(Luc : 13,10 à 17)
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen
Aujourd’hui, l’Église orthodoxe nous invite à être les témoins vivants, de la miséricorde infinie du Dieu Amour envers sa créature souffrante, le Maître Céleste, ému de compassion envers cette femme courbée sous le joug de Satan depuis dix-huit ans, décide de la délier des chaînes sataniques et de la dureté pleine d’hypocrisie de prêtres de la Synagogue.
L’Évangile nous dit : « en ce temps-là, Jésus enseignait dans une Synagogue le jour du Shabbat. Or il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme : elle était toute courbée et ne pouvait aucunement se redresser ». Jésus est là et il enseigne un jour de saint Shabbat, de quoi parle t-il ? Il parle de la Bonne Nouvelle que proposent la « Thora et les saints Prophètes », et qui est la présence de Dieu parmi les hommes pour le salut de l’humanité. La parole du Seigneur est créatrice et peut renouveler notre être et notre vie, mais pour qu’elle soit pleinement efficace, il est indispensable de lui ouvrir notre cœur pour que la grâce puisse engendrer en nous et avec nous, la vie divino-humaine.
Combien d’humiliations cette femme a-t-elle subie de la part de prêtres ou du regard de tant de gens indifférents à son sort, combien sont prompts à penser que ce qui lui arrive est sans doute mérité à cause de ses péchés. Mais voilà que le Seigneur Jésus va vers elle, avec un cœur aimant et pose sur elle, ses mains saintes, car elle aussi est une fille d’Abraham, elle aussi est appelée à recevoir le « Messie » promis par les Prophètes. Que se passe t-il alors ? Jésus en la délivrant, la relève et la voilà debout, face à face avec lui le Dieu-Homme, il la restaure dans sa pleine beauté et pleine liberté des enfants de Dieu. Il lui donne à nouveau toute sa place dans l’espérance d’Israël, dans la Synagogue et dans la vie. Et voici que cette femme, qui peut regarder Jésus dans les yeux, se voit telle que Dieu lui-même la voit, elle y découvre l’amour de Dieu envers elle et se met à rendre gloire à Dieu.
« Mais le chef de la Synagogue, indigné de ce que Jésus eût opéré une guérison le jour du Shabbat, prit la parole et dit à la foule : il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du Shabbat ».
Le saint Shabbat, que ce soit dans la Synagogue ou dans l’Église consiste à donner l’hospitalité à Dieu, que signifie donner l’hospitalité à Dieu ? Cela signifie accomplir la parole du Christ : « ce que vous aurez fait à l’un de vos frères, c’est à Moi que vous l’avez fait », accueillir Dieu, c’est d’abord accueillir l’homme. Le Shabbat est aussi une icône du repos de Dieu après la Création, d’où cette invitation de Dieu lui-même à nous arrêter après une semaine de travail, car le Shabbat spirituel sera le repos éternel et vivifiant dans le Royaume de Dieu au sein de la Divine Trinité.
Le Shabbat religieux, ce repos si précieux en Dieu, est un mystère ecclésial qui touche au plus profond de la vie humaine et nous prépare dans l’Église à la rencontre de Dieu avec l’homme. Mais nous savons que le Shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le Shabbat, ceci signifie que la « personne », telle que créée par Dieu à l’origine est supérieure à toutes les fonctions, y compris religieuses et rituelles, et c’est le sens de cette autre parole du Seigneur : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ».
En vérité, Dieu s’est incarné pour relever l’humanité courbée, tentée, tombée et asservie par la malice satanique? La nostalgie divine envers l’homme son bien-aimé est toujours actuelle depuis la chute et l’expulsion de nos ancêtres du Paradis, notre Père Céleste espère toujours le retour de l’humanité prodigue. C’est pourquoi, la Divine Trinité engendre la sainte et si précieuse Église orthodoxe-Corps du Christ, afin qu’en elle, la parole créatrice du Seigneur retrouve tout son sens.
De même que Satan persécute cette femme jusqu’à la courber et la déformer, de même fait-il avec notre âme pour nous détourner de Dieu, il essaye de nous séduire sans cesse par des nuées de pensées troubles, de nous faire parler encore et encore de tout et de rien et surtout de rien car il ne sait que mentir, de nous agiter dans tous les sens pour nous désorienter et nous éloigner de Celui qui nous dit « Je suis le chemin, la vérité et la vie », il nous faut donc cultiver la vigilance spirituelle avec un esprit éveillé.
C’est pourquoi Dieu nous a donné l’Église, pour que par la grâce du Fils et de l’Esprit, l’humanité se redresse peu à peu, retrouve sa vocation à la déification, et se dirige vers la vie éternelle à venir dans le Royaume de Dieu. Alors venons dans l’Église pour célébrer, louer et adorer Dieu, le prier encore et encore, de nous donner de cultiver le repos spirituel intérieur, afin que nous puissions vivre et être à même d’incarner en nous l’enseignement de Jésus, notre unique Seigneur et Maître.
Au Père de l’humanité, au Fils médecin de nos âmes et de nos corps, au Saint-Esprit notre baume spirituel, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.
+ Syméon