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dimanche 30 juin 2024

Fête de tous les saints

                                               Homélie du P. Boris Bobrinskoy
                               pour le Premier Dimanche après la Pentecôte 1980 
                                                           La Sainteté



Ce premier dimanche, après la Pentecôte, l’Église célèbre la
mémoire de tous les Saints, tous les Saints de l’Église, dans tous les
temps, dans tous les lieux ; de tous les saints connus ou inconnus,
glorifiés ou non glorifiés, de tous ceux « qui ont plu au Seigneur », comme il est dit dans
les prières, depuis le commencement des siècles. Mais cette grande communion des
Saints n’est pas une communion qui nous est étrangère, la communion des Saints, c’est
l’Église. Et si on voulait opérer une distinction, une division entre, d’une part, la
communion des Saints, et d’autre part, l’Église, l’Église sombrerait dans le péché, l’Église
sombrerait dans le mal. Si l’Église subsiste, si nous-mêmes nous avons une source, un
courant de vie qui passe en nous et qui nous aide constamment – pas seulement à nous
améliorer, mais à dépasser nos propres forces, à dépasser notre condition humaine –,
c’est parce qu’il y a ce courant de Sainteté, qui est avant tout le courant de la Vie Divine,
le souffle de l’Esprit Saint qui passe à travers les poumons, le coeur, la vie des hommes. Il
y a ainsi toute une humanité qui est en marche, en recherche, en quête, qui est en
souffrance de Dieu. Et cette souffrance, cette quête, cette marche, nous sommes tous
entraînés dedans, nous sommes tous solidaires les uns des autres, dans un salut unique.
Et nous sommes tellement solidaires que nous ne pouvons pas concevoir, nous ne
savons comment comprendre ce grand mystère qui est aussi le mystère du choix, de la
liberté de l’être humain, du fait que nous puissions, les uns ou les autres, dire « oui » ou
dire « non ». Et alors il y a comme un grand fossé, un grand précipice entre les uns et les
autres, comme le dit Abraham, dans la parabole du mauvais riche et de Lazare.
Je voudrais surtout insister aujourd’hui sur cette condition humaine, unique, globale,
totale. Si nous nous demandions en quoi consiste notre unité humaine, notre situation
commune, bien souvent nous dirions : c’est que nous sommes tous dans la souffrance,
dans le mal, dans le péché, nous sommes tous voués à la mort. Bien sûr, cela est vrai.
Nous sommes tous, comme il est dit dans les Écritures, « enfermés dans le péché ». Il y a
ainsi une servitude qui pèse sur nous, et qui nous empêche véritablement de nous
AU SERVICE DES ORTHODOXES DE LANGUE FRANÇAISE
FEUILLET DE ST SYMÉON
N°242 DIMANCHE DE TOUS LES SAINTS COMPLÉMENT 2024
élever, et de lever les yeux vers notre Patrie céleste. Mais il y a aussi une autre condition
humaine, qui est notre véritable condition, qui est celle de notre dépendance, de notre
appartenance à une patrie unique, qui est celle de nos véritables racines, pas seulement
terrestres, mais célestes, qui est celle de notre citoyenneté commune, non pas seulement
de la cité d’ici-bas, mais de la Cité future, de la Cité divine, du Royaume de Dieu, ce
Royaume de Dieu qui est déjà implanté en nous en racine, en germe, et qui ne désire que
se développer, comme la graine ne veut que se développer et devenir une plante, un
arbre qui donne des fleurs et des fruits, et qui ainsi protège ceux qui sont dedans. Ce
Royaume de Dieu, il veut grandir en nous, et nous sommes créés pour cela, pour être
dans ce Royaume, et pour que le Royaume soit en nous, pour être dans le Christ, et que
le Christ soit en nous, pour être dans l’Esprit Saint, et que l’Esprit Saint soit et vive en
nous en plénitude.
C’est ainsi notre marche depuis le premier instant de notre existence jusqu’à sa fin :
c’est une marche vers le Royaume, une marche vers la Sainteté, une marche vers la Vie et
la plénitude de Vie en Christ, dans l’Esprit Saint, dans la maison du père, c’est-à-dire que
nous sommes incorporés à la maison, au Royaume de la Divine Trinité. Et dans ce
chemin, les baptêmes dont nous avons été non seulement témoins, mais participants
aujourd’hui, ces baptêmes sont vraiment la porte qui s’ouvre vers la vie nouvelle, dans le
Royaume trinitaire, un Royaume trinitaire, qui n’est pas loin, qui n’est pas simplement
quelque part très haut dans le ciel, tellement haut que les astronautes eux-mêmes ne
peuvent pas le découvrir. Ce Royaume trinitaire, qui est à la fois incommensurablement
éloigné de toutes nos capacités humaines de connaissance et de parole, mais qui est en
même temps incommensurablement, intimement proche de nous, parce que ce
Royaume nous saisit, nous transforme, nous rend nous-mêmes concitoyens de la
divinité. Je voudrais dire dans cette prédication sur la sainteté – car il s’agit de cela – que
le but du baptême, ce n’est pas simplement comment mener « une vie chrétienne », ce
n’est pas s’organiser dans la vie en mettant, en donnant une toute petite place, un petit
coin de notre coeur à Dieu le dimanche matin, ou le soir ou le matin dans notre prière,
mais c’est vraiment s’ouvrir à ces fleuves d’eau vive, à ce courant fulgurant de Feu qui ne
veut qu’une seule chose, nous embraser, comme le dit Jésus dans l’Évangile de Luc au
chapitre 12 : « Je suis venu jeter le feu sur la terre, et je ne désire qu’une seule chose, c’est
que ce feu s’embrase », que la terre elle-même s’embrase, cette terre elle-même qui doit
s’embraser ; et toute la prière de Jésus tend vers cela : c’est la terre intérieure, la terre de
notre propre coeur qui doit devenir fertile et riche, qui doit être pour cela purifiée de
tout le mal qui est en elle.
Je voudrais aussi vous rappeler une prière qui a été lue ce matin au baptême et à
laquelle nous ne prêtons généralement pas beaucoup d’attention, et qui me semble très
importante : c’est la prière d’imposition du nom. Vous savez que nous recevons ce
rythme de l’imposition du nom, du judaïsme même. Et dans le judaïsme, quand un enfant
était né, on faisait toutes les cérémonies nécessaires et on lui imposait le nom. Et Jésus
lui-même s’est soumis à cette règle, à tous les rites de réception d’un enfant dans la
famille d’Israël, et il a reçu un nom. Ce que je tiens à vous dire, c’est que cette imposition
du nom n’est pas seulement, n’est plus seulement pour nous, une simple survivance du
judaïsme, par le fait même que Jésus a reçu Son Nom unique, devant qui, selon saint
Paul, « ploie les genoux, toute force au ciel, sur la terre et dans les enfers ». Le Nom de
Jésus, le Nom de Seigneur, le Kyrios des Évangiles et des Épîtres, ce nom nouveau, le
Nom de Jésus que nul ne peut prononcer sinon dans l’Esprit Saint, comme le dit Saint
Paul, ce Nom de Jésus qui a été révélé à Marie par l’Archange Gabriel à l’Annonciation,
qui a été révélé à Joseph dans son sommeil par l’Ange à Bethléem, ce Nom de Jésus, il est
donné et transmis par celui qui accomplit les rites de la Loi, les rites de l’incorporation
au peuple. Et Jésus reçut par une voix, par une parole humaine, ce Nom indivisible, le
Nom de Jésus, le Nom du Seigneur.
Par conséquent, lorsque nous donnons à nos enfants, aux petits, aux adultes, le nom
de baptême, ce n’est pas simplement le nom de Pierre, d’Éléonore ou de Marina, de
Jacques ou de Jean, que nous donnons, mais c’est surtout et essentiellement le Nom de
Jésus lui-même, qui est déposé, qui est inscrit dans le coeur en lettres indélébiles, et que
désormais plus rien ne peut et ne doit effacer. Ce Nom indélébile, Il est caché dans le
coeur de l’homme, mais il doit devenir peu à peu une écriture rayonnante, une écriture
lumineuse. Le Nom signifiant la présence, le Nom révélant le visage, c’est le Visage de
Jésus qui doit luire, qui doit rayonner, qui doit ainsi grandir et se superposer à notre
propre visage, jusqu’à ce qu’Il coïncide avec notre propre nom. Et cela signifie alors,
dans notre destinée humaine, que nous sommes à la fois appelés à nous effacer
totalement devant le Nom de Jésus qui occupe toute la place, devant la présence de Jésus
qui occupe tout notre être. Et en même temps, dans ce Nom de Jésus, dans sa présence et
dans son visage, c’est notre personnalité la plus profonde, la plus unique, la plus
particulière, la plus précieuse, qui s’affirme, qui se révèle, et qui trouve sa vérité pour
l’éternité.
Voilà donc le chemin de Sainteté : à la fois s’effacer devant le Nom de Jésus, devant sa
présence, pour que « ce ne soit plus moi qui vive, mais Lui qui vive en moi », comme le
dit Saint Paul. Et en même temps, nous savons que lorsque Jésus vit en nous, nous ne
sommes pas aliénés, dépersonnalisés, nous sommes pleinement en vérité, en joie et en
plénitude, nous sommes « nous-mêmes », non pas un moi clos, resserré sur lui-même et
égocentrique, mais un moi qui veut s’ouvrir à la communion et à l’amour avec tous les
hommes. Voilà le sens de cette prière, et c’est par elle que je voudrais terminer cette
prédication :
« Seigneur notre Dieu, nous te prions et nous te demandons que la lumière de ta face
brille sur tes servantes – Éléonore et Marina pour qui nous avons prié ce matin –, et que
la Croix de ton Fils unique soit imprimée dans leur coeur et dans leur pensée, afin
qu’elles fuient la vanité du monde et tout mauvais dessin de l’ennemi, et qu’elles soient
fidèles à tes préceptes. Accorde-leur, Seigneur, que ton Nom qui est Saint demeure sur
elles, sans être renié jamais, qu’au temps marqué, elles soient agrégées à ta Sainte Église,
qu’elles soient rendues parfaites par les redoutables mystères de ton Christ – le
baptême, la confirmation et l’Eucharistie, qui scellera la présence du Nom de Jésus dans
le coeur du nouveau baptisé – afin qu’après avoir vécu selon tes préceptes, et gardé
intact ton sceau, elles reçoivent la récompense de tes élus, en ton Royaume, par la grâce
et l’amour pour les hommes de ton Fils unique, avec lequel Tu es béni, ainsi que ton très
Saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles.
Amen.

samedi 22 juin 2024

La Pentecôte

 

(Jean 7, 37 - 52 à 8, 12)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Aujourd’hui, le Saint Corps du Christ, c'est-à-dire, l’Eglise donne l’hospitalité à l’Esprit de Dieu, le Consolateur et le Donateur de toute Grâce spirituelle. L’Esprit de la Lumière éternelle qui au commencement planait au-dessus des eaux de la Création, vient et se pose sur l’humanité et couve de l’intérieur toute personne qui croit en Christ. L’Esprit de Dieu, sépare en nous la lumière de nos ténèbres, et cette séparation paradoxale nous rend semblable aux Personnes Divines. Aujourd’hui, la Divine Trinité dont nous célébrons aussi en ce jour la Gloire, est là avec nous et pour nous, afin de transformer l’Eglise du Christ en Royaume de Dieu, pour qu’en elle – l’Eglise–coule des fleuves d’eau vive, pour restaurer dans sa beauté divine l’humanité blessée et désorientée depuis la chute D’Adam et d’Eve.

 

Cette rencontre divino-humaine est si grande, sainte et sacrée, que le Christ la proclame à haute voix dans le Temple de Jérusalem où nous précise l’Ecriture sainte, c’était le jour de Fête le plus solennel, le Christ donc crie de toute son âme : « que celui qui a soif, vienne à moi et qu’il boive », alors « des fleuves d’eaux vive couleront de son sein », eh bien, ce Jour des jours, c’est pour nous, ici et maintenant la Pentecôte, la Descente du Saint-Esprit dans l’Eglise et dans chaque Fidèle qui croit en Christ. Cette eau vive, c’est la grâce divine qui depuis le Royaume de Dieu, par l’Esprit Saint descend jusqu’à l’humanité et l’habille de beauté, de lumière et de sagesse. Cette œuvre spirituelle réalisée par l’Esprit Saint ne se fait pas sans la participation volontaire de l’homme, nous devons cultiver par la prière personnelle et liturgique, notre désir de communion avec Dieu, avec l’Eglise et notre prochain.

 

Dans le Judaïsme, la Pentecôte est la Fête ou le peuple Juif commémore le don de la Torah, c’est à dire de la Bible, reçue par Moïse sur le mont Sinaï. Dans l’Eglise Orthodoxe, ce n’est pas seulement un Livre aussi saint et sacré soit-il, que nous recevons et fêtons, mais c’est le Donateur de l’Ecriture sainte lui-même. C’est Jésus le Seigneur et le Créateur qui se donne à chacun d’entre nous, non seulement pour le temps de notre vie en ce monde, mais surtout pour la vie éternelle à venir, si nous vivons de manière orthodoxe. Que signifie, vivre de manière orthodoxe ? Cela signifie, accueillir « l’Eglise comme une bien-aimée », et non comme un fardeau insupportable, car l’Eglise porte en elle l’amour, la joie et la paix divine, afin que la beauté divino-humaine, illumine peu à peu notre visage et notre existence.

 

Ce désir de vie en Dieu, engendre au cœur de celui ou celle qui veut vraiment devenir orthodoxe, une nostalgie profonde et indicible qui palpite au fond de son être. Mais voulons-nous vraiment de tout notre désir devenir orthodoxe ? Quelle terrible illusion ce serait de penser que nous le sommes déjà, sous prétexte que nous avons été baptisé dans l’Eglise orthodoxe. 

Nous sommes porteurs de la mémoire vivante de notre immersion première en Dieu, de ce doux parfum enivrant du paradis perdu, qui nourrit en nous cette quête d’absolu qui habite l’humanité et qui meut « l’amoureux de Dieu » sans cesse vers la recherche de Dieu en lui, dans l’Eglise et dans toute la Création. Pouvons-nous oublier un seul instant l’être aimé dans ce monde, alors comment oublier Dieu qui est l’Amour absolu et éternel.

 

Le monde ne peut comprendre qui est le Christ ni quelles est Sa Promesse, ce n’est que dans l’Eglise que cette réalité éternelle est révélée et donnée à vivre à quiconque croit en lui. Je ne peux accueillir Celui en qui je ne crois pas. Mais si je donne l’hospitalité intérieure à l’Esprit de Dieu, je deviens le témoin actif d’une nouvelle genèse spirituelle, qui est ma propre recréation en Dieu. Je deviens, peu à peu, comme le disent nos saints Pères en parlant de saint Jean Baptiste « un homme céleste et un ange terrestre », cette œuvre est réalisée en nous et avec nous par l’Esprit Saint. Si je donne mon corps à l’Esprit, Il en fait Son temple, si je lui donne mon âme, Il en fait Sa louange, si je lui donne mon esprit, Il en fait Sa contemplation, si je Lui donne mon cœur, Il y prie en gémissements ineffables, si je me « donne tout entier à Lui tout entier, Il fait de moi Son ami intime, et m’intronise au sein même de la Divine Trinité. »

 

Regardons maintenant avec une humble audace comment vivent les Personnes Divines et quelles sont leurs Œuvres. Dieu pardonne sans se lasser en la Personne du Père, créé éternellement dans la Personne du Fils, sanctifie et vivifie avec puissance dans la Personne de l’Esprit Saint, et pour qui Dieu accomplit-il tout cela ? Pour la personne humaine faite à Son Image et à Sa Ressemblance. Regardons et comprenons par l’intelligence du cœur, que Dieu qui est Père aime l’humanité, Son enfant  et qu’IL veut le sauver.

 

Dieu seul est digne de l’homme et l’homme seul est digne de Dieu, pourquoi ? Parce que « Dieu a crée l’homme à Son Image et à Sa Ressemblance », tel est l’enseignement spirituel en esprit et en vérité de notre merveilleuse Eglise orthodoxe. Que valent devant cette œuvre dont les Pères saints témoignent, à savoir que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu », oui, que valent les ridicules et stériles agitations du monde des apparences qui exploite notre humanité, dans le miroir mensonger des richesses passagères qui défigure et caricature notre vraie beauté qui est d’origine divine.

 

C’est pourquoi, l’adultère au sens spirituel, signifie confondre des idoles inertes et stériles, avec le Dieu vivant et créateur. Pour se désaliéner de l’idolâtrie morbide et mortifère, et convertir les masques du péché qui défigurent l’humanité, en lumière créatrice de notre véritable visage, il faut rechercher l’union avec l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu, qui seul peut nous garder en toute œuvre bonne, maintenant et pour toujours, tout en respectant pleinement notre liberté humaine. Dieu n’est pas un dictateur qui s’impose ou impose une loi religieuse qui transformerait l’humanité en objet sans âme ni conscience, qui voudrait d’un tel Dieu ?

Si Dieu n’est pas Celui qui aime, qui libère, qui donne la vie avec plénitude, alors comme dit saint Paul aux croyants « nous sommes les plus misérables parmi les hommes et notre foi est vaine ». Mais être libre est le contraire, du faire ce que je veux, comme je veux, quand je veux, être libre c’est choisir le meilleur et que peut-il y avoir dans ce monde de plus désirable que la vie en Dieu. Mais pour vivre en Dieu et avec Dieu, il me faut apprendre à connaître le Seigneur Jésus, car en-dehors de lui, toutes nos œuvres sont incapables de nous donner la vie éternelle, et cette sagesse divine n’existe que dans l’Eglise. C’est pourquoi le Christ nous promet de nous envoyer dans l’Eglise « l’Esprit de vérité qui nous donnera la véritable liberté », oui, c’est la « Pentecôte » que nous célébrons aujourd’hui.

 

Le Christ dit : « Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que Tu m ‘as donné », où sont ceux que le Père céleste a donné au Christ et qui sont appelés à recevoir l’Esprit de Dieu ? Ils sont dans l’Eglise, ils sont l’Eglise, ils construisent l’Eglise, et rien ni personne ne peut les détourner de « Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie ». Ces véritables croyants commencent à comprendre de l’intérieur, qu’ils sont porteurs du Patrimoine spirituel reçu par Adam et Eve dans le Paradis, que ce trésor de vie et de grâce est aujourd’hui déposé dans l’Eglise, et qu’ils ont vocation de transmettre cet héritage essentiel et théologique à leurs enfants et à toute l’humanité.

 

Voici que par l’amour et la grâce de l’Esprit Saint, nous les Fidèles, nous sommes comme des apôtres, appelés à témoigner de notre foi orthodoxe et à la transmettre non seulement d’abord à nous-mêmes, mais à toute l’humanité et même à toute la Création qui gémit sous le joug du péché de l’homme et attend sa délivrance au Nom de Dieu.

 

Notre vocation orthodoxe vécue dans l’Esprit saint unit le ciel et la terre, pour en faire un seul royaume dont les prémisses se construisent déjà dans ce monde et dont le couronnement sera réalisé pleinement dans l’éternité.

 

Au Père qui bénit par Amour, au Fils qui sauve par Amour, à l’Esprit Saint qui illumine par Amour, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

samedi 8 juin 2024

L’aveugle-né.

 

(Jean, 9, 1 à 38)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, l’Église nous invite à nous abandonner avec confiance à la compassion et à la tendresse infinie de notre Père céleste, et ceci en particulier par la célébration de la Divine Liturgie en communion avec le Christ grand-prêtre, avec l’Esprit de toute consolation promis et les uns avec les autres, dans l’espérance d’acquérir la « lumière spirituelle » qui est la grâce reçue comme un don par l’aveugle-né, grâce qui donne de venir, de voir et de confesser en Jésus, le Dieu vivant face à face.

 

Le Seigneur nous dit « tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé ; la nuit vient où nul ne peut travailler, tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », quelles sont donc les œuvres auxquelles le Christ nous encourage à travailler ? En vérité, elles peuvent toutes s’unir en une seule réalité, ces œuvres accomplies par le Christ et que nous avons vocation à vivre avec Lui de manière orthodoxe, sont toutes celles qui nous permettent d’adorer le Père en esprit et en vérité, en esprit par l’Esprit Saint et en vérité par le Seigneur, cette adoration est la couronne de sainteté et le fruit spirituel des Béatitudes.

 

Nous pouvons accueillir tous les miracles accomplis par le Christ comme le signe, y compris celui pour l’aveugle-né, de la nécessité de la conversion du cœur, sans laquelle, nul ne verra le Seigneur, nul ne pourra adorer le Père en esprit et en vérité, nul ne saura prier l’Esprit Saint donateur de vie et de sagesse spirituelle. Nous sommes appelés à suivre dans la lumière Celui qui nous dit « tant que Je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde », alors fuyons cette incrédulité sournoise et hypocrite cachée dans le vieil homme en nous pour nous détourner de notre Seigneur Jésus et de ses œuvres salutaires.

 

Quel est donc ce « jour » à partir duquel, il nous est bénéfique et précieux de travailler aux œuvres du Seigneur, n’est-ce pas celui de la Résurrection du Seigneur, celui d’où découlent et ruissellent en nous tous les dons spirituels pour accomplir la volonté divine. N’est-ce pas par la célébration liturgique assidue et par le « Don du Corps et du Sang du Seigneur », que nous recevons la lumière et la mémoire pour pratiquer les œuvres du Seigneur qui nous dit « faites ceci en mémoire de Moi », à savoir vivre toute l’économie divine pour le salut de l’homme. Le jour de la Résurrection est celui du Don de la vie éternelle au cœur de l’histoire, du temps et de l’espace dans notre humanité, il est notre lumière spirituelle pour pratiquer les œuvres divino-humaines au Nom du Seigneur.

 

Quelle est donc cette « nuit » où nul ne peut travailler, c’est-à dire mettre en pratique les œuvres évangéliques, n’est-ce pas celle de l’âme désorientée par le doute de l’incroyance concernant la personne de Jésus et qui provoque une paralysie existentielle qui rend difficile voire même impossible le désir de suivre Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie », n’est ce pas là, cette attitude pharisienne répandue au sein de l’humanité, opposée à toute révélation qui pourrait nourrir et abreuver l’esprit de tout homme ou femme de bonne volonté.

 

L’Écriture Sainte est un tout indivisible, auquel il ne faut rien ajouter ou enlever, pas même un « iota » sous peine de s’amputer soi-même des énergies incréées contenues dans la parole divine, ceci devrait faire réfléchir tous les « inventeurs de théories hérétiques caricaturales au mépris de la théologie de nos saints Pères », la seule réalité sur laquelle, nous pouvons apprendre à agir avec l’aide de Dieu, car « sans Moi, vous ne pouvez rien faire », c’est de cultiver l’ascèse de « l’unique nécessaire », à l’image de Dieu créateur et qui consiste à « séparer la lumière des ténèbres en nous », car comme dit saint Paul dans 2 Cor. 6,14  « quoi de commun entre la lumière et les ténèbres », combien d’hommes dialoguent avec les ténèbres du monde par le « net ».

Dire que la piscine de Siloé est une préfigure du saint baptême est un enseignement reconnu par nos saints Pères en Dieu, Siloé signifie « envoyé » en hébreu, mais tout comme il ne suffit pas d’être baptisé pour être orthodoxe, il ne suffira pas non plus de confesser juste du bout des lèvres la divino-humanité de Jésus notre Seigneur pour être sauvé. N’est-IL pas « l’Envoyé du Père », en qui il nous est essentiel d’être plongé tout entier afin d’espérer retrouver non seulement la vue mais notre vocation originelle à devenir par grâce ce que Dieu est par nature. Dans les œuvres religieuses, notre « Siloé spirituelle », c’est à dire « l’Eglise orthodoxe » est l’unique lieu saint et sacré de la vie de l’être orthodoxe, elle est la porte royale, par laquelle nous pouvons-nous diriger par la grâce et notre ascèse religieuse vers le Royaume de Dieu.

 

En parlant de l’aveugle-né, les parents témoignent « qu’il est leur fils né aveugle, mais qu’ils ne savent pas comment il voit maintenant, ni qui lui a ouvert les yeux », la puissance de ce miracle les trouble et dépasse leur entendement, le fils confesse après avoir retrouvé la vue que « si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire », puis poursuit son existence avec sa nouvelle vision de lui-même et du monde qui l’entoure. Ne sommes-nous pas nous-mêmes, un fils ou une fille aveugle spirituellement pour ne pas dire un total infirme spirituel depuis notre naissance, quelqu’un parmi nous serait-il né dans un état de christ parfait, le Psalmiste nous rappelle que  « ma mère m’a conçue sous le joug du péché », alors courrons vers Celui qui seul peut et veut nous sauver, réjouissons-nous de cette grâce inestimable que représente notre Eglise, pleine de sagesse, de beauté et de vérité. 

 

Jésus rencontrant l’aveugle-né lui dit « crois-tu au Fils de l’homme » ? Il répondit « et qui est-il Seigneur, pour que je croie en lui » ?  Jésus lui dit « tu le vois, celui qui te parle, c’est lui », alors le « clairvoyant » déclara « je crois Seigneur et il se prosterna devant Lui ». Sans développer ici plus en profondeur ce merveilleux passage de l’homme aveugle-né à celui d’homme spirituel et clairvoyant, ce dialogue montre la progression intérieure qui fait émerger la lumière du sein même des ténèbres, mais soyons sans illusion aucune, sans désir réel de recevoir la vraie lumière ou tout autre don spirituel, les ténèbres du cœur non purifié et sanctifié engendreront d’autres ténèbres.

 

Croire au Fils de l’homme est le fondement initial nécessaire pour commencer à élaborer la vie orthodoxe, disons avec le Centurion « je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi », et pour cultiver et féconder en nous notre terre religieuse, il est nous est très bon de venir, de voir et de participer avec assiduité à la vie liturgique de l’Église qui nous donne de contempler la vie et les œuvres du Seigneur. Suivons le Seigneur Jésus et selon sa promesse, il nous sera donné « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, mais que Dieu a réservé à ceux qui l’aiment ».

 

L’amour du Dieu et Homme parfait pour sauver l’humanité tombée sous les coups morbides et mortifères des passions mondaines, se révèle dans l’humilité indicible de son incarnation comme homme parmi les hommes, si saint Paul déclare « s’être fait grec avec les grecs et juifs avec les juifs, pour en sauver quelques uns », notre Seigneur Jésus-Christ s’est fait « homme parmi les hommes pour proposer le salut à tous », voici dit le saint et charismatique Rabbin Jésus que « Je viens à toi Jérusalem, assis sur un ânon le petit d’une ânesse », cette promesse est la gloire et la vocation que « l’Eglise nouvel ânon » porte au cœur de l’humaine condition.

 

Zacharie XVI 4. 7 « ce sera un Jour unique, connu du Seigneur ; il n’y aura ni jour ni nuit », ce jour unique est celui de notre existence entière que nous devons consacrer, puisque nous sommes de confession « orthodoxe », à la recherche persévérante de la relation avec le Seigneur, selon cette parole de notre Seigneur « cherchez d’abord le Royaume de Dieu, le reste vous sera donné par surcroît », cette relation est impossible sans notre présence dans l’Église, qui est pour nous une Mère spirituelle aimante, inspirante, vivifiante, sage et sainte.

Nous pouvons lire toutes les homélies du monde, écouter mille et une conférences sur la vie religieuse, parler de Dieu jour et nuit, cliquer avec « j’aime voire j’adore » sur les sites religieux orthodoxes et rester hélas, trois fois hélas à tourner en rond chez soi le dimanche matin au lieu de dire « amen » à l’invitation de Dieu, alors faisons-nous violence « car le Royaume des Cieux appartient à ceux qui viennent dans l’Église très sainte », ne nous laissons pas piéger par nos pensées illusoires, car c’est notre « présence régulière » dans l’Église et notre mise en pratique au quotidien de son enseignement, qui témoignera et validera de la vérité et de la réalité divino-humaine de notre cheminement spirituel.

 

Ne sommes-nous pas nous-mêmes des aveugles nés par rapport à la vie spirituelle orthodoxe, existe-t-il parmi nous des hommes et des femmes qui se seraient rendus « voyants » par leurs propres œuvres en-dehors de l’Église « Corps du Christ ». Existe-t-il parmi nous des hommes et des femmes, qui seraient passés du vieil homme à l’homme nouveau, de l’homme psychique à l’homme spirituel, par leurs propres forces et volontés, le Seigneur Christ ne nous dit-il pas  « sans Moi, vous ne pouvez rien faire » !!!

 

Combien voyons-nous d’hommes et de femmes séduits par le « net », cet instrument des temps modernes qui répand une « foultitude » d’infos qui promettent monts et merveilles aux âmes crédules livrées aux illusions ternes et à la voracité d’arnaqueurs sans scrupules, sur lequel pullulent les « maitres des voyances » qui promettent la résolution certaine et rapide de toutes les préoccupations existentielles, des soit disant « oracles infaillibles » qui encouragent à coups de pubs à cliquer sur telle « image ou symbole » pour recevoir la connaissance du passé, du présent et de l’avenir, toutes ces agitations provoquent un chaos insensé et sans âme qui ridiculise ceux qui s’y prêtent selon la parole de l’Ecclésiaste en 1, 14 « vanité, vanité,  rien que vanité, il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». Le « net » utilisé sans discernement peut favoriser notre méconnaissance sur l’état réel du monde et dans cette profusion d’images, d’écrits et de paroles, provoquer en nous une cécité hypnotique de l’intelligence et comme le dit l’adage populaire nous faire prendre des « vessies pour des lanternes » et des « torchons pour des serviettes ».

 

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, par ta compassion de nous et du monde que tu as créé pour être un lieu de célébration liturgique de la vie par la médiation de ton Église, que par ta sainte grâce vivifiante nous puissions nous convertir et retrouver la ressemblance à ton image divino-humaine pour incarner et accomplir notre humanité dans la beauté et la vérité de la création originelle et dans la joie de l’humanité sauvée.  

 

Au Père de la Lumière, au Fils Lumière incarnée et à l’Esprit d’illumination éternelle, soit la gloire dans les siècles de siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

dimanche 2 juin 2024

La Samaritaine

 

(Jean : 4, 5 à 42)

Au Nom du PERE, du FILS et du SAINT-ESPRIT, amen.

 

 

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Samaritaine, et nous voyons à l’évidence combien le Seigneur aime et bénit la femme comme médiatrice de sa pédagogie providentielle et spirituelle, dont la plénitude d’accomplissement est réalisée par la Théotokos. De même que le Maître divin a fait de pêcheurs Galiléens illettrés des maîtres de sagesse, de même fait-il avec cette femme Samaritaine dont le questionnement lui permet de la faire traverser à partir d’elle et jusqu’en elle, de l’extérieur à la plus profonde intériorité, la voie qui lui donne de pressentir que cet homme fatigué et assis là, au bord du puits est le Saint d’Israël, le Saint Messie espéré qui lui fait toucher à elle, une Samaritaine, par l’expérience immédiate quelque chose de ce que peut être l’adoration du Père en esprit et en vérité.

 

Les disciples arrivent et s’étonnent de ce que Jésus parle à une femme et Samaritaine de surcroît, ils ne comprennent pas et n’osent pas non plus poser de questions, et voici que cette Samaritaine ose poser des questions et espère des réponses, qu’elle obtient, dans la simplicité de sa foi envers la religion de ses Ancêtres. Elle pose les bonnes questions et reçoit les bonnes réponses, une bonne réponse n’est pas celle qui clôt une fois pour toute notre cheminement vers nous-mêmes et vers Dieu, une bonne question maintient le chemin ouvert et vivant, nous dit va avec confiance vers toi-même, et c’est exactement ce dont témoigne la Samaritaine. A l’opposé, la mauvaise réponse est celle qui nous fait croire que nous sommes des êtres déjà spirituels, que nous pouvons nous passer de l’Eglise ou du moins venir quand nous le décidons, que nous pouvons prendre nos petits savoirs partiels et partiaux pour de la théologie, nos péchés pour des vertus, notre auto satisfaction comme le signe de l’Esprit Saint en nous. 

 

Permettez-moi de dire quelque chose du mystère spirituel concernant la création de Eve, qui est bien sûr aussi le mystère qui appartient naturellement à toute femme, dont le fruit magnifique entre tous a été d’engendrer le Dieu vivant dans les entrailles de Marie. Vous savez que Dieu a crée Adam en le modelant à partir de la terre sainte du Paradis et qu’ensuite IL lui a insufflé l’esprit pour que l’homme devienne une âme vivante, mais contemplez maintenant comment Dieu a crée Eve qui signifie Mère des vivants, parce que justement elle n’a pas été tirée et modelée de la terre encore inerte et sans vie comme Adam, mais elle est née directement de la Nature humaine vivante, sans génération charnelle, cette même Nature que recevra notre Sauveur en s’incarnant de Marie, ne pensons pas une fois de plus pouvoir comprendre avec la seule raison un si grand mystère, mais comme la Samaritaine, tenons-nous devant le Seigneur et demandons lui humblement de nous enseigner comment pratiquer le saint Evangile en esprit et en vérité ?

 

Les mystères du Christ sont si profonds dans leur simplicité, ceci signifie que les sages et les intelligents de ce monde que dénonce le Christ lui-même, n’auront jamais, je dis bien jamais accès en esprit et en vérité non seulement à la sagesse créatrice divine, mais pas même aux miettes du festin que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment sans calcul, ceux qui l’aiment comme cette samaritaine dont l’innocence et la confiance sont infiniment supérieures à toutes les spéculations psychologiques ou rationnelles. 

 

Ainsi comme le dit encore notre Seigneur, seuls « ceux qui ont des oreilles pour entendre, des yeux pour contempler, un cœur aimant et silencieux, ceux qui sont disponibles non quand ils le décident mais quand Dieu les appelle », oui, à ceux-là la Divine Trinité révèle l’amour du Père, la grâce du Fils, la communion du Saint Esprit, frémissement indicible de la Présence de Dieu dans l’Eglise et dans le cœur de tout samaritain, cette expérience est l’entrée dans l’intimité divine que beaucoup désirent et que bien peu réalisent. Oui, la bonne question, la vraie question, l’unique question qui doit nous transporter en nous-mêmes et vers Dieu est, comment à l’image de la Samaritaine « puis-je te rencontrer et entendre de toi Seigneur, les paroles de la vie éternelle et surtout les vivre » ? 

 

Voici alors, que cette simple demande, même à minima, même tremblante, peut engendrer en nous un début d’adoration en esprit et en vérité envers le Père, comme nous y encourage le Christ. En esprit, c'est-à-dire spirituellement par la recherche constante de la communion intérieure avec la Divine Trinité en Christ, en vérité, par la plénitude de ce que nous sommes en tant que personne incarnée, c'est-à-dire de tout notre être et par toute notre vie.

 

La stérilité spirituelle est liée au fait que nous vivons de manière dissociée et fractionnée, parce que nous excluons telle ou telle réalité comme incompatible avec l’idée que nous nous faisons de la vie intérieure, et la Samaritaine nous montre au contraire qu’il ne faut pas exclure mais inclure notre quotidien dans notre recherche de Dieu, pour que Dieu puisse purifier et sanctifier toute notre existence.

 

Le Christ est la « Voie » mais en quoi est-il responsable de mes errances individuelles qui ne mènent pas à Lui seul, Il est la « Vérité » mais en quoi est-il responsable de mes ignorances qui sont le fruit d’un esprit non purifié par L’Esprit de Dieu, Il est la « Vie » mais en quoi est-il responsable si je me contente de vivoter, c’est pourquoi beaucoup l’ont déclaré coupable de tous leurs malheurs au point de le crucifier, parce qu’ils jugeaient blasphématoire de vouloir élever l’humanité à la même hauteur que Dieu et cela dans la grâce et la beauté. Alors, ils ont préféré le tuer au-dehors et en eux-mêmes, pourvu qu’IL se taise car qui peut supporter une telle parole « vous êtes des dieux », la Samaritaine commence par s’étonner mais finit par s’émerveiller de ressentir ce qu’elle est dans la parole et le regard de cet étrange Prophète, assis là au bord du puits dans l’apparence banale et extérieure d’un homme fatigué.

 

Le Christ ne lui reproche pas d’être pécheresse parce qu’elle a eu cinq maris et que l’actuel compagnon n’est pas le sien, Il bénit le « désir de vivre, d’aimer et de connaître » qu’il a discerné chez cette femme, désir qui palpite dans les profondeurs de son être véritable, qui parmi nous n’a jamais ressenti au tréfonds de lui-même, la présence de cette source vive qui pétille et qui ne demande qu’à couler en nous pour nous vivifier ?

 

Ne sommes nous pas dans l’Eglise justement pour découvrir cette réalité en nous ? L’Eglise est au cœur de ce puits où se trouve aussi le Seigneur de Gloire, dont le visage lumineux se reflète dans l’eau pure de notre profondeur, l’Eglise est ce puits hospitalier au bord duquel chacun d’entre nous peut s’asseoir, lorsque fatigué et chargé parfois par l’aventure de notre vie nous ressentons le désir de rencontrer Dieu ou l’autre en Dieu. Voulons-nous connaître, comment et pourquoi Dieu nous invite encore et encore à Son banquet nuptial, IL veut que chacun et chacune d’entre nous, soit comme l’invité unique de Son Royaume en Sa Présence, que cette rencontre se fasse autour du puits spirituel dans l’amour, la beauté et la vérité.

 

La Divine Liturgie et les Offices de l’Eglise orthodoxe possèdent comme un trésor ces Dons du Père Céleste, que la Divine Trinité offre à toute personne qui les désire librement, encore faut-il « être présent dans l’Eglise », ces saints mystères du Christ nous sont donné pour que nous devenions roi, prêtre et prophète, et que nous passions peu à peu de l’état de serviteur à l’expérience d’ami de Dieu.  

 

Ne pensons pas qu’une telle adoration de Dieu en esprit et en vérité est prévue uniquement pour la vie éternelle à venir, non cette expérience est accessible ici et maintenant, ah bon direz-vous peut-être étonné, avant de vous émerveiller peut-être vous aussi comme la Samaritaine, voulez-vous la preuve indiscutable que cette adoration est réellement co naturelle à l’homme crée à l’Image de Dieu ? Qu’elle est inscrite dans le patrimoine spirituel de l’humanité ? Eh bien, cette expérience est tout simplement le témoignage que nous offre tout homme et toute femme ayant acquis « la sainteté ».

 

 

 

Pour que cette adoration se réalise, il nous faut non seulement imiter la Samaritaine, mais passer du témoignage de l’autre, des autres, à la rencontre personnelle avec le Christ, cela peut s’acquérir en participant à la célébration de la Divine Liturgie. C’est dans l’Eglise que nous allons peu à peu goûter combien le Seigneur est bon et doux, voir combien Il est beau et que la Grâce est répandue sur ses lèvres, entendre combien Il nous appelle sans cesse par ces paroles « où es-tu mon bien-aimé, où es-tu ma bien-aimée », à nous de répondre « me voici mon Seigneur et mon Dieu avec toi dans notre maison commune, l’Eglise éternelle », pour célébrer ensemble la splendeur vivifiante de tes saints mystères.  

Avec quels mots nous transmettre l’Amour de Dieu, sinon ceux de l’Evangile de vie pour nous témoigner combien chacun et chacune est inestimable et irremplaçable dans le cœur du Père.

 

Réjouissons-nous, chantons, célébrons et fêtons de tout notre être la Divine Trinité, car qui peut croire un seul instant que Dieu fait autre chose que d’aimer son prochain, ce prochain qui est l’humanité, oui nous sommes le seul prochain que Dieu désire accueillir comme « ami », selon la parole du Seigneur lui-même « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ».

 

Prions ensemble, bénissons-nous, afin que Dieu nous donne de devenir capable de porter de telles grâces éternelles déjà en ce monde. Prions ensemble dans et pour la sainte Eglise orthodoxe qui est la splendeur des splendeurs déposée par Dieu au milieu de l’humanité, ne nous arrêtons pas aux apparences extérieures ni entre nous ni envers l’Eglise. Mais pénétrons avec une humble audace en nous-mêmes et dans L’Eglise pour y puiser au Nom de Jésus l’eau vive qui régénère et guérit toute infirmité spirituelle, et qu’à l’image de notre saint Christ, nous devenions nous aussi des êtres transfigurés par la lumière éternelle du Thabor spirituel qui est l’Amour de Dieu.

 

Venir ou non à l’Eglise et une question de vie ou de mort spirituelle, le Seigneur nous dit que celui ou celle qui « désire le Royaume de Dieu doit se faire violence », cela signifie que nous devons lutter contre cette inertie qui nous paralyse et nous empêche d’aller vers l’essentiel qui est notre présence concrète et régulière à la célébration liturgique. Nous devons transformer « notre cœur endurci et notre nuque raide » en cœur ouvert à la volonté divine et notre nuque raide en obéissance à la sainte Eglise du Christ. Depuis 2000 ans, l’Eglise nous invite à venir participer au banquet spirituel avec Notre Seigneur, mais pourquoi résistons-nous à cet appel, parce que la vocation de l’Eglise nous échappe dans sa vraie profondeur, nous ne comprenons pas que nous sommes « l’Eglise avec le Christ » qui nous interpelle et nous dit « allez, debout, partons d’ici », c’est à dire quittez vos vieilles habitudes dictées par l’ignorance engendrée en nous par le vieil homme psychique et charnel et les illusions fumeuses diffusées sans cesse par un monde sans Dieu.

 

Etre orthodoxe sans l’Eglise est aussi impossible que de vivre sans son corps, alors incarnons en nous la grâce déposée par l’Esprit Saint dans l’Eglise, nourrissons-nous et désaltérons-nous encore et encore de l’essentiel don indispensable pour notre existence orthodoxe, à savoir la célébration de la Divine Liturgie qui répand sur nous les bénédictions divines. Revêtons-nous des vêtements lumineux de la sagesse de l’Eglise qui est le « corps du Christ dont IL est aussi la tête », si notre Seigneur Jésus qui est parfaitement saint n’a jamais cessé de fréquenter la Synagogue, n’est-ce pas pour témoigner combien il nous est  nécessaire de l’imiter et de fréquenter son Corps-Eglise avec assiduité, selon cette parole du Psalmiste « je me suis réjouis lorsqu’on m’a dit, allons à la Maison du Seigneur, dans les parvis de notre Dieu », il nous appartient de cultiver cette ascèse religieuse avec l’Eglise dans un esprit et un cœur de louange à la Divine Trinité.

 

« Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie compassion de nous pécheurs, qui sommes plus ou moins pris dans les filets mensongers du monde, change notre tiédeur en ferveur et notre inertie en ardeur envers toi par la médiation de notre sainte Eglise orthodoxe ».

 

Au Père qui est la Source et le puits insondable de la Vie, au Fils qui y puise pour nous toutes les grâces éternelles et à l’Esprit qui répand sur nous Ses bénédictions d’eau et de feu spirituelles, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen. + Syméon