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vendredi 27 juin 2025

Les lys des champs

 

Homélie du Père André Jacquemot
Troisième dimanche après la Pentecôte


Homélie sur Rm 5,1-10 ; Mt 6,22-33
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
Nous sommes aujourd'hui le troisième dimanche après la
Pentecôte. Les deux dimanches précédents, nous n'avons pas
célébré la liturgie dans cette communauté : notre dernière liturgie était celle de la Pentecôte. Entre-temps, il y a eu le premier dimanche, qui était la fête de tous les Saints, et le deuxième dimanche où l'on fêtait encore les Saints, mais plus spécialement les Saints locaux, c'est-à-dire les Saints de la terre russe pour ceux qui sont liés à la Russie, les Saints qui ont brillé sur la Sainte Montagne pour ceux qui sont moines au Mont Athos, et plus généralement les Saints de la terre ou l'on vit.
Nous sommes donc entrés dans le temps après la Pentecôte qui est, on peut dire, le temps de l'Église, le temps dans lequel nous faisons fructifier les dons reçus pendant cette période unique de Pâques et de la Pentecôte, cette période où les principaux
mystères de Dieu ont été accomplis. Maintenant nous en recueillons la grâce, et il nous appartient de la faire fructifier. Le temps après la Pentecôte est le temps pour faire fructifier la grâce.
C'est pourquoi aujourd'hui, dans l'Épitre aux Romains, saint Paul nous dit : « Frères, étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d'avoir eu, par la foi, accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes » (Rm 5,1-2). L'une des grâces que mentionne ici saint Paul est d'être réconciliés, d'être en paix avec Dieu, et cela nous est acquis par le Seigneur Jésus-Christ. Car c'est par Lui seul, il faut toujours le rappeler, et saint Paul le précise bien, que nous avons accès à cette grâce. C'est par Jésus-Christ que nous avons accès à Dieu, c'est par Lui que nous pouvons même prier et nous adresser au Père.
Et Paul ajoute : « Cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes ». II nous appartient de garder la fermeté de la foi, pour vivre dans la perspective du Royaume, le Royaume qui est annoncé et qui s'actualise déjà, qui est déjà présent parmi nous, déjà présent dans notre coeur. Le Royaume qui est l'objet principal de la prédication du Seigneur. Le Seigneur a souvent prêché le Royaume, et tout particulièrement dans le Sermon sur la Montagne.
L'Évangile d'aujourd'hui est justement tiré du Sermon sur la Montagne. Nous venons d'entendre ce passage que tout le monde connait bien : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus, La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » (Mt 6,25). Dans un autre passage de l'Épitre aux Romains, saint Paul dit aussi : « Le Royaume de Dieu n'est
pas dans le manger et le boire : il est Justice, Paix et Joie dans l'Esprit-Saint » (Rm 14,17). II ne faudrait pas en conclure trop rapidement que l'on peut vivre sans se préoccuper de ces considérations matérielles. Ce serait aller un peu vite de dire que l'on peut vivre sans nourriture et que l'on peut se passer de vêtement. Mais le Seigneur remet les choses à leur juste place : « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa Justice, et
toutes ces choses vous seront données par surcroit »(Mt 6,33). Toutes ces choses, bien sûr, sont nécessaires. Allez dire à ceux qui n'ont rien, qui sont démunis, qui n'ont pas de quoi manger, qui n'ont pas de quoi se loger, allez leur dire que tout cela ne sert à rien : c'est impossible. Ces besoins matériels vitaux doivent être pris au sérieux, nous en avons la responsabilité pour nous-mêmes, et aussi pour les autres. Dieu sait que cela est
nécessaire, et Il nous donne beaucoup, et nous avons à gérer tout ce qu'Il nous donne.
Mais notre première préoccupation doit être le Royaume de Dieu et sa Justice. Le Seigneur précise bien : Cherchez premièrement. Cela ne veut pas dire que rien d'autre n'a d'importance, mais la quête du Royaume de Dieu et de sa Justice doit venir en premier.
Alors, pour entrer dans cette perspective, il convient de nous convertir, de changer notre regard, de réorienter notre regard. C'est pourquoi, dans l'Évangile d'aujourd'hui, le Seigneur commence par dire : « L'oeil est la lampe du corps » (Mt 6,22). II parle ici de l'oeil corporel, de l'organe de la vue, mais il s'agit aussi d'autre chose. Car qu'est-ce qui est notre lampe, qu'est-ce qui éclaire notre vie, qu'est-ce qui nous donne le discernement ? C'est la foi.
En effet, selon saint Paul : « La foi c'est d'avoir le regard tourne vers les choses invisibles qui sont le fondement des choses visibles » (He 11,3). Savoir tourner son regard, voir ce que l'on n'a pas l'habitude de voir, ce qui ne tombe pas sous nos sens immédiats, mais qui pourtant soutient tout ce qui existe. Saint Paul dit encore dans l'Épitre aux Hébreux : « Rejetons tout fardeau et le péché, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant le regard sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi (ou l'aboutissement de la foi) » (He 12,1-2). La foi oriente notre regard vers le Seigneur, le Christ.
Dans cette perspective, le vêtement n'est plus seulement une nécessité pour se protéger du froid, ou de la chaleur, ou pour la protection de la pudeur, qui est un autre aspect important du vêtement. Le vêtement est aussi un symbole, il a une signification. D'ailleurs, ceux qui font la mode savent bien que le vêtement est moins conçu pour protéger des effets du climat que pour paraitre. Certes, dans la mode il y a beaucoup de
vanité et de futilité. Mais malgré tout, le vêtement a aussi cette fonction de représenter, de signifier. C'est pourquoi le Seigneur nous dit : « Considère comment croissent les lys des champs: ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux » (Mt 6,28-29). Le Seigneur parle de la beauté des fleurs comme d'un vêtement. Ce vêtement de beauté a donc une signification : il est une image de la Gloire de Dieu.
Pour le roi, c'est clair, le vêtement est un symbole de sa fonction, de son autorité, de son prestige et de sa gloire. Mais la gloire de Salomon n'est rien à côté de la gloire de Dieu. Or, pour nous aussi, le vêtement doit être un signe. Lorsque nous sommes baptisés, on nous revêt d'une robe blanche : c'est pour signifier qu'à l'origine, l'homme était revêtu de lumière, et que le vêtement qui lui est destiné dans le Royaume est un vêtement de lumière. Les Pères, notamment saint Grégoire Palamas, disent que dans le paradis Adam n'était pas nu : il était revêtu de lumière, de la lumière incréée. « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ », dit saint Paul (Ga 3,27). Et dans la parabole des invités aux noces, pour entrer dans la salle du banquet, qui est une image du Royaume, il faut avoir le vêtement qui convient (Mt 22,11). De même, si les célébrants portent des vêtements liturgiques somptueux, ce n'est pas pour en tirer une gloire personnelle, c'est une image du vêtement de lumière.
Ce vêtement est aussi signe de gloire car, comme il est dit dans l'Épitre d'aujourd'hui : « Nous nous glorifions dans l'espérance de la Gloire de Dieu » (Rm 5,2). Dans ces quelques mots, saint Paul dit cette chose importante : la Gloire de Dieu est un motif d'espérance pour nous. Cependant, cette espérance ne nous met pas a l'abri des afflictions, mais même les afflictions concourent à cette espérance, comme le souligne saint Paul : « Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l'affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l'épreuve, et cette victoire produit l'espérance. Et l'espérance ne trompe pas, car elle est fondée sur l'amour de Dieu qui a été mis dans nos coeurs par le don du Saint-Esprit » (Rm 5,3-5).
Voilà, j'ai voulu parler de ces choses qui concernent le Royaume de Dieu, un Royaume déjà rendu présent par le Seigneur. Mais, encore une fois, ce qui nous est donné par le Seigneur, il nous appartient de le désirer, il nous appartient de désirer que ces dons produisent leur effet. Que le Royaume de Dieu, sa Justice et sa Gloire soient donc notre première préoccupation. Avec saint Paul, attachons-nous, « non aux choses visibles qui
sont éphémères, mais aux invisibles qui sont éternelles » (2 Co 4,18). Cela ne supprime pas la nécessité de travailler, mais si nous travaillons pour la gloire de Dieu, nous y participons déjà.
Amen.

mercredi 25 juin 2025

Les premiers disciples

 

                                                          (Mat : 4, 18 à 23)

AU Nom du PÈRE, du FILS et du SAINT ESPRIT, amen.

 

Aujourd’hui, notre sainte et splendide Église orthodoxe qui est la barque spirituelle que la Divine Trinité a placé au cœur du monde, nous enseigne en toute beauté et humilité comment le Seigneur continue de s’approcher de chacun d’entre nous, comme IL l’avait fait pour les pêcheurs de Galilée, pour nous dire : « suis-moi !

 

L’Ecriture nous dit : « IL vit deux frères qui étaient pêcheurs », deux hommes qui étaient là, occupés à accomplir leurs œuvres quotidiennes, tout comme nous, des hommes au milieu d’autres hommes et voilà que le Seigneur qui se promenait, s’approcha et leur dit : « venez et je vous ferais pêcheurs d’hommes ». Nous savons que toutes les paroles que le Christ prononce, nous sont directement adressées tout comme aux personnes qui apparaissent dans l’Évangile de vie, alors écoutons pour entendre.

 

L’Écriture sainte, dans le livre de la Genèse nous enseigne que le Père Céleste lui aussi se promenait dans le Paradis, à la brise du soir, avec le désir de rencontrer Adam et Eve, c’est à dire l’humanité crée pour lui dire, « suis-moi », moi ton Créateur, je t’invite à être le pasteur de la création entière et de la guider avec ma grâce et ta liberté vers la plénitude de la vie dans la vérité et la beauté. Cette divine rencontre première entre Dieu et l’humanité, interrompue par la chute originelle se poursuit aujourd’hui dans notre sainte Église orthodoxe, dans laquelle le Seigneur ne cesse d’aller vers l’homme son bien-aimé.

 

Ne sommes-nous pas saisis de l’intérieur, nos cœurs ne sont-ils pas brûlants, en contemplant cette réalité évangélique qui nous montre le Seigneur « doux et humble de cœur », qui ne cesse depuis le Paradis de marcher à la rencontre de l’homme, pour inviter celui-ci à faire la route ensemble. Cette Voie qui est le Christ lui-même, et qui peut nous mener de la terre au Ciel se réalise dans l’œuvre commune qui nous réunit ici et maintenant, à savoir la Divine Liturgie, célébration et rencontre essentielle entre Dieu et l’homme, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et la création, pour accomplir l’unique nécessaire, notre salut en Dieu dans l’Église et au cœur de l’humanité de notre monde.

 

L’Évangile de vie, nous prend par la main et nous guide dans cette promenade divino-humaine qui a commencé avec notre Père dès notre création, qui se poursuit avec le Fils, et s’accomplit par l’Esprit de toute sainteté. Écoutons encore le Seigneur nous dire jusqu’où IL désire aller pour nous rencontrer dans ce pèlerinage spirituel, que dit-Il : « voici, Je me tiens à la porte et je frappe, chez celui qui entend et qui ouvre, j’entrerai avec mon Père et nous dînerons avec lui ». A quelle porte, le Seigneur frappe t-il, sinon à celle de notre cœur, qui représente les portes saintes et royales qui nous mènent au saint des saints dans la profondeur insondable et indicible de la « personne », là où est présent spirituellement le Royaume de Dieu.

 

Ce dîner promis par le Christ à celui qui s’ouvre à Dieu, est la célébration très lumineuse et très pure, de la très sainte Cène spirituelle et mystique, liturgie céleste joyeuse et pacifique, communion partagée par la Divine Trinité avec l’homme. Seul celui qui se souvient qu’il a déjà entendu le « suis-moi », reconnaitra qui est Celui qui frappe et se précipitera pour lui ouvrir, non seulement sa porte, mais toute sa vie et tout son être. Mais direz-vous peut-être, qui parmi nous a déjà entendu ce fameux « suis-moi », pour le reconnaître et dire amen ? C’est en Adam et Eve, père et mère de toute l’humanité que nous avons entendu cette parole « suis-moi » qui dès l’origine, nous a été transmise comme voie de retour vers notre Père céleste.

 

L’Église est bien cette barque lumineuse qui contient toutes les grâces données par l’Esprit de Dieu, pour que nous soyons chacun « pêcheur d’homme, c’est à dire d’abord de nous-mêmes », plus ou moins engloutis par les eaux troubles et usées du monde, pour accomplir notre sainte vocation qui est la vie divino-humaine, selon la sagesse de la voie spirituelle de l’orthodoxie. Cette pêche miraculeuse que représente le salut d’une seule âme, est le fruit de l’ascèse de toute l’Eglise du Christ.

Mais si nous ne comprenons pas, que l’homme que nous devons pêcher en premier, c’est celui qui gît au plus profond de nous-même, alors nous allons nous précipiter dans une errance stérile et nous briser peu à peu contre le roc endurci de notre propre cœur.

 

L’Écriture poursuit : « Aussitôt, ils laissèrent là leurs filets et le suivirent », est-ce donc si évident pour nous que des hommes et des femmes puissent ainsi tout quitter pour suivre le Christ ? En vérité, c’est possible parce que suivre Dieu est la vocation naturelle de l’homme crée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cette disponibilité immédiate que nous voyons chez ces pêcheurs Galiléens, est un état spirituel potentiel suffisamment éveillé pour dire amen à l’invitation divine. Ces hommes en vérité attendaient depuis toujours la venue du saint d’Israël, ils étaient imprégnés de l’espérance du salut messianique. Si nous entrons en nous-mêmes, au cœur de notre cœur, nous découvrirons que nous possédons la même espérance. Nous pourrions même retrouver aujourd’hui ce moment crucial, où dans notre cheminement existentiel, nous avons entendu nous aussi et chacun à sa manière ce « suis-moi », auquel nous avons répondu « amen » et voir quel a été depuis notre cheminement en Christ.

 

Voici donc des pêcheurs, et que laissent-ils pour suivre le Christ, ils abandonnent leurs filets, c’est à dire tout ce qui nourrissait et donnait sens à leur existence terrestre au milieu de leurs familles et proches. Chaque iota de l’Écriture Sainte possède et un sens littéral et un sens spirituel, qu’est donc un filet, n’est ce pas quelque chose qui peut nous nourrir mais aussi nous emprisonner ? Il existe des filets qui rendent la vie invivable, des filets qui nous aliènent et nous enlèvent toute liberté personnelle, des filets subtils mais remplis d’illusions et que pourtant nous croyons nécessaires voire indispensables pour notre existence, et tant d’autres filets encore…Le Seigneur ne dit pas qu’il ne faut pas travailler pour gagner sa vie, non, mais IL nous dit que dans ce monde, il n’existe qu’une seule manière de se libérer du filet dans lequel nous sommes chacun plus ou moins emprisonné. Et cette libération ne peut se réaliser que si l’homme, tout homme et toute femme, et en particulier nous qui nous disons volontiers disciples du Seigneur, désire et accepte de suivre sans condition Celui qui lui dit : « suis-moi ».   

 

Et voici que : « Jésus parcourait toute la Galilée- tout comme il parcours toute l’Église- prêchant la bonne nouvelle du royaume de Dieu, enseignant et guérissant toute maladie », le Christ ne nous propose pas de le suivre pour faire une promenade touristique, ou bien de faire ce que nous croyons nous convenir à tel ou tel moment. IL ne nous emmène pas sur les routes mondaines pour y suivre les modes éphémères et illusoires que le vieil homme voudrait nous forcer à prendre. Le Seigneur nous encourage à commencer par prêcher déjà en nous-mêmes la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, de nous enseigner à nous-mêmes la vie évangélique, pour guérir par la communion de vie avec Lui.

 

Alors quelle est donc l’ascèse concrète qui est bonne pour chacun d’entre nous, pour connaître en esprit et en vérité qui est le Christ et pourquoi IL nous dit « suis-moi » ? Oui, je vous transmets toujours la même réalité, celle de nos Pères et Mères saints qui sont la sagesse de l’Église, cette ascèse vivifiante, qui est la participation à la célébration de la Divine Liturgie et la pratique du saint Évangile. L’Église dans laquelle l’Esprit Saint nous enracine dans le présent, est le lieu béni où nous recevons avec une divine générosité toutes les grâces spirituelles pour suivre Celui qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ».

 

« Suis-moi », par cette parole, le Christ s’engage lui-même et en premier à nous emmener avec lui, à nous apprendre comment passer de l’état de serviteur de Dieu, de l’Homme et de l’Eglise, à celui d’ami de la Divine Trinité, selon cette parole du Christ « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». Cette œuvre ascétique passe par l’œuvre commune qui ne peut se vivre et se réaliser que par la médiation de la sainte et humble Église du Christ. La célébration de la Divine Liturgie est en vérité, l’accomplissement parfait de la pêche miraculeuse, à laquelle le Seigneur invite chacun d’entre nous à participer pleinement et cela pour le salut de toute l’humanité et la restauration de la création divine dans sa première beauté.

 

L’Église du Christ seule, peut nous transmettre l’humilité du Fils Unique, Lui le pêcheur céleste qui s’est fait et le Frère et le Serviteur de l’humanité désorientée et malmenée par les esprits sous ciel dont parle l’apôtre Paul.

L’Église du Christ seule, peut nous transmettre l’humilité de l’Esprit Saint, Lui si discret et qui pourtant désire ardemment nous « revêtir des habits sacerdotaux spirituels que sont l’amour, la joie, la paix, la douceur, la patience, la maîtrise de soi » et tous les autres saints dons.

 

L’Église du Christ seule, peut nous transmettre la très aimante nostalgie de notre Père envers l’homme son bien-aimé, le Père a voulu l’Église comme une sainte icône vivante du Paradis, pour s’y promener à la rencontre de l’humanité, comme Il le faisait avec Adam et Eve à l’origine de la Création.

 

L’Église du Christ ou le Monastère du Christ, dont Il est le seul et unique Grand-Prêtre et Higoumène, ne doit jamais devenir un filet qui étoufferait la « liberté glorieuse des enfants de Dieu », liberté acquise par le Saint Sang et le Saint Corps de notre Seigneur sur la Croix, qui est le trône très pur et très saint sur lequel règne éternellement notre Seigneur Jésus-Christ.

 

Au Père Céleste et Roi de l’Univers, au Fils Unique qui a fait de nous ses cohéritiers, à l’Esprit Saint qui nous intronise dans le Royaume de Dieu, soit la Gloire dans siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

Dimanche de tous les Saints.

 

(Mat. 10, 32-33 et 37-38)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à méditer et à suivre la voie des Saints, qui devrait devenir aussi la nôtre, pour acquérir la liberté et la maîtrise de notre existence, en mettant à leur juste place les liens humains les plus profonds, ceux qui nous unissent à notre famille, aux amis et même à nos frères et sœurs dans la Foi. La sainteté de nos pères et mères est le fruit d’un engendrement religieux et spirituel, et cette naissance à la sainteté commence par le désir réel d’aimer Dieu non seulement en premier  « mais aussi de toute son âme, de tout son esprit et de toutes ses forces…et son prochain comme soi-même ». Cela signifie que ce désir de sainteté nécessite tout au long et dès le début la mise en pratique de l’ascèse évangélique, par la voie étroite vécue et décrite par nos saints Pères et Mères, qui est la recherche persévérante de la communion avec le Seigneur. Ce qui précède témoigne exactement de la promesse divine qui est de réaliser avec l’homme, cette œuvre divino-humaine que «  Dieu est devenu homme, pour que l’homme devienne dieu ».  

 

Le Seigneur dit : qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi, et la suite... », cette parole comme toute parole évangélique n’est pas accessible par le seul raisonnement intellectuel. Ce que le Seigneur enseigne ici, c’est ce qu’essayent de réaliser les moines et les moniales, qui n’ont d’autre désir que d’aimer Dieu seul d’abord, tout en étant enracinés dans leur communauté monastique. Et nous alors, qui vivons dans le monde au milieu d’une multitude d’êtres et de choses, comment ferons-nous pour accomplir cette ascèse fondamentale « être seul avec Dieu Seul » ? Eh bien nous aussi, avons vocation à aimer Dieu d’abord et notre prochain aussi et pour y arriver, nous prenons racine dans notre communauté ecclésiale. La voie religieuse de base qui permet de réaliser ce désir d’amour pour Dieu et notre frère ou notre sœur est exactement la même pour le moine que pour le fidèle dans le monde, cette voie divino-humaine s’enracine dans la célébration liturgique de notre Eglise.

 

Si nous regardons un peu comment vivent les moines, nous pouvons discerner que les fondements incontournables entre autres sur lequel, ils construisent leur vie et leur ascèse en Dieu sont « l’obéissance et l’humilité ». Mais, nulle part dans l’Ecriture sainte, il n’est écrit que l’obéissance et l’humilité sont un privilège monastique, obéir et cultiver l’humilité, doit être l’œuvre de tout fidèle orthodoxe, le Christ était-Il moine ? Non, mais Il s’est rendu obéissant au Père céleste jusqu’à « la mort, et à la mort sur la Croix », c’est donc au Père céleste que nous devons tous obéissance, où ? Dans notre vie entière par la grâce du Verbe et de l’Esprit. C’est pourquoi, le Seigneur ajoute « qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi », est-ce à dire que nous finirons tous crucifiés, non, mais nous serons tous éprouvés par les folies du monde et les passions négatives de notre âme.

 

Alors que signifie « celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, et la suite… », cela signifie qu’il n’ y a aucune commune mesure entre l’amour humain et l’amour pour Dieu, est-ce à dire, que l’amour humain serait défendu, inutile ou que sais-je encore, évidemment non. Mais à l’évidence l’amour humain non vivifié par l’amour divin, engendre une dépendance, qui elle-même engendre une multitude de conséquences sur la qualité de notre relation à Dieu et au prochain. Ainsi, ce qui est dénoncé : c’est la dépendance au monde et à ses modes, sous prétexte que nous devons ceci ou cela, par exemple à nos parents ou à nos proches, et cette exigence si elle n’est que « humaine », prend force de loi et peut nous enfermer dans une obéissance stérile ou engendrer une révolte qui finiront parasiter notre existence.

 

De même qu’une obéissance aveuglée peut aliéner le moine le plus volontaire, de même, une obéissance aveuglée dans l’Eglise peut engendrer un mal-être stérile et contraire à la vocation de l’Eglise qui est d’engendrer spirituellement les Fidèles comme un «  peuple royal, prophétique et sacerdotal ». N’est-il pas écrit « si un aveugle guide d’autres aveugles, tous tomberont dans le trou », alors à qui obéirons-nous ?

 

Nous obéirons comme le Fils Unique au seul Père céleste et comment ferons-nous pour y arriver, en croyant d’abord que nous avons « reçus nous aussi l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité qui nous rendra libres », et comment ferons-nous pour obéir dans l’Esprit Saint au Père céleste par Jésus-Christ, nous obéirons à notre sainte Eglise orthodoxe qui est dit saint Paul « le Corps du Christ dont Il est la Tête ». Dans ce sens, l’Eglise est dépositaire de toute la Présence de notre Seigneur Jésus-Christ et de tous ses biens spirituels et matériels qui sont sans cesse répandus sur nous à travers la Divine Liturgie en particulier.

 

De même, que nous ne devons pas aimer nos parents et proches plus que le Christ, de même nous ne devons pas obéir à nos parents ou proches plus qu’au Christ, du coup, nous commençons par avoir le tournis, ne sachant plus que faire ni où ni comment ? Le Seigneur ne dit pas de ne pas aimer ses parents et proches ou de ne pas leur obéir, mais pas plus qu’à Dieu, parce que l’amour pour Dieu en premier est ce qui nous permet d‘apprendre à aimer notre prochain comme nous-mêmes. « Qui ne s’aime pas lui- même comment aimera t-il quelqu’un d’autre » ? Chacun peut comprendre que plus la communion avec Dieu est réelle et profonde, plus les dons divins viennent habiter et vivifier notre existence et nous rendent capables d’accomplir notre vocation à la sainteté. Ceci nous rappelle cette autre parole du Seigneur qui dit « celui qui m’aime, c’est celui qui écoute ma Parole et la garde », c’est à dire la met vraiment en pratique. Ainsi Dieu bénissant, si nous mettons en pratique l’Evangile, nous nous donnons les moyens d’aimer Dieu d’abord et par l’ouverture du cœur et de l’esprit nous aimerons aussi l’homme, tout en cultivant notre liberté personnelle de « fils et filles de Dieu ».

 

Tout comme les saints sont reconnus comme tel après leur naissance au ciel par l’Eglise, de même nous connaitrons après notre naissance au ciel, dans quelle mesure nous avons essayé d’aimer Dieu et notre prochain, lorsque le Seigneur nous dira « tu as été fidèle et tu as fais fructifier les talents que tu as reçu et le premier de ces talents était d’aimer, maintenant viens dans la Joie de ton Seigneur ».

 

Le Seigneur dit encore  « qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie pour moi la trouvera », ce qui signifie que celui ou celle qui aura été son propre maître en façonnant son existence de manière individuelle et égocentrée, est déjà compté parmi les agonisants, même si tout semble réussir sur un plan matériel. Une telle non-existence est en vérité dénoncée par le Psalmiste qui dit : « l’insensé dit dans son cœur, Dieu n’existe pas », penser et croire que je puisse me sauver tout seul sans le concours de l’homme mon semblable et pire encore sans Dieu mon Créateur, voilà la folie tapie dans la pensée humaine qui guette l’homme isolé pour le perdre.

 

Perdre sa vie, c’est pour le croyant, faire le constat amer et crucifiant que la vie sans Dieu, n’est en réalité qu’une caricature incapable de combler le moindre désir essentiel de l’être, que la seule issue est la mort définitive dans ce monde sans aucune espérance de vie éternelle. Ainsi l’homme sans Dieu est aussi un homme sans humanité véritable et qui s’interdit à jamais de rencontrer et de suivre « Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie ». C’est pourquoi le Christ ajoute « quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, Je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux…et la suite ». Mais comment l’homme séparé de Dieu, pourrait-il se déclarer pour un Dieu créateur auquel il ne croit pas et auquel il ne s’intéresse pas ?

Nous voici donc appelé par l’Esprit Saint à suivre la voie de la sainteté, qui nous est inhérente depuis notre origine paradisiaque, voie qui est le Christ lui-même, et que nous ont transmis en héritage religieux et spirituel nos pères et mères orthodoxes qui nous ont précédés dans le témoignage de la foi véritable, consistant à confesser la Divine Trinité comme notre Dieu unique. Ce vrai témoignage commence par notre désir libre de confesser le Christ comme notre Seigneur et Sauveur, Lui le Saint des saints et donc de marcher nous-mêmes comme « personne et comme église dans la voie de la sainteté », avec comme aide précieuse la prière personnelle et liturgique.

 

Au Père, au Fils et au Saint Esprit, un seul Dieu en trois Personnes divines sans confusion ni séparation, soit la gloire maintenant et toujours et dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

lundi 9 juin 2025

La Pentecôte

 

(Jean 7, 37 - 52 à 8, 12)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

Aujourd’hui, le Saint Corps du Christ, c'est-à-dire, l’Eglise donne l’hospitalité à l’Esprit de Dieu, le Consolateur et le Donateur de toute Grâce spirituelle. L’Esprit de la Lumière éternelle qui au commencement planait au-dessus des eaux de la Création, vient et se pose sur l’humanité et couve de l’intérieur toute personne qui croit en Christ. L’Esprit de Dieu, sépare en nous la lumière de nos ténèbres, et cette séparation paradoxale nous rend semblable aux Personnes Divines. Aujourd’hui, la Divine Trinité dont nous célébrons aussi en ce jour la Gloire, est là avec nous et pour nous, afin de transformer l’Eglise du Christ en Royaume de Dieu, pour qu’en elle – l’Eglise–coule des fleuves d’eau vive, pour restaurer dans sa beauté divine l’humanité blessée et désorientée depuis la chute D’Adam et d’Eve.

 

Cette rencontre divino-humaine est si grande, sainte et sacrée, que le Christ la proclame à haute voix dans le Temple de Jérusalem où nous précise l’Ecriture sainte, c’était le jour de Fête le plus solennel, le Christ donc crie de toute son âme : « que celui qui a soif, vienne à moi et qu’il boive », alors « des fleuves d’eaux vive couleront de son sein », eh bien, ce Jour des jours, c’est pour nous, ici et maintenant la Pentecôte, la Descente du Saint-Esprit dans l’Eglise et dans chaque Fidèle qui croit en Christ. Cette eau vive, c’est la grâce divine qui depuis le Royaume de Dieu, par l’Esprit Saint descend jusqu’à l’humanité et l’habille de beauté, de lumière et de sagesse. Cette œuvre spirituelle réalisée par l’Esprit Saint ne se fait pas sans la participation volontaire de l’homme, nous devons cultiver par la prière personnelle et liturgique, notre désir de communion avec Dieu, avec l’Eglise et notre prochain.

 

Dans le Judaïsme, la Pentecôte est la Fête ou le peuple Juif commémore le don de la Torah, c’est à dire de la Bible, reçue par Moïse sur le mont Sinaï. Dans l’Eglise Orthodoxe, ce n’est pas seulement un Livre aussi saint et sacré soit-il, que nous recevons et fêtons, mais c’est le Donateur de l’Ecriture sainte lui-même. C’est Jésus le Seigneur et le Créateur qui se donne à chacun d’entre nous, non seulement pour le temps de notre vie en ce monde, mais surtout pour la vie éternelle à venir, si nous vivons de manière orthodoxe. Que signifie, vivre de manière orthodoxe ? Cela signifie, accueillir « l’Eglise comme une bien-aimée », et non comme un fardeau insupportable, car l’Eglise porte en elle l’amour, la joie et la paix divine, afin que la beauté divino-humaine, illumine peu à peu notre visage et notre existence.

 

Ce désir de vie en Dieu, engendre au cœur de celui ou celle qui veut vraiment devenir orthodoxe, une nostalgie profonde et indicible qui palpite au fond de son être. Mais voulons-nous vraiment de tout notre désir devenir orthodoxe ? Quelle terrible illusion ce serait de penser que nous le sommes déjà, sous prétexte que nous avons été baptisé dans l’Eglise orthodoxe. 

Nous sommes porteurs de la mémoire vivante de notre immersion première en Dieu, de ce doux parfum enivrant du paradis perdu, qui nourrit en nous cette quête d’absolu qui habite l’humanité et qui meut « l’amoureux de Dieu » sans cesse vers la recherche de Dieu en lui, dans l’Eglise et dans toute la Création. Pouvons-nous oublier un seul instant l’être aimé dans ce monde, alors comment oublier Dieu qui est l’Amour absolu et éternel.

 

Le monde ne peut comprendre qui est le Christ ni quelle est Sa Promesse, ce n’est que dans l’Eglise que cette réalité éternelle est révélée et donnée à vivre à quiconque croit en lui. Je ne peux accueillir Celui en qui je ne crois pas. Mais si je donne l’hospitalité intérieure à l’Esprit de Dieu, je deviens le témoin actif d’une nouvelle genèse spirituelle, qui est ma propre recréation en Dieu. Je deviens, peu à peu, comme le disent nos saints Pères en parlant de saint Jean Baptiste « un homme céleste et un ange terrestre », cette œuvre est réalisée en nous et avec nous par l’Esprit Saint. Si je donne mon corps à l’Esprit, Il en fait Son temple, si je lui donne mon âme, Il en fait Sa louange, si je lui donne mon esprit, Il en fait Sa contemplation, si je Lui donne mon cœur, Il y prie en gémissements ineffables, si je me « donne tout entier à Lui tout entier, Il fait de moi Son ami intime, et m’intronise au sein même de la Divine Trinité. »

 

Regardons maintenant avec une humble audace comment vivent les Personnes Divines et quelles sont leurs Œuvres. Dieu pardonne sans se lasser en la Personne du Père, créé éternellement dans la Personne du Fils, sanctifie et vivifie avec puissance dans la Personne de l’Esprit Saint, et pour qui Dieu accomplit-il tout cela ? Pour la personne humaine faite à Son Image et à Sa Ressemblance. Regardons et comprenons par l’intelligence du cœur, que Dieu qui est Père aime l’humanité, Son enfant  et qu’IL veut le sauver.

 

Dieu seul est digne de l’homme et l’homme seul est digne de Dieu, pourquoi ? Parce que « Dieu a crée l’homme à Son Image et à Sa Ressemblance », tel est l’enseignement spirituel en esprit et en vérité de notre merveilleuse Eglise orthodoxe. Que valent devant cette œuvre dont les Pères saints témoignent, à savoir que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu », oui, que valent les ridicules et stériles agitations du monde des apparences qui exploite notre humanité, dans le miroir mensonger des richesses passagères qui défigure et caricature notre vraie beauté qui est d’origine divine.

 

C’est pourquoi, l’adultère au sens spirituel, signifie confondre des idoles inertes et stériles, avec le Dieu vivant et créateur. Pour se désaliéner de l’idolâtrie morbide et mortifère, et convertir les masques du péché qui défigurent l’humanité, en lumière créatrice de notre véritable visage, il faut rechercher l’union avec l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu, qui seul peut nous garder en toute œuvre bonne, maintenant et pour toujours, tout en respectant pleinement notre liberté humaine. Dieu n’est pas un dictateur qui s’impose ou impose une loi religieuse qui transformerait l’humanité en objet sans âme ni conscience, qui voudrait d’un tel Dieu ?

Si Dieu n’est pas Celui qui aime, qui libère, qui donne la vie avec plénitude, alors comme dit saint Paul aux croyants « nous sommes les plus misérables parmi les hommes et notre foi est vaine ». Mais être libre est le contraire, du faire ce que je veux, comme je veux, quand je veux, être libre c’est choisir le meilleur et que peut-il y avoir dans ce monde de plus désirable que la vie en Dieu. Mais pour vivre en Dieu et avec Dieu, il me faut apprendre à connaître le Seigneur Jésus, car en-dehors de lui, toutes nos œuvres sont incapables de nous donner la vie éternelle, et cette sagesse divine n’existe que dans l’Eglise. C’est pourquoi le Christ nous promet de nous envoyer dans l’Eglise « l’Esprit de vérité qui nous donnera la véritable liberté », oui, c’est la « Pentecôte » que nous célébrons aujourd’hui.

 

Le Christ dit : « Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que Tu m ‘as donné », où sont ceux que le Père céleste a donné au Christ et qui sont appelés à recevoir l’Esprit de Dieu ? Ils sont dans l’Eglise, ils sont l’Eglise, ils construisent l’Eglise, et rien ni personne ne peut les détourner de « Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie ». Ces véritables croyants commencent à comprendre de l’intérieur, qu’ils sont porteurs du Patrimoine spirituel reçu par Adam et Eve dans le Paradis, que ce trésor de vie et de grâce est aujourd’hui déposé dans l’Eglise, et qu’ils ont vocation de transmettre cet héritage essentiel et théologique à leurs enfants et à toute l’humanité.

 

Voici que par l’amour et la grâce de l’Esprit Saint, nous les Fidèles, nous sommes comme des apôtres, appelés à témoigner de notre foi orthodoxe et à la transmettre non seulement d’abord à nous-mêmes, mais à toute l’humanité et même à toute la Création qui gémit sous le joug du péché de l’homme et attend sa délivrance au Nom de Dieu.

 

Notre vocation orthodoxe vécue dans l’Esprit saint unit le ciel et la terre, pour en faire un seul royaume dont les prémisses se construisent déjà dans ce monde et dont le couronnement sera réalisé pleinement dans l’éternité.

 

Au Père qui bénit par Amour, au Fils qui sauve par Amour, à l’Esprit Saint qui illumine par Amour, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

jeudi 29 mai 2025

L’Ascension.

 

                                                                                    (Luc 24, 36 à 53)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint- Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous emmène de manière prophétique de la terre au ciel, l’humanité bénie et rachetée par le Seigneur retrouve la place qu’elle n’aurait jamais du perdre, et qui est la vie bienheureuse auprès de la Divine Trinité en Jésus-Christ. Par Son Ascension, le Seigneur transmet à l’Eglise la grâce de poursuivre l’œuvre du salut de l’humanité, selon cette parole : « celui qui croit en Moi, fera les mêmes choses que Moi et même de plus grandes », la vocation de l’Eglise orthodoxe est aussi de préparer l’humanité à réaliser son ascension vers le Royaume de Dieu.                                                         

 

L’Evangile nous dit : « tandis qu’ils disaient cela (à savoir IL est vraiment ressuscité), Lui se tint au milieu d’eux et leur dit : « la Paix soit avec vous, saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit ». Au milieu d’eux dit l’Evangile, « eux », ce sont nos pères et nos mères dans la foi, c’est à dire les premières pierres vivantes de la sainte Communauté ecclésiale originelle. L’Eglise se construit avec au moins deux ou trois témoins et dès lors le Christ vient se tenir au milieu de cette petite assemblée, mais ce qui est vrai pour l’Eglise doit l’être aussi pour chaque croyant, n’est-il pas écrit : « ne savez-vous pas que vous êtes le temple de l’Esprit Saint ? ».

Un temple dispersé et désuni peut-il espérer célébrer dignement la présence de Dieu ? Quels seront alors en nous, en chacun d’entre nous, ces deux ou trois témoins et ce milieu qui doivent s’unifier afin de ne pas être effrayé et craintif en présence du Ressuscité ? Ce sont le « corps, l’âme et l’esprit et leur milieu est le cœur, qui est le trône de la Divine Trinité ». Que signifie, Il se tint au milieu d’eux ? Cela signifie que notre ascèse de vie très concrète pour accueillir le Seigneur ressuscité en esprit et en vérité, consiste à unifier notre corps, notre âme et notre esprit dans « l‘unité du cœur » qui est ce milieu où Jésus se révèle et dit à chacun : « la Paix soit avec toi ».

 

Que signifie ne pas être unifié et donc ne pas pouvoir croire malgré l’évidence à la Résurrection du Christ ? Cela signifie que notre expérience réelle de la Résurrection, sera partielle et limitée au corps, à l’âme ou à l’esprit sans réaliser l’unité par le cœur. Dans cet état sans harmonie réelle, nous pouvons expérimenter différentes sensations et émotions corporelles, psychiques ou intellectuelles, qui certes sont réelles, mais restent morcelées et limitées, et donc peuvent nous empêcher de croire comme les disciples, que c’est bien le « Seigneur Ressuscité qui est là parmi nous ». Que signifie que c’est bien le Seigneur qui est là ? Où donc se laisse t’IL voir ? N’est-IL pas ici dans l’Eglise, avec nous, au milieu de nous, pour nous, ne vient-IL pas frapper à la porte de notre cœur, pour se donner en nourriture pour la vie éternelle, c’est à dire pour préparer avec nous ce que notre sainte Eglise célèbre aujourd’hui, à savoir son Ascension et notre ascension à la droite du Père céleste.

 

Le Seigneur poursuit : « et voici que moi, Je vais envoyer sur vous Celui que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la Force d’en-haut ». Ce que le Seigneur enseignait à ses disciples et apôtres de vive voix, l’Esprit Saint qui nous est promis nous l’enseignera désormais dans la sainte Eglise et si nous sommes tout entier présent, alors nos cœurs deviendront brûlants et nos yeux s’ouvriront à la véritable contemplation des saints mystères du Christ. Que signifie « vous donc, demeurez dans la ville » ? Cela signifie, que notre corps est comme une ville qui contient en lui l’autel spirituel qui est notre cœur, donc restons au cœur de nous-mêmes, dans la Jérusalem intérieure qui est la Paix du Christ Ressuscité, jusqu’à l’avènement du Saint Esprit. Le Consolateur promis et si désiré par l’Eglise du Christ, lui seul peut nous unifier et nous unir spirituellement « tout entier à Dieu tout entier ». Le Seigneur ne se donne t’IL pas tout entier à moi tout entier à chaque fois que « je communie à Son Corps et à Son Sang », de même le Christ m’élève tout entier sauvé et racheté. 

 

L’Ecriture dit : « et il advint, comme IL les bénissait, qu’Il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Pour eux s’étant prosternés devant Lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie et ils étaient constamment dans le Temple à bénir Dieu ». Depuis l’origine de la Création, la Divine Trinité n’a cessé de veiller dans Son cœur divin et paternel sur l’homme Son bien-aimé. Par la séparation et la montée au ciel, le Christ devient pour nous le précurseur auprès du Père pour Lui annoncer la « bonne nouvelle de l’humanité sauvée ». L’Eglise à travers la Divine Liturgie, les Offices et les Sacrements, répand avec abondance sur l’humanité, la bénédiction divine en Jésus-Christ, pour que tout homme et toute femme de bonne volonté, puisse à son tour réaliser son ascension, en acceptant de passer d’abord par sa croix et par sa mort au péché, pour ensuite être élevé dans le Saint des saints, c’est à dire, le Royaume de Dieu.

 

Ainsi « l’Eglise sagesse et gloire de Dieu », mère aimante et enceinte de toute l’économie divine, témoigne de manière vivante de la vie de Dieu parmi et avec les hommes, et de la vie de l’homme au sein de la Divine charité. Ne sommes-nous pas silencieux et sidérés comme les Anges, en contemplant l’Incarnation de Dieu, Sa Résurrection et aujourd’hui Son Ascension ? Voyons-nous ô combien l’homme est élevé en Christ au-dessus de tous les temps, de tous les âges et même de tous les anges, alors rentrons en nous-mêmes et faisons comme Marie : « qui méditait toutes ces choses dans son cœur  ».

 

L’Ecriture Sainte est pleine d’exemples d’ascensions, ne voyons-nous pas Elie s’élever au ciel dans un char de feu ? Et son disciple Elisée le supplier de lui donner une double part de son esprit avant qu’Elie ne disparaisse à jamais aux yeux des hommes? Mais nous les enfants lumineux de la sainte Eglise, ce n’est plus vers Elie que nous crions, mais vers le Seigneur d’Elie, le Christ notre Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, et de tous les Prophètes et Patriarches qui ont vu la gloire de Dieu.

 

Ce n’est pas une double part de l’esprit d’un prophète qui nous est promis, mais L’Esprit de Dieu lui-même, l’Esprit de toute grâce, bénédiction et consolation. Quand nous est-il donné de voir s’élever le Christ et l’Eglise toute entière avec Lui, n’est ce pas pendant la Divine Liturgie ? N’est-il pas écrit « Celui qui est monté est le même que celui qui est descendu », le Christ n’est-IL pas descendu par l’Incarnation et ne monte t’IL pas aujourd’hui par l’Ascension ? Soyons vigilants au moment où le prêtre accomplit l’Elévation avec ces paroles  « les saints Dons aux saints », c’est à ce moment que le prêtre et l’Eglise offrent à la Divine Trinité la louange liturgique, sur le char de feu spirituel que sont la « patène avec le Corps et le calice avec le Sang du Christ », ce char très saint, pur et sacré sur lequel Jésus monte s’offrir au Père pour le salut de l’humanité.

 

L’Eglise est une icône de ce char nuptial sur lequel Dieu et l’homme célèbrent leur rencontre pour n’être plus qu’un seul Esprit, qu’une seule Vie, qu’un seul Amour. C’est pourquoi le Seigneur divino-humain, le Christ qui monte et qui descend, réalise cette prière : « afin que tous soient Un, comme toi Père et Moi nous sommes Un ». La nature de l’Eglise toute entière et son essence sont nuptiales, sa vocation unique est la célébration spirituelle de l’union par amour entre Dieu et l’humanité.

 

En bénissant et en s’élevant, le Seigneur donne aux hommes, c’est à dire ici à l’Eglise toute liberté et bénédiction de continuer Son œuvre en lui donnant comme mission : « allez et enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant tout ce que je vous ai prescris ». Que signifie tout ce je vous ai prescris ? Cela peut se résumer à cette œuvre spirituelle qui est le cœur même de la vie orthodoxe, impossible à réaliser sans l’Esprit Saint qui nous est promis et qui vient dans l’Eglise, cette œuvre unique et très aimée de Dieu est : « aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimé ». Car en vérité, il est vain, stérile, inutile et contraire à la vie évangélique de croire qu’être orthodoxe, soit autre chose que : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ».

 

Que signifie encore l’Ascension de Jésus ? Quel est son témoignage spirituel? Cela signifie que l’homme qui est élevé par l’ascension du Seigneur auprès du Père, par cette élévation même, passe de la mort à la vie, vers la libération de tout attachement à ce monde asservi par le péché. L’Ascension s’oppose à tout acte qui voudrait aliéner, rabaisser, humilier l’homme, surtout sous un prétexte religieux, l’ascension aimée de Dieu est celle qui m’élève au-dessus de l’hypocrisie mondaine ou religieuse, et qui me dépose auprès du Père avec le Christ, dans la grâce lumineuse de l’Esprit Saint. L’Ascension s’oppose absolument à tous les faux prophètes ou soi-disant maîtres, qui sous prétexte de nous enseigner, exercent sur nous un pouvoir qui au lieu d’élever abaisse, le signe du père spirituel, c’est « d’aimer » selon Dieu, avec Dieu et pour Dieu, tout le reste n’est que le fruit détestable de la vanité d’une âme pervertie. C’est pourquoi, Celui qui monte et descend, Jésus notre Seigneur, ne le fait que pour cette seule et unique raison : « Aimer », que L’Esprit qui vient fasse de chacun de nous, un bien-aimé comblé par le don précieux du « face à face retrouvé entre le Visage de Dieu et le visage de l’homme ».   

 

Au Père source de l’Amour, au Fils Amour incarné, à L’Esprit d’Amour, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

dimanche 25 mai 2025

L’aveugle-né.

 

(Jean, 9, 1 à 38)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à nous abandonner avec confiance à la compassion et à la tendresse infinie de notre Père céleste, et ceci en particulier par la célébration de la Divine Liturgie en communion avec le Christ grand-prêtre, avec l’Esprit de toute consolation promis et les uns avec les autres, dans l’espérance d’acquérir la lumière spirituelle qui est la grâce reçue comme un don par l’aveugle-né, grâce qui donne de venir, de voir et de confesser en Jésus, le Dieu vivant face à face.

 

Le Seigneur nous dit « tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé ; la nuit vient où nul ne peut travailler, tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », quelles sont donc les œuvres auxquelles le Christ nous encourage à travailler ?

En vérité, elles peuvent toutes s’unir en une seule réalité, ces œuvres accomplies par le Christ et que nous avons vocation à vivre avec Lui de manière orthodoxe, sont toutes celles qui nous permettent d’adorer le Père en esprit et en vérité, en esprit par l’Esprit Saint et en vérité par le Seigneur, cette adoration est la couronne de sainteté et le fruit spirituel des Béatitudes.

 

Nous pouvons accueillir tous les miracles accomplis par le Christ comme le signe, y compris celui pour l’aveugle-né, de la nécessité de la conversion du cœur, sans laquelle, nul ne verra le Seigneur, nul ne pourra adorer le Père en esprit et en vérité, nul ne saura prier l’Esprit Saint donateur de vie et de sagesse spirituelle. Nous sommes appelés à suivre dans la lumière Celui qui nous dit « tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », alors fuyons cette incrédulité sournoise et hypocrite cachée du vieil homme en nous pour nous détourner de notre Seigneur Jésus et de ses œuvres salutaires.

 

Quel est donc ce « jour » à partir duquel, il nous est bénéfique et précieux de travailler aux œuvres du Seigneur, n’est-ce pas celui de la Résurrection du Seigneur, celui d’où découlent et ruissellent en nous tous les dons spirituels pour accomplir la volonté divine. N’est-ce pas par la célébration liturgique assidue et par le « Don du Corps et du Sang du Seigneur », que nous recevons la lumière et la mémoire pour pratiquer les œuvres du Seigneur qui nous dit « faites ceci en mémoire de Moi », à savoir vivre toute l’économie divine pour le salut de l’homme. Le jour de la Résurrection est celui du Don de la vie éternelle au cœur de l’histoire, du temps et de l’espace dans notre humanité, il est notre lumière spirituelle pour pratiquer les œuvres divino-humaines au Nom du Seigneur.

 

Quelle est donc cette « nuit » où nul ne peut travailler, c’est-à dire mettre en pratique les œuvres évangéliques, n’est-ce pas celle de l’âme désorientée par le doute de l’incroyance concernant la personne de Jésus et qui provoque une paralysie existentielle qui rend difficile voire même impossible le désir de suivre Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie », n’est ce pas là, cette attitude pharisienne répandue au sein de l’humanité, opposée à toute révélation qui pourrait nourrir et abreuver l’esprit de tout homme ou femme de bonne volonté.

 

L’Ecriture Sainte est un tout indivisible, auquel il ne faut rien ajouter ou enlever, pas même un « iota » sous peine de s’amputer soi-même des énergies incréées contenues dans la parole divine, ceci devrait faire réfléchir tous les « inventeurs de théories hérétiques caricaturales au mépris de la théologie véritable de nos saints Pères », la seule réalité sur laquelle, nous pouvons apprendre à agir avec l’aide de Dieu, car « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », c’est de cultiver l’ascèse de « l’unique nécessaire », à l’image de Dieu créateur et qui consiste à « séparer la lumière des ténèbres en nous », car comme dit saint Paul dans 2 Cor. 6,14  « quoi de commun entre la lumière et les ténèbres », combien d’hommes dialoguent avec les ténèbres du monde.

Dire que la piscine de Siloé est une préfigure du saint baptême est un enseignement reconnu par nos saints Pères en Dieu, Siloé signifie « envoyé » en hébreu, mais tout comme il ne suffit pas d’être baptisé pour être orthodoxe, il ne suffira pas non plus de confesser du bout des lèvres la divino-humanité de Jésus notre Seigneur pour être sauvé. N’est-IL pas « l’Envoyé du Père », en qui il nous est essentiel d’être plongé tout entier afin d’espérer retrouver non seulement la vue mais notre vocation originelle à devenir par grâce ce que Dieu est par nature. Dans les œuvres religieuses, notre Siloé spirituelle, c’est à dire l’Eglise orthodoxe est l’unique lieu saint et sacré de la vie de l’être orthodoxe, ici et maintenant, elle est la vraie porte royale, par laquelle nous pouvons-nous diriger depuis notre profondeur vers le Royaume de Dieu.

 

En parlant de l’aveugle-né, les parents témoignent « qu’il est leur fils né aveugle, mais qu’ils ne savent pas comment il voit maintenant, ni qui lui a ouvert les yeux », la puissance de ce miracle les trouble et dépasse leur entendement, le fils confesse après avoir retrouvé la vue que « si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire », puis poursuit son existence avec sa nouvelle vision de lui-même et du monde qui l’entoure. Ne sommes-nous pas nous-mêmes, un fils ou une fille aveugle spirituellement pour ne pas dire un total infirme spirituel depuis notre naissance, quelqu’un parmi nous serait-il né dans un état de christ parfait, le Psalmiste nous rappelle que  « ma mère m’a conçue sous le joug du péché », alors courrons vers Celui qui seul peut et veut nous sauver, réjouissons-nous de cette grâce inestimable que représente notre Eglise, pleine de sagesse, de beauté et de vérité.  

 

Jésus rencontrant l’aveugle-né lui dit « crois-tu au Fils de l’homme » ? Il répondit « et qui est-il Seigneur, pour que je croie en lui » ?  Jésus lui dit « tu le vois, celui qui te parle, c’est lui », alors le « clairvoyant » déclara « je crois Seigneur et il se prosterna devant Lui ». Sans développer ici plus en profondeur ce merveilleux passage de l’homme aveugle-né à celui d’homme spirituel et clairvoyant, ce dialogue montre la progression intérieure qui fait émerger la lumière du sein même des ténèbres, mais soyons sans illusion aucune, sans désir réel de recevoir la vraie lumière ou tout autre don spirituel, les ténèbres du cœur non purifié et sanctifié engendreront d’autres ténèbres.

 

Croire au Fils de l’homme est le fondement initial nécessaire pour commencer à élaborer la vie orthodoxe, disons avec le Centurion « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », et pour cultiver et féconder en nous notre terre religieuse, il est nous est très bon de venir, de voir et de participer avec assiduité à la vie liturgique de l’Eglise qui nous donne de contempler la vie et les œuvres du Seigneur. Suivons le Seigneur Jésus et selon sa promesse, il nous sera donné « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu a réservé à ceux qui l’aiment ».

 

L’amour du Dieu et Homme parfait pour sauver l’humanité tombée sous les coups morbides et mortifères des passions mondaines, se révèle dans l’humilité indicible de son incarnation comme homme parmi les hommes, si saint Paul déclare « s’être fait grec avec les grecs et juifs avec les juifs, pour en sauver quelques uns », notre Seigneur Jésus-Christ s’est fait « homme parmi les hommes pour proposer le salut à tous », le prêtre malgré toutes ses faiblesses essaye à l’image du Christ de se faire « homme avec les Fidèles pour que Dieu nous sauve » voici nous dit le saint et charismatique Rabbin Jésus « Je viens à toi Jérusalem, c’est à dire à toi Eglise, assis sur un ânon le petit d’une ânesse », cette promesse est la gloire et la vocation que « l’Eglise nouvel ânon » porte au cœur de l’humaine condition, alors soyons là pour l’accueillir.  

 

Au Père de la Lumière, au Fils Lumière incarnée et à l’Esprit d’illumination éternelle, soit la gloire dans les siècles de siècles, amen.

 

+ Syméon

 

samedi 17 mai 2025

La Samaritaine

 

(Jean  4, 5 – 42)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Samaritaine, et nous voyons à l’évidence combien le Seigneur aime et bénit la femme comme médiatrice de sa pédagogie providentielle et spirituelle, dont la plénitude d’accomplissement est réalisée par Marie la Mère du Seigneur. De même que le Maître divin a fait de pêcheurs Galiléens illettrés, des maîtres de sagesse, de même fait-il avec cette femme Samaritaine dont le questionnement lui permet de la faire traverser à partir d’elle et jusqu’en elle, de l’extérieur à la plus profonde intériorité, la voie qui lui donne de pressentir que cet homme fatigué et assis là, au bord du puits est le Saint d’Israël, le Saint Messie qui lui fait toucher à elle, une Samaritaine, par l’expérience immédiate quelque chose de ce que peut être l’adoration du Père en esprit et en vérité.

 

Les disciples arrivent et s’étonnent de ce que Jésus parle à une femme et Samaritaine de surcroît, ils ne comprennent pas et n’osent pas non plus poser de questions, et voici que cette Samaritaine ose poser des questions et en attend des réponses, qu’elle obtient, dans la simplicité de sa foi envers la religion de ses Ancêtres. Elle pose  les bonnes questions et reçoit les bonnes réponses. Une bonne réponse n’est pas celle qui clôt une fois pour toute notre cheminement vers nous-mêmes et vers Dieu, une bonne question maintient le chemin ouvert et vivant et nous dit, va avec confiance vers toi-même, et c’est exactement ce dont témoigne la Samaritaine.

 

Permettez-moi de dire quelque chose du mystère spirituel concernant la création d’Eve, qui est bien sûr aussi le mystère qui appartient naturellement à toute femme, dont le fruit magnifique entre tous a été d’engendrer le Dieu vivant dans les entrailles de Marie. Vous savez que Dieu a créé Adam en le modelant à partir de la terre sainte du Paradis et qu’ensuite IL lui a insufflé l’esprit pour que l’homme devienne une âme vivante, mais contemplez maintenant comment Dieu a crée Eve, qui signifie Mère des vivants, parce que justement elle n’a pas été tirée et modelée de la terre encore inerte et sans vie comme Adam, mais elle est née directement de la Nature humaine vivante, sans génération charnelle, cette même Nature que recevra notre Sauveur en s’incarnant de Marie, ne pensons pas seulement avec la raison un si grand mystère, mais comme la Samaritaine, tenons-nous devant le Seigneur et demandons lui de nous enseigner qui IL est en esprit et en vérité ?

 

Les mystères du Christ sont si profonds dans leur simplicité, que le seul fait d’en parler même à minima, peut engendrer en nous un début d’adoration en esprit et en vérité envers le Père, comme nous y encourage le Christ. En esprit, c'est-à-dire spirituellement par la recherche constante de la communion intérieure avec la Divine Trinité en Christ, en vérité, par la plénitude de ce que nous sommes en tant que personne incarnée, c'est-à-dire de tout notre être et par toute notre vie.

 

La stérilité spirituelle est liée au fait que nous vivons de manière dissociée et fractionnée, parce que nous excluons telle ou telle réalité comme incompatible avec l’idée que nous nous faisons de la vie intérieure, et la Samaritaine nous montre au contraire qu’il ne faut pas exclure mais inclure notre quotidien dans notre recherche de Dieu, pour que Dieu puisse purifier et sanctifier toute notre existence. Le Christ est la Voie, mais en quoi est-il responsable de mes errances individuelles ? Il est la Vérité, mais en quoi est-il responsable de mes ignorances ? Il est la Vie, mais en quoi est-il responsable si je me contente de survivre ? Beaucoup l’ont trouvé coupable de tous leurs malheurs au point de le crucifier, parce qu’ils jugeaient blasphématoire de vouloir élever l’humanité à la même hauteur que Dieu et cela dans la grâce et la beauté. Alors, ils ont préféré le tuer au-dehors et en eux-mêmes, pourvu qu’IL se taise car qui peut supporter une telle parole « vous êtes des dieux ». La Samaritaine commence par s’étonner mais finit par s’émerveiller de ressentir ce qu’elle est dans la parole et le regard de cet étrange Prophète, assis là au bord du puits dans l’apparence banale et extérieure d’un homme fatigué.

 

Le Christ ne lui reproche pas d’être pécheresse parce qu’elle a eu cinq maris et que l’actuel compagnon n’est pas le sien, Il bénit le désir de vivre, d’aimer et de connaître qu’il a discerné chez cette femme, désir qui palpite dans les profondeurs de son être véritable. Qui parmi nous n’a jamais ressenti au tréfonds de lui-même, la présence de cette source vive qui pétille et qui ne demande qu’à couler en nous pour nous vivifier ? Ne sommes-nous pas dans l’Eglise justement pour découvrir cette réalité en nous ? L’Eglise est au cœur de ce puits où se trouve aussi le Seigneur de Gloire, dont le visage lumineux se reflète dans l’eau pure de notre profondeur. L’Eglise est ce puits hospitalier au bord duquel chacun d’entre nous peut s’asseoir, lorsque fatigué et chargé parfois par l’aventure de notre vie nous ressentons le désir de rencontrer Dieu ou l’autre en Dieu. Voulons-nous connaître, comment et pourquoi Dieu nous invite encore et encore à Son banquet nuptial. IL veut que chacun et chacune d’entre nous, soit l’invité unique de Son Royaume en Sa Présence, que cette rencontre se fasse autour du puits spirituel dans l’amour, la beauté et la vérité.

 

La Divine Liturgie et les saints Offices de l’Eglise Orthodoxe possèdent comme un trésor inestimable ces Dons du Père Céleste, que la Divine Trinité offre à toute personne qui les désire librement, ces saints mystères du Christ nous sont donnés pour qu’à travers eux nous devenions roi, prêtre et prophète, que nous passions peu à peu du statut de serviteur à l’expérience d’ami de Dieu. Ne pensons pas qu’une telle adoration de Dieu en esprit et en vérité est prévue uniquement pour la vie éternelle à venir, non ! Cette expérience est accessible ici et maintenant, ah bon, direz-vous peut-être étonné, avant de vous émerveiller, vous aussi comme la Samaritaine. Voulez-vous la preuve indiscutable que cette adoration est réellement co naturelle à l’homme crée à l’Image de Dieu, qu’elle est inscrite dans le patrimoine spirituel de l’humanité ? Eh bien, cette expérience est tout simplement le témoignage que nous offre tout homme et toute femme ayant acquis la sainteté.

 

Pour que cette adoration se réalise, il nous faut non seulement imiter la Samaritaine, mais passer du témoignage de l’autre, des autres, à l’expérimentation de la rencontre personnelle avec le Christ, et ceci peut s’acquérir en participant à la célébration de la Divine Liturgie. C’est dans l’Eglise que nous allons peu à peu goûter combien le Seigneur est bon et doux, voir combien Il est beau et que la Grâce est répandue sur ses lèvres, entendre combien Il nous appelle sans cesse par ces paroles « où es-tu mon bien-aimé, où es-tu ma colombe ? », toucher combien Il se donne dans Ses énergies incréées pour nous soutenir à chaque instant, sentir combien est enivrant le parfum de la vie spirituelle en Christ. De nouveau je demande, quels mots trouver ou inventer pour nous transmettre l’Amour de Dieu, pour nous témoigner combien chacun et chacune est inestimable et irremplaçable dans le cœur du Père.

 

Réjouissons-nous, chantons, célébrons et fêtons de tout notre être la Divine Trinité, car qui peut croire un seul instant que Dieu veut faire autre chose que d’aimer son prochain, et ce prochain c’est l’humanité. Oui nous sommes le seul prochain que Dieu désire ardemment de toute Sa divinité comme ami intime et éternel. Je vous le demande humblement, prions ensemble, bénissons-nous, afin que Dieu nous donne de devenir capable de porter de telles grâces éternelles déjà en ce monde.

 

Prions ensemble dans et pour la sainte Eglise orthodoxe qui est la splendeur des splendeurs déposée par Dieu au milieu de l’humanité, alors ne laissons passer aucun « dimanche » sauf raison impérieuse sans participer à la Divine Liturgie Ne nous arrêtons pas aux apparences extérieures ni entre nous ni envers l’Eglise, mais pénétrons avec une humble audace en nous-mêmes et dans L’Eglise pour y puiser au Nom de Jésus, l’eau vive qui régénère et guérit toute infirmité spirituelle, et qu’à l’image de notre saint Christ, nous devenions nous aussi des êtres transfigurés par la lumière éternelle du Thabor spirituel qui est l’Amour de Dieu.

 

Au Père qui est la Source et le puits insondable de la Vie, au Fils qui y puise pour nous les grâces éternelles et à l’Esprit qui répand sur nous Ses bénédictions d’eau et de feu spirituelles, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon