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samedi 13 décembre 2025

La femme courbée.

 


(Luc : 13,10 à 17)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen 

 

 

Aujourd’hui, l’Église orthodoxe nous invite à être les témoins vivants, de la miséricorde infinie du Dieu Amour envers sa créature souffrante, le Maître Céleste, ému de compassion envers cette femme courbée sous le joug de Satan depuis dix-huit ans, décide de la délier des chaînes sataniques et de la dureté pleine d’hypocrisie de prêtres de la Synagogue.

 

L’Évangile nous dit : « en ce temps-là, Jésus enseignait dans une Synagogue le jour du Shabbat. Or il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme : elle était toute courbée et ne pouvait aucunement se redresser ». Jésus est là et il enseigne un jour de saint Shabbat, de quoi parle t-il ? Il parle de la Bonne Nouvelle que proposent la « Thora et les saints Prophètes », et qui est la présence de Dieu parmi les hommes pour le salut de l’humanité. La parole du Seigneur est créatrice et peut renouveler notre être et notre vie, mais pour qu’elle soit pleinement efficace, il est indispensable de lui ouvrir notre cœur pour que la grâce puisse engendrer en nous et avec nous, la vie divino-humaine.

 

Combien d’humiliations cette femme a-t-elle subie de la part de prêtres ou du regard de tant de gens indifférents à son sort, combien sont prompts à penser que ce qui lui arrive est sans doute mérité à cause de ses péchés. Mais voilà que le Seigneur Jésus va vers elle, avec un cœur aimant et pose sur elle, ses mains saintes, car elle aussi est une fille d’Abraham, elle aussi est appelée à recevoir le « Messie » promis par les Prophètes. Que se passe t-il alors ? Jésus en la délivrant, la relève et la voilà debout, face à face avec lui le Dieu-Homme, il la restaure dans sa pleine beauté et pleine liberté des enfants de Dieu. Il lui donne à nouveau toute sa place dans l’espérance d’Israël, dans la Synagogue et dans la vie. Et voici que cette femme, qui peut regarder Jésus dans les yeux, se voit telle que Dieu lui-même la voit, elle y découvre l’amour de Dieu envers elle et se met à rendre gloire à Dieu. 

 

« Mais le chef de la Synagogue, indigné de ce que Jésus eût opéré une guérison le jour du Shabbat, prit la parole et dit à la foule : il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du  Shabbat ».

 

Le saint Shabbat, que ce soit dans la Synagogue ou dans l’Église consiste à donner l’hospitalité à Dieu, que signifie donner l’hospitalité à Dieu ? Cela signifie accomplir la parole du Christ : « ce que vous aurez fait à l’un de vos frères, c’est à Moi que vous l’avez fait », accueillir Dieu, c’est d’abord accueillir l’homme. Le Shabbat est aussi une icône du repos de Dieu après la Création, d’où cette invitation de Dieu lui-même à nous arrêter après une semaine de travail, car le Shabbat spirituel sera le repos éternel et vivifiant dans le Royaume de Dieu au sein de la Divine Trinité.

 

Le Shabbat religieux, ce repos si précieux en Dieu, est un mystère ecclésial qui touche au plus profond de la vie humaine et nous prépare dans l’Église à la rencontre de Dieu avec l’homme. Mais nous savons que le Shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le Shabbat, ceci signifie que la « personne », telle que créée par Dieu à l’origine est supérieure à toutes les fonctions, y compris religieuses et rituelles, et c’est le sens de cette autre parole du Seigneur : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ».

 

En vérité, Dieu s’est incarné pour relever l’humanité courbée, tentée, tombée et asservie par la malice satanique? La nostalgie divine envers l’homme son bien-aimé est toujours actuelle depuis la chute et l’expulsion de nos ancêtres du Paradis, notre Père Céleste espère toujours le retour de l’humanité prodigue. C’est pourquoi, la Divine Trinité engendre la sainte et si précieuse Église orthodoxe-Corps du Christ, afin qu’en elle, la parole créatrice du Seigneur retrouve tout son sens.

 

De même que Satan persécute cette femme jusqu’à la courber et la déformer, de même fait-il avec notre âme pour nous détourner de Dieu, il essaye de nous séduire sans cesse par des nuées de pensées troubles, de nous faire parler encore et encore de tout et de rien et surtout de rien car il ne sait que mentir, de nous agiter dans tous les sens pour nous désorienter et nous éloigner de Celui qui nous dit « Je suis le chemin, la vérité et la vie », il nous faut donc cultiver la vigilance spirituelle avec un esprit éveillé.

 

 C’est pourquoi Dieu nous a donné l’Église, pour que par la grâce du Fils et de l’Esprit, l’humanité se redresse peu à peu, retrouve sa vocation à la déification, et se dirige vers la vie éternelle à venir dans le Royaume de Dieu. Alors venons dans l’Église pour célébrer, louer et adorer Dieu, le prier encore et encore, de nous donner de cultiver le repos spirituel intérieur, afin que nous puissions vivre et être à même d’incarner en nous l’enseignement de Jésus, notre unique Seigneur et Maître.

 

Au Père de l’humanité, au Fils médecin de nos âmes et de nos corps, au Saint-Esprit notre baume spirituel, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

samedi 6 décembre 2025

Le Thésauriseur


(Luc 12, 16 à 21)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, L’Évangile nous donne de méditer sur l’attitude immature d’un thésauriseur et d’en tirer un profit spirituel pour éviter de sombrer dans la même attitude qui ne porte aucun fruit spirituel dans ce monde où les divers avoirs prennent la place au détriment de l’être créé

par Dieu. Le Seigneur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté, et il se demandait en lui-même : Que vais-je faire ? Car je n’ai pas d’entrepôt où loger ma récolte ».

 

Saint Paul dit dans l’épître de ce jour: «  Jadis vous étiez ténèbres, mais aujourd’hui vous êtes lumière dans le Seigneur », l’homme de cette parabole est toujours enlisé dans les ténèbres, pourquoi ? Parce que son âme est attachée passionnément à la terre, Il s’ampute ainsi de sa dimension spirituelle et en oublie sa vocation contemplative qui pourrait le relier à Dieu et à sa propre et véritable humanité. Il reproduit à sa manière l’antique adoration du veau d’or dans le désert. Quel est en vérité, le péché engendré par le veau d’or ? C’est l’adoration des idoles sans vie de ce monde, la quête exagérée de l’argent et des plaisirs éphémères qui s’opposent à la rencontre de l’homme avec Dieu, de l’homme avec l’Eglise, et par extension de l’homme avec lui-même. 

 

Il nous faudra donc si nous voulons vivre selon l’esprit de l’Orthodoxie, apprendre à discerner avec l’intelligence du cœur quelle richesse nous devons cultiver sans jamais nous lasser, et cette richesse divino-humaine, ce trésor de grâce éternelle, c’est de cultiver « l’amour de Dieu et du prochain ». Acquérir la « grâce d’aimer », personne ne dira que c’est facile, mais telle est pourtant l’œuvre spirituelle et existentielle de « l’être orthodoxe ». Ouvrage à remettre sans cesse sur le métier de l’humaine condition comme une icône de la vie du Christ, car nous ne serons jamais plus grand que « L’Amour, c’est à dire la Divine Trinité ». Non, les richesses de ce monde ne sont pas du tout maudites mais bien bénies, si elles sont mises au service de notre humanité au nom de Dieu, et non perverties par des pensées insensées, soumises aux peurs et réactions irrationnelles de nos âmes désorientées et de nos désirs impératifs et insatiables.

 

Mais la véritable et unique richesse que Dieu lui-même désire, n’est-ce pas tout simplement « l’homme lui-même », aussi unique que Dieu lui-même, notre vocation n’est-elle pas de devenir par grâce ce que Dieu est par nature, à savoir une « personne déifiée » ! La très sainte nativité approche, alors  préparons-nous à apporter à « L’Enfant Divin, non seulement la myrrhe, l’encens et l’or », mais offrons lui notre corps pour qu’il en fasse son temple, notre âme pour qu’il en fasse sa prière, notre esprit pour le contempler et notre cœur pour l’aimer. Voilà les richesses qui ne seront perdues ni en ce monde ni dans le Royaume de Dieu.

 

Le Seigneur nous dit encore et encore que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende » pour entendre en esprit et en vérité, il faut commencer par appendre à écouter vraiment ce que l’Esprit de Dieu dit à l’Eglise, à quel moment l’Esprit-Saint nous parle t’il ? Dans la sainte célébration de la Divine Liturgie qui contient tous les mystères du Royaume des Cieux, mais pour écouter il nous faut faire silence dans nos pensées et participer avec concentration à l’œuvre liturgique. Être présent dans l’Église sans tension ni laxisme, cultiver un esprit de prière communautaire et personnel pour glorifier la sainteté absolue de Dieu qui est avec nous et au milieu de nous et qui se donne pleinement à chacun et chacune par « son Corps et son Sang divino-humain » comme nourriture essentielle et éternelle.  

 

L’Eglise est la plus belle icône du Royaume de Dieu, rien ne peut lui être comparé, elle est la  grande grâce proposée à l’humanité aujourd’hui comme elle l’était par le passé et comme elle le sera pour l’avenir, prions Dieu de nous donner l’expérience concrète de cette immense et sainte réalité, afin que nous connaissions l’œuvre salutaire du Seigneur Jésus.

 

Mais notre saint Dieu, que dit-il à cet homme sans intelligence spirituelle : « insensé, cette nuit même, tu vas mourir et ce que tu as amassé, qui l’aura » ? Le Seigneur nous montre ici, que celui qui est riche à l’image de cet homme, est en vérité dans une grande misère et déjà près de la mort, que son âme est malade et déjà agonisante, pourquoi ? Parce que ce qui nourrit un tel « individu », ce sont de fausses nourritures incapables de le préparer à la vie éternelle, afin que Dieu le sauve. Ainsi se vérifie cette autre parole du Christ : « à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il croyait avoir », à sa mort cet homme aura tout perdu en se perdant lui-même, seul ce qui est donné par Dieu durera et ce « Don », n’est ce pas Dieu lui-même, Dieu seul ? Et où Dieu se donne t’il ? Je le répète encore et encore, IL se donne dans l’Église, alors soyons  avec Lui dans l’Église.

 

C’est pourquoi saint Paul nous écrit : « éveille toi, toi qui dors, lève toi d’entre les morts, et sur toi resplendira le Christ ». C’est à dire, sors de tes modes de fonctionnement morbides et mortifères, cesse de te complaire dans tes richesses matérielles ou faussement spirituelles, libère-toi de tes illusions infantiles et va vers l’unique source de la vie notre Seigneur Christ qui t’illuminera de sa beauté et de sa vérité.

 

Au Père Créateur de l’Univers, au Fils qui nous fait cohéritiers de tous ses biens divino-humains et au Saint Esprit qui fait fructifier en nous les richesses célestes, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon