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dimanche 23 février 2025

Le Jugement dernier

 


(Matthieu 25, 31 – 46)

 

 

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Aujourd’hui, s’accomplit pour chacun et chacune d’entre nous ce que l’Evangile vient d’annoncer, à savoir la venue du Roi de Gloire et notre jugement, c'est-à-dire que l’Esprit de Dieu nous inspire de discerner dans quel état spirituel nous sommes, afin de ne pas communier au Corps et au Sang du Christ pour notre condamnation, mais pour la guérison de notre âme et de notre corps.

 

Vous savez que ce Jugement de Dieu a commencé dès la Chute dans le Paradis et que depuis, l’humanité est devenue ce grand corps souffrant dont chacun d’entre nous est porteur. Depuis la Chute, nous portons les signes de notre séparation d’avec Dieu et voici que chacun d’entre nous se retrouve spirituellement nu, malade, affamé, assoiffé, emprisonné,  étranger à lui-même et éloigné de la communion avec Dieu ; et l’ennemi du genre humain continue de se servir du vieil homme en nous pour perpétuer notre aliénation psychosomatique. L’Eglise orthodoxe continue à témoigner de la Présence de la Divine Trinité qui sonde les reins et les cœurs, non pour nous punir mais pour nous purifier et nous sanctifier. Entrer dans l’Eglise, c’est pénétrer spirituellement dans le Saint des saints, et nous inviter à prendre conscience de l’état de notre robe nuptiale, c’est à dire de notre préparation spirituelle avant de participer au Banquet eucharistique.

 

Symboliquement, nous pouvons considérer qu’il y a une unité spirituelle entre notre corps-temple de l’Esprit-Saint, l’Eglise corps du Christ et le Royaume de Dieu ; cette unité signifie qu’il y a lien religieux toujours possible entre Dieu et l’homme mais aussi entre l’homme et l’homme. Le Royaume de Dieu est la véritable patrie de l’humanité rachetée par le Christ et l’Eglise représente les portes royales par lesquelles nous apprenons à voyager vers Celui qui ne cesse d’espérer le retour de l’humanité prodigue. C’est pourquoi le Seigneur Christ nous dit cette parole : « En vérité, je vous le dis, ce que vous aurez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait » ? Cela veut dire que tout être humain est un de ces « petits » et un « christ » en puissance et qu’il porte en lui toute la sagesse théologique par laquelle il peut devenir « un vivant », se détourner de l’un de ces petits que sont nos frères et sœurs en humanité, c’est comme s’abandonner soi-même et rompre l’humaine condition qui nous est consubstantielle. Ces petits ne sont pas seulement l’autre, ils sont icones et métaphores dans l’homme de son corps, de son âme, de son esprit et de son cœur qui a vocation d’unifier l’être par l’amour et la vérité.

 

Un de ces petits est donc le « corps », qui se retrouve nu si nous oublions qu’il a permis à Dieu lui-même de s’incarner et de naître parmi nous, tout comme il nous permet d’incarner notre dimension spirituelle, il est une pierre vivante pour édifier en lui notre vie extérieure et intérieure. Etre nu, c’est cultiver en nous des modèles psychiques sans consistance qui ne sont que des idoles caricaturales et vides d’où l’homme réel est absent et comme englouti dans le marasme des pensées stériles incapables d’accueillir la présence divine, et qui comme pour Adam et Eve nous obligent à nous cacher devant la Face du Seigneur à cause des tourments qu’inflige à notre âme désorientée le vieil homme et la vacuité des fantasmes du monde.

 

Un autre de ces petits est notre « âme » qui s’étiole si elle n’est pas vivifiée par la louange divine qui seule peut cultiver en nous le goût de la vie en Dieu, avec Dieu et pour Dieu, elle a vocation d’aimer et d’être aimée, car dit le Psalmiste : « Qu’il est doux, qu’il est bon pour des frères et des sœurs de vivre ensemble ». Le monde peut-il donner ce qu’il n’est pas et ce  qu’il n’a pas ? Peut-il rassasier et désaltérer les affamés et assoiffés de l’essentiel qui est ce désir spirituel naturel qui habite l’être crée par Dieu.

 

Un autre de ces petits est notre « esprit », qui est malade si nous laissons la vaine sagesse du monde et des modes spiritualistes nous envahir et en faire un infirme spirituel aveugle et sourd, au lieu de lui apprendre à contempler notre Seigneur. Nous pouvons chacun et chacune trouver en nous ce qui nous mérite le reproche de dénuder, affamer, assoiffer, rendre malade et emprisonner le Christ en nous et dans notre prochain. La thérapie ici, c’est l’accomplissement  avec l’aide de Dieu, de l’Eglise et des uns avec les autres de l’enseignement du Christ : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain comme toi- même ».

 

Peut-être demanderez-vous, comment convertir en moi ce qui me persécute et m’empêche de bénir le Christ, et sauver avec sa grâce ces petits qui m’implorent du fond de mes entrailles ? L’ascèse qui convient ici, c’est de mettre en œuvre les « Béatitudes », demander sans se décourager à Dieu la grâce de cultiver en nous la triade spirituelle donnée à l’humanité en Adam, c'est-à-dire, « apprendre à vivre en roi, en prêtre et en prophète ». Apprendre à gouverner ma vie à l’image du Roi des rois, c'est-à-dire par l’humilité, ne pas asservir l’autre ni servir ma volonté propre mais servir la sainte Eglise du Christ et faire l’unique volonté du Père Céleste. Prêtre, pour nous bénir les uns les autres, intercéder les uns pour les autres, concélébrer les uns avec les autres, afin que notre vie devienne peu à peu une icône de la vie des Personnes Divines. Prophète, pour ne pas oublier que notre vie en ce monde devrait devenir une sainte Pâque, notre passage spirituel vers le Royaume de Dieu, pour nous annoncer sans nous lasser la Bonne Nouvelle de l’Evangile de Vie, pour refuser enfin de nous laisser aliéner par les pensées, les paroles et les actes psychiques infusées en nous par la voracité du monde.

Maintenant, si je prends pleinement conscience de ce que je suis en vérité dans le cœur du Père, alors je peux pressentir quelque chose de la sainteté de la Divine Liturgie et de l’Eglise, de la Sainteté de Dieu et de ma propre vocation à la sainteté, je pressens que je ne peux répondre à une telle réalité spirituelle que si je désire avec ardeur et ferveur, être non pas juste une individualité revendicatrice, mais une personne qui veut librement vivre une véritable communion avec Dieu et avec l’autre. Comment Dieu connaissant mes faiblesses psychiques et charnelles, veut-Il m’aider à devenir une telle personne spirituelle ? En me revêtant de splendeur et de majesté, afin que je sois par grâce ce que Lui Dieu est par Nature, c'est-à-dire, en me faisant participant de Ses Energies divines. Où et comment ? Par la concélébration de la Divine Liturgie des Saints Mystères du Christ.

 

Pour que je puisse grandir comme notre « saint Christ en grâce, en beauté et en sagesse devant Dieu et parmi les hommes », dans l’Eglise et dans la vie quotidienne, Dieu vient personnellement, Lui, doux et humble de cœur, vers chacun et chacune d’entre nous, pour demander si « je » veux Lui accorder l’hospitalité intérieure. Et tout comme les rois mages étaient venus s’agenouiller devant l’Enfant Divin pour lui offrir l’or, l’encens et la myrrhe, voici que notre saint Christ, si j’ose dire, se met à genoux devant chacun et chacune d’entre nous, certes non pas pour nous adorer, mais pour déposer à nos pieds, les dons du Saint-Esprit. Nous les goûterons si nous apprenons à mettre en pratique : « l’amour, la joie, la paix, la douceur, la patience, la maîtrise de soi », qui sont les saints et spirituels ornements sacerdotaux et la matière spirituelle de la sainte robe nuptiale de la « foi » pour aller célébrer et communier aux saints Mystères de l’Eglise et du Royaume du Christ.

 

Que Dieu notre Père et Roi Eternel, nous bénisse par notre Christ l’unique et seul Grand Prêtre et par l’Esprit prophète qui nous annonce que l’Amour ne passera pas, à la Divine Trinité soit la Gloire dans siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

dimanche 9 février 2025

Le Pharisien et le Publicain.

 

(Luc, 18, 10 à 14)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

  

 

 Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à méditer sur la manière de prier Dieu, et nous montre deux hommes qui sont montés au Temple de Jérusalem pour prier, l’un est pharisien et l’autre publicain.

 

Pharisien signifie « celui qui est séparé » du milieu du peuple pour accomplir la volonté divine qui consiste à être au service dans la Synagogue de ce même peuple, mais ici, ce pharisien n’est tourné que vers lui même dans une autosatisfaction stérile aggravée par le fait qu’il juge le publicain. C’est Isaïe le prophète qui en 59, 2 nous enseigne la véritable séparation que tout croyant pieux doit établir pour être justifié, que dit-il ? « Mais ce sont vos fautes qui ont creusé un abîme entre vous et votre Dieu. Vos péchés ont fait qu’il vous cache sa Face et refuse de vous entendre ».

 

Ce que Isaïe dit, le Seigneur le confirme et le résume de manière simple et parfaite par cette parole « car tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s‘abaisse sera élevé », abaissé ne signifie pas se rabaisser et se traiter comme un moins que rien, la parole du Seigneur est ici à entendre comme un conseil spirituel d’importance, à savoir que le socle de la prière doit être enraciné dans l’humilité sans laquelle nul ne verra le Seigneur, n’est-il pas écrit « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », or acquérir un cœur pur reste inaccessible à tout « pharisien » qui ne cherche pas d’abord à se séparer et à se purifier de ses péchés et de ses passions.

 

Si donc, je veux entendre le Seigneur « me » dire que je suis justifié, il me faut cultiver avec persévérance l’ascèse de la purification de mes péchés et de mes passions contraires à l’esprit de la prière véritable. Mais tout comme, c’est un péché de juger et pire de condamner l’autre, il n’est pas plus judicieux de me condamner moi-même à partir de ce que je « crois « connaitre de moi, la clé de ce discernement personnel indispensable concernant mon chaos intérieur, c’est justement le publicain qui nous en donne la direction propice, que fait-il ? Il se tourne vers Dieu dans la synagogue pour se confesser dans l’humilité de son âme meurtrie par le péché, imitons-le et confessons nos péchés au Seigneur dans l’Eglise à travers le prêtre.  

 

La confession est donc ce qui peut par la grâce divine nous révéler à nous-mêmes et nous permettre de nous connaître sans désespérer de notre condition pécheresse car Dieu est Amour et ne « veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive pleinement ». Si tout  « publicain » repentant peut être justifié par le Christ, il n’est pas sauvé pour autant, d’ailleurs l’Ecriture ne dit pas que le publicain a reconnu Jésus comme le Messie prophétisé à Israël, à lui de se mettre à l’écoute de la parole de la Torah et de pratiquer la conversion intérieure en vue de reconnaître le Rabbi Jésus par la mise en œuvre de l’ascèse prônée par le Christ.  

 

Le pharisien tourné vers Dieu lui dit : « Je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain, etc.. », il est persuadé que le seul fait d’être pharisien et d’accomplir les commandements de la loi mosaïque suffit à être selon le cœur de Dieu et pourquoi donc devrait-il faire encore d’autres efforts. Mais un pharisien est censé connaître tout ce qui est enseigné par cette même Torah mosaïque et en particulier ce que dit le saint prophète Isaïe nommé au début de cette petite homélie et qui souligne les raisons de la séparation de l’homme avec Dieu et en vérité même avec la Synagogue.

 

Dieu lui-même à travers le prophète Isaïe en 45, 22  enseigne non seulement au peuple Juif mais à tous les hommes et femmes de bonne volonté qu’il ne suffit pas d’être justifié mais « tournez-vous vers Moi et vous serez sauvés », c’est donc pour notre « salut » que nous sommes appelé à croire en Jésus, à prier et à nous repentir, c’est le sens spirituel de la sainte prière liturgique et personnelle.

Saul/Paul est le témoignage d’une véritable conversion spirituelle bien qu’il ait persécuté les chrétiens de son époque considérés comme une « nouvelle secte », Saul était un pharisien et rabbin parfaitement instruit et élevé dans la « loi mosaïque », il était le disciple du fameux rabbin Gamaliel dont nous parle les Actes des Apôtres et qui eût cette parole inspirée dans les Actes 5, 18/19 « ...ne vous occupez pas de ces gens-là, car si leur parole ou leur œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même...mais si elle est réellement de Dieu, vous n’arriverez pas à  les détruire...alors ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu », mais Gamaliel n’aura pas su lui-même discerner que cette œuvre était vraiment divino-humaine et son adhésion à cette doctrine apostolique lui est restée fermée.

 

Pour les zélotes de la « Loi religieuse », le publicain était vu comme un petit juif subalterne qui exerçait la profession honnie de « collecteur d’impôts » et en plus au profit de « païens » vus comme étant des polythéistes incompatibles avec le pur monothéisme judaïque, cette relation  interdite entre un juif publicain et le monde païen était un scandale inadmissible pour un pharisien.

 

Pourtant, dans l’Evangile en Luc 19, 1 à 9 nous rencontrons Zachée qui était un chef des publicains respecté par tous les collecteurs d’impôts, quel paradoxe lorsque nous lisons que Zachée signifie « pur, juste » et c’est à lui que Jésus s’adresse « arrivé là, Jésus leva les yeux et lui dit : Zachée descend vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ... Zachée descendit vite et reçu Jésus avec joie...ce que voyant, tous murmuraient et disaient : Il est allé loger cher un homme pécheur » », nous ne pouvons ici dans l’espace d’une homélie commenter plus avant cette péricope évangélique, nous encourageons pourtant ceux que le souhaitent à invoquer l’Esprit Saint pour approfondir dans la prière et la méditation cette relation du pharisien et du publicain que nous sommes nous-mêmes plus ou moins, relation riche d’enseignement pour notre vie spirituelle.

 

Nous ne sommes pas des disciples de la lettre ou de l’esprit car l’une sans l’autre engendre une forme caricaturale de la réalité, nous sommes disciples du Verbe et de l’Esprit dont l’union donne une réalité créatrice à notre existence et l’espérance que Dieu bénissant nous avancions avec Lui vers l’état spirituel de « christ, aimant, saint, humble et sage ».

 

Au Père de notre Sauveur, au Fils qui nous sauve et à l’Esprit de salut soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

samedi 1 février 2025

Zachée

 

(Luc 19, 1 à 10)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Eglise nous invite à l’image de Zachée dont le nom signifie « pur, juste » de grimper sur un Sycomore, pour nous élever au-dessus de nous-mêmes, c’est à dire à sortir de la cristallisation du vieil homme qui nous entraine sans cesse vers les bas-fonds d’un monde accablé par des désirs contraires à la liberté humaine. A la fin de l’Evangile, le Seigneur Jésus dit de Zachée qu’il est lui aussi un « fils d’Abraham, le Père des Croyants », car il avait foi dans une réalité spirituelle qu’il espérait recevoir et ce désir qui l’habite depuis longtemps, il sait qu’il peut commencer à le vivre par sa rencontre avec Jésus.

 

Voici donc que Dieu lui-même témoigne en faveur de celui que le monde bien-pensant traite de pécheur et de publicain, en soulignant sa pureté, sa justice et son désir tout entier tourné vers Dieu, malgré les pressions d’une foule hostile et sans discernement. Dans l’épitre de ce jour, saint Paul dit à Timothée « prends à cœur le don spirituel qui est en toi », c’est ce que fait Zachée, car il a toujours été à l’écoute de cette voix intérieure, qui est la sobre présence de Dieu en lui par son image dès la création de l’homme. Zachée était dans une dynamique de recherche et de conversion, travaillé de l’intérieur par la quête du sens de son existence, cette attitude engendre une veille et un état de prière qui concerne l’humanité, cette expérience est proposée à tout homme ou femme de bonne volonté qui la désire librement.

 

Dans les Béatitudes, nous avons l’enseignement qui peut nous permettre d’acquérir comme Zachée la pureté et la justice, n’est-il pas dit « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » et « bienheureux les persécutés pour la justice car ils seront consolés », aujourd’hui, Zachée voit Dieu en Jésus et reçoit sa consolation divino-humaine en partageant un repas avec Celui qui a dit « voici je frappe à la porte et celui qui m’ouvre, nous mangerons avec lui ». La foule qui entoure Zachée semble comme obsédée par la pensée que Jésus « accepte de manger chez un pécheur et un publicain », là où Zachée n’a comme seul désir que de voir Jésus, deux attitudes, celle de la foule et celle de Zachée, l’une qui empoisonne l’âme humaine, à savoir la curiosité malsaine et qui juge, l’autre, la volonté persévérante d’acquérir le sens profond de l’existence qui ne peut se trouver qu’en Dieu par l’ascèse de la vie religieuse et spirituelle.

 

De quelle justice le Seigneur parle t-Il ? De celle qui est mentionnée par le Christ en (Ma. 6, 33) : « cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît ». Et comment se traduira cette justice divine pour rassasier de manière absolue les affamés et assoiffés spirituels ? Par cette promesse que dans la Jérusalem Céleste : « Dieu sera tout en tous », ainsi seront pleinement rassasiés ceux qui seront devenus par la grâce toute puissante de Dieu, un temple vivant de la Divine Trinité. Le monde sans Dieu, est le chaos infernal où toutes les injustices et toutes les folies se sont données rendez-vous, et cet abîme de la désolation inhumaine et macabre trouve son aboutissement diabolique dans l’outrage, l’insulte et finalement la mise à mort sur la Croix de « Jésus, le seul Juste ».

 

Quel est donc le grand persécuteur, l’unique persécuteur de l’humanité, n’est-ce pas celui que le Seigneur lui-même appelle « le prince de ce monde » ? Voilà l’ange déchu qui est tout entier devenu mensonge et le père du mensonge, celui qui est tout entier haine de Dieu et haine de l’homme. Voilà, celui qui ne cesse d’inspirer le péché au cœur des hommes, qui les persécute jour et nuit, souvenons-nous de la persécution du patriarche Job.

 

 

 Job a supporté la dure persécution diabolique, celle de son épouse et en plus la persécution de ses soit disant amis, qui se prenant pour des justes et des sages inspirés, étaient venus pour lui donner des leçons de morale. Job a tout supporté pour l’amour de Dieu et sa foi inébranlable en Dieu, il avait tout perdu mais Dieu lui a tout rendu et même plus que ce qu’il possédait avant.

 

La béatitude « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », est une promesse de Dieu

« Ils verront Dieu », ne signifie pas une durée temporelle ou une situation spatiale, parce que le « cœur pur » est totalement spirituel et ne désire que le seul Royaume de Dieu et la vision du Roi de Gloire qui l’habite. Zachée fait l’expérience de cette vision divine, en la personne de Jésus, son ascèse existentielle cultivée dans une espérance sans faille, lui a donné de voir Dieu en face sans mourir. De même que l’or est l’état le plus parfait ou le règne minéral peut parvenir, mais ensuite ne peut rien faire de plus ou de mieux sans la main de l’homme. De même que la terre peut produire les fruits précieux que sont le blé et la vigne, mais là non plus, ne peut aller au-delà sans l’homme. Ainsi l’homme peut aller par la grâce du Verbe et de l’Esprit jusqu’à la pureté du cœur, mais ensuite « voir Dieu et être fils de Dieu », ne peuvent lui être donnés que par l’amour infini de la Divine Trinité.

 

« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue » (Jean1ère ép., 1, 1 à 2.) N’est-ce pas là encore, une icône de ce que Zachée a vécu en rencontrant le Messie, certes il lui faudra maintenant approfondir et incarner la grâce spirituelle reçue et devenir peu à peu par sa foi en Jésus, un christ aimant, saint, humble et sage.

 

Voici à nouveau devant nous, comme une vision divine, la promesse de la sainte Béatitude bienheureuse entre toutes les béatitudes, car en vérité qui ne désire voir Dieu sans la crainte de mourir ? Le psalmiste nous dit « voici que Dieu marche au milieu des dieux », n’est-ce pas ce que fait Jésus veut pour nous, « être comme lui, dieu par sa grâce », ne marche t-il pas avec nous dans l’Eglise et dans le monde ? Ce témoignage de saint Jean est le trésor des trésors spirituels déposé par la Divine charité au cœur de l’Eglise qui est le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit de Dieu.

 

L’Eglise comme une mère spirituelle très humble, douce et sage, a reçu de Dieu comme vocation d’accueillir la grâce de la Divine Trinité et de la répandre en bénédictions sacrées et abondantes sur ses enfants et sur le monde entier. L’Eglise à l’image et à la ressemblance de notre très saint Christ, doit au Nom de Dieu proclamer avec une foi inébranlable qu’elle existe avec comme vocation que : « les pauvres deviennent riches, que les affligés soient consolés, que les doux se multiplient, que les affamés et assoiffés soient rassasiés, que les miséricordieux reçoivent miséricorde, que les cœurs purs voient Dieu, que les artisans de paix augmentent, que les persécutés soient accueillis et protégés ». Qui en-dehors de notre Seigneur Jésus-Christ nous

donnera une telle espérance et qui accomplira cette promesse divino-humaine sinon lui, faire de nous et avec nous des dieux par la puissance de la grâce aimante qui rayonne sans cesse du cœur de la Divine Trinité sur l’humanité.

 

Pour nos Pères et Mères saints, L’âme orthodoxe est naturellement orientée vers Dieu qui est son soleil spirituel et éternel, elle désire s’unir à Lui, l’âme orthodoxe renonce naturellement à participer à l’agitation éphémères des apparences stériles du monde, l’âme orthodoxe est liturgique et elle trouve son véritable accomplissement dans l’ascèse religieuse au sein de l’Eglise, l’âme orthodoxe est aimante, humble et simple et soupire sans cesse vers la « vie, le mouvement et l’être » qu’elle ne peut trouver que dans le Christ, Lumière qui sauve, illumine, transfigure et déifie, et conduit à la sainteté de la vie orthodoxe .

 

A Dieu notre Père, au Fils notre Seigneur et Frère aîné et à l’Esprit Saint le divin consolateur, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+Syméon