille, amis et amies, je regarde le baptisé, la baptisée, je nous regarde, je regarde l’Eglise et je vois combien grande, belle et très réelle est notre responsabilité, puissiez-vous, compter sur nous dans ce chemin de vie que vous commencez aujourd’hui, par la grâce de la Divine Trinité.
Au Père qui nous aime, au Fils qui nous a transmis cet amour et à l’Esprit Saint qui accomplit l’amour, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon
samedi 11 janvier 2025
La fuite en Égypte Dimanche après la Nativité
Homélie prononcé par Père Panagiotis le 4 janvier 2009
Mes chers frères,
Ces jours-ci nos pensées sont tournées vers ces lieux saints où est né Notre Seigneur Jésus Christ. Nous louons et glorifions nous aussi avec les anges, la divine naissance. Nous nous prosternons avec les bergers devant l'enfant divin et offrons avec les mages nos présents : la foi, l'espérance et notre amour pour Notre Seigneur Jésus Christ.
La fuite de Jésus en Égypte et les persécutions qui s'ensuivirent au cours de sa vie, avec comme aboutissement sa crucifixion, sont une sorte de guerre éternelle qui a lieu, depuis l'époque de la chute, entre Satan et Dieu. Entre les forces des ténèbres et la Lumière, entre le dragon et l'Agneau. De cette guerre, Jésus sortira vainqueur. Il brisera l'antéchrist et ses serviteurs. Les hommes des ténèbres le cloueront sur la croix, mais de la colline du Golgotha va briller le soleil qui éclairera la terre entière. Son Église subira le même sort. Elle sera colorée du sang des martyrs, elle sera persécutée mais ne sera pas brisée. Elle triomphera dans la douleur, l'humilité et le martyre.
Dès les premiers pas de sa vie terrestre, Jésus goûte à la coupe amère des persécutions qui l'obligent à fuir, mais simultanément la force et la protection de Dieu le soutiennent.
Le tyran Hérode veut faire mourir l'enfant Jésus et l'Ange de Dieu conseille au protecteur Joseph, de partir avec l'enfant et sa mère en Égypte. Et tandis qu'Hérode, ayant ordonné la tuerie inhumaine des nouveau-nés de Bethléem croit s'être débarrassé de Jésus, Jésus qui a échappé à la tuerie, grandit silencieusement en pays étranger (l'Égypte) où Il s'est réfugié avec ses parents, afin de retourner, plus fort, en Judée, après la mort d'Hérode, pour prêcher le Royaume des Cieux. Lorsqu'Il commence son œuvre de salut, Il est calomnié, qualifié de mage, d'ivrogne, d'ami des débauchés et des publicains. Il est poursuivi dans son propre pays et enfin Il est livré par l'un de ses disciples. Il est flagellé, emprisonné, et crucifié par ceux dont Il a été le bienfaiteur. Les persécutions continuent même après sa Résurrection, envers son Église, ses disciples et ses apôtres et de façon continue envers tous les Chrétiens qui vivent son Évangile dans la foi et la dévotion.
Durant les trois premiers siècles de notre ère, l'Église est appelée Église des martyrs. Ils sont des millions mes martyrs connus et inconnus qui ont versé leur sang pour leur foi en Christ. Ils ont rempli les prisons, rassasié de leur chair les bêtes féroces, coloré la terre entière de leur sang précieux. Cependant plus elle est combattue, plus l'Église du Christ se consolide et excelle.
Après les premières persécutions vinrent d'autres persécutions émanant cette fois de l’intérieur de l'Église. Schismes et hérésies ébranlent son unité. Des Chrétiens persécutent d'autres Chrétiens, des frères tuent d'autres frères. L'Église du Christ est bouleversée et sombre dans une grande tristesse qui malheureusement se manifeste encore de nos jours. Dans les temps nouveaux apparaissent les athées qui avec l'arme de la science, tentent de déraciner la foi des Chrétiens et remplace Dieu par leurs propres dieux. Ce sont des idolâtres. Ils insultent et calomnient l'Église et ses officiants, ridiculisent le sacré et s'efforcent d'instaurer à la place de l'Église une religion idolâtre.
Ainsi nous arrivons à notre époque contemporaine où la persécution de Jésus et de son Église prend une forme particulière. La société d'hyperconsommation avec l'hyper suffisance des biens matériels entretient une indifférence vis-à-vis de tout ce qui concerne la vie au-delà de la mort. Les gens aujourd'hui s'intéressent davantage à leur propre corps et très peu à leur âme. Par tous les moyens dont dispose aujourd'hui la société, se développe une redoutable propagande anti chrétienne, anti spirituelle, laquelle a pour nous tous des retombées catastrophiques. Le corps est divinisé, les valeurs morales sont piétinées, les idéaux s'écroulent et une nouvelle religion est prêchée qui a pour centre non pas Dieu, mais l'homme...
Aujourd'hui les persécuteurs du Christ et de son Église portent le masque du "civilisé", du moderne, de l'affranchi, du progressiste et sournoisement œuvrent dans le sens de la division de l'Église et bouleversent son fonctionnement. Il est vrai qu'aujourd'hui aussi le Christ est persécuté de même que tous ceux qui croient en Lui. "Ceux qui me persécutent, vous persécutent aussi" a dit le Seigneur à ses disciples, et cela s'applique à tous les croyants. Mais nous, nous ne devons pas désespérer et avoir peur car après la tristesse vient la joie, après le martyre la gloire, après le Golgotha la Résurrection.Mes frères, Le Christ ne nous a promis dans ce monde gloire, honneurs et richesses. "Dans ce monde, vous éprouverez de la tristesse, mais soyez confiants, moi j'ai vaincu le monde"
Le Christ avec son Église vaincra de nouveau. Avec cette foi et cette espérance, contemplons notre avenir en Chrétiens. L'Emmanuel est avec nous ! Amen. Père Panagiotis
Commentaire patristique par Eusèbe le Gallican (Ve siècle)
"Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?" (Mt 2,2)
Le roi traître Hérode, trompé par les mages, envoie ses sbires à Bethléem et dans tous les environs pour tuer les enfants de moins de deux ans... Mais tu n'as donc rien obtenu, barbare cruel et arrogant : tu peux faire des martyrs, tu ne peux pas trouver le Christ. Ce tyran malheureux croyait que l'avènement du Seigneur notre Sauveur le renverserait de son trône royal. Mais il n'en est pas ainsi. Le Christ n'était pas venu pour usurper la gloire d'autrui, mais pour nous faire don de la sienne. Il n'était pas venu pour s'emparer d'un royaume terrestre, mais pour accorder le Royaume des cieux. Il n'était pas venu pour voler des dignités, mais pour souffrir des injures et des sévices. Il n'était pas venu pour préparer sa tête sacrée à un diadème de pierreries, mais à une couronne d'épines. Il n'était pas venu pour siéger glorieusement au-dessus des sceptres, mais pour être bafoué et crucifié.
À la naissance du Seigneur, "Hérode a été troublé et tout Jérusalem avec lui" (Mt 2,3). Quoi d'étonnant, si l'impiété est troublée par la naissance de la bonté ? Voici qu'un homme en armes s'effraie de celui qui est couché dans une mangeoire, un roi orgueilleux tremble devant l'humble, "celui qui est revêtu de pourpre redoute le tout-petit enveloppé de langes... Il feignait de vouloir adorer celui qu'il cherchait à faire périr" (Mt 2,8). Mais la Vérité ne craint pas les embûches du mensonge... La traîtrise ne peut pas trouver le Christ, car ce n'est pas par la cruauté mais par la foi que l'on doit chercher Dieu, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.