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samedi 1 juillet 2023

La Foi du Centurion.

 

 (Matthieu 8 : 5 à 13)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, notre sainte Eglise s’émerveille avec le Seigneur de la Foi cordiale et simple dont témoigne un  centurion romain hétérodoxe et païen, qui s’adresse au Rabbin Jésus pour lui demander la guérison de son fils. Cela se passe à Capharnaüm, qui signifie la ville de Nahum, Nahum est aussi le nom d’un grand prophète qui annonce avec beaucoup de vigueur la volonté divine, qui appelle à la repentance du cœur en profondeur et à la conversion de l’esprit, à l’humaine métanoïa nécessaire de notre existence sans laquelle aucune vie religieuse ni guérison spirituelle ne sont possibles. 

 

Dans Proverbe 12, 18 nous lisons « la langue des sages apporte la guérison », mais qui est donc un tel sage aux yeux de Dieu ? C’est ici ce centurion qui fait figure de sage, pourquoi ? Parce que comme le dit encore Proverbe en 9, 8 et 9 « reprends le sage  il t’aimera » et « donne au sage, il deviendra plus sage », les sages sont à l’opposé des insensés dont Mathieu en 11, 25 dit « tu as caché ces choses aux sages », c’est à dire aux sages auto-proclamés, ces « choses » ce sont les œuvres divines accomplies depuis le commencement de la Création et dont la guérison aujourd’hui devant nous du fils du centurion est un témoignage. Quelle est la sagesse du centurion ? C’est de s’adresser avec foi et simplicité, au Rabbi Jésus auquel il se remet en toute humilité et confiance pour son fils malade.

 

Dans Proverbe 3, 7 nous lisons encore « ne sois pas sage à tes propres yeux » et saint Paul nous enseigne

dans l’esprit du Seigneur à méditer cette parole « se vantant d’être sages, ils dont devenus fous », et de plus en 1 Corinthiens. 4, 10 « vous êtes sages en Christ », n’est-ce pas ici même ce que nous voyons par l’attitude du centurion ! Si les sages le sont par la grâce efficiente du Christ et de la sève spirituelle de l’Ecriture, qui donc s’étonnera de ce que peut accomplir en plénitude la parole du « Verbe source de la sagesse des sages », selon cette autre parole à « Dieu appartient d’accomplir même l’impossible ».

 

« Je vais aller le guérir » dit le Seigneur au centurion, le Seigneur n’est mû que par l’amour pour cet homme et son fils souffrant, il ne cherche pas à savoir pourquoi le fils est paralysé. Simplement, « Jésus aime le centurion et son enfant paralysé, tout comme il aime chacun et chacune d’entre nous ». Aimer est pour le Seigneur, le cœur de toute son œuvre pour sauver l’homme. Le Christ est dans « l’intelligence du cœur », à l’écoute du centurion et de sa prière, comme il est à l’écoute de chacun d’entre nous, si nous décidons dans notre liberté personnelle de faire appel à Lui. Le Seigneur ne se livre pas à une discussion philosophico-théologique au sens universitaire qui se limite à une approche ratio-intellectuelle, il laisse se dire la « foi » du centurion qui permet d’engendrer le processus et le miracle de la guérison.

 

Nous pouvons voir dans ce fils malade, une métaphore de notre propre souffrance qui engendre notre paralysie spirituelle, le «vieil homme » en nous ne cesse de s’opposer à notre désir de guérison, et tout comme ce centurion nous savons que sans la grâce divine, il nous est impossible de convertir notre cœur blessé par nos épreuves existentielles. Le vieil homme en nous est né avec la chute d’Adam dans le Paradis, il est en nous la « cristallisation du péché » qui s’oppose à la vie et à l’être en plénitude. Le vieil homme est pétrifié dans ses habitudes et ne supporte aucune nouveauté, il reste bloqué dans son inertie et s’interdit ainsi à lui-même de faire l’expérience véritable du « mouvement, de la vie et de l’être » telle que proposée par Dieu dans l’Eglise et dans notre vie personnelle au cœur même du monde.

 

L’Ecriture sainte nous dit que le centurion est allé vers le Christ pour lui dire : « Seigneur, j’ai à la maison mon fils atteint de paralysie, et qui souffre beaucoup ». Le Seigneur l’accueille, le regarde et l’écoute, mais reste libre du poids inutile de l’émotivité psychique qui empêche habituellement les hommes d’agir de manière juste et avec discernement. Le Seigneur est pleinement présent et ressent de l’intérieur la compassion du centurion pour son fils ainsi que la souffrance silencieuse du fils paralysé. Le Seigneur s’émerveille de la foi du centurion et décide d’y répondre, en disant : « Je vais aller le guérir ». Ici, le centurion intercède pour son fils, mais Dieu ne nous a t-il pas faits « centurions spirituels » pour intercéder les uns pour les autres dans l’Eglise pour notre guérison et celle du monde.

L’Eglise nous remémore aujourd’hui l’exemple vivifiant de ce centurion, afin que nous puissions nous en inspirer, car nous avons vocation à intercéder auprès de Dieu avec « foi, espérance et amour » pour que l’humanité puisse se libérer de ce qui la paralyse dans son « corps, son âme et son esprit ». Les malheurs du monde, le chaos des dictatures, les failles et blessures provoquées par les attitudes inhumaines, ne peuvent trouver leur guérison véritable sans vie spirituelle personnelle et ecclésiale, pour irriguer et vivifier le cœur des hommes à travers la prière et l’intercession des uns pour les autres.

 

Devant la proposition du Christ de venir guérir le paralytique chez lui, le centurion répond : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole, et mon fils sera guéri ». Pourquoi se dit-il indigne d’accueillir le Seigneur sous son toit ? Parce que en tant que « païen », il ignore qu’il a été crée à l’image et à la ressemblance d’un Dieu, qui est Créateur et Père de l’humanité, mais sa foi en Jésus ce prophète charismatique va lui permettre d’entrer peu à peu en lui-même, pour accueillir  avec confiance la grâce divine.

 

Ce centurion avant de rencontrer celui qu’il appelle « Seigneur », avait entendu parler de lui, il a alors « cherché et il a trouvé, il a demandé et il a reçu, il a frappé et Dieu lui-même lui a ouvert ». Il a ainsi pu expérimenter en esprit et en vérité que « prier, c’est ne plus être seul », ce centurion a été béni et guidé par la divine providence. La réputation de Jésus, comme prophète-guérisseur était arrivée jusqu’à lui, le centurion croyait sans hésiter que celui qu’il appelle là devant nous « Seigneur », peut accomplir même l’impossible et d’une seule parole guérir son fils, qui gît-là paralysé sous nos yeux, n’est-ce pas ce qui est arrivé ! 

 

L’Evangile nous dit encore : « A ces mots, du centurion, Jésus fut dans l’admiration et il dit à ceux qui étaient là : en vérité, je vous le dis, chez personne en Israël je n’ai trouvé pareille foi », et IL ajoute : « c’est pourquoi, beaucoup prendront place au festin du Royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob, alors que ceux qui étaient les fils naturels du Royaume des cieux seront jetés dehors ». Cette affirmation du Christ devrait nous faire méditer, comme Marie « toutes ces choses dans notre cœur », nous, qui sommes d’après saint Paul, « les enfants lumineux de l’Eglise ».

 

L’Eglise est la maison divino-humaine, dans laquelle se rencontrent la Cour Céleste, c’est à dire la Divine Trinité, la Mère de Dieu, les Saints et les Anges, et la cour terrestre, c’est-à-dire chacun et chacune d’entre nous. L’Eglise est ce lieu béni par Dieu et par les croyants, dans lequel à travers la célébration de la Divine Liturgie et des saints Offices religieux, nous pouvons acquérir l’expérience concrète, de la « foi, de l’espérance et de l’amour », envers Dieu et au service de l’homme.

 

Qui parmi nous, n’a pas à eu à un moment ou un autre besoin dans son existence, de la présence aimante et de la prière d’un « centurion spirituel », lorsque les épreuves de la vie sont trop fortes pour s’en sortir tout seul ? Seuls les vaniteux imbus d’eux-mêmes, pensent qu’ils n’ont besoin de rien ni de personne, mais l’homme humble sait qu’il ne peut rien pour se sauver lui-même. C’est pourquoi en tant que   « chrétien orthodoxe » je suis par vocation un « intercesseur » pour toute l’humanité, et l’apôtre Paul nous rappelle « que la foi est agissante par l’amour et la compassion ». Dans l’esprit de Paul, l’amour parfait, c’est de ne rien exiger pour soi-même, ceci devrait être le véritable visage de l’Eglise. C’est pourquoi, la prière liturgique commune, qui nous réunit ici aujourd’hui, ne peut être qu’un don spirituel libre des uns pour les autres, des uns avec les autres, afin que nous puissions bénir ensemble, l’humanité et toute la création.

 

Alors que veut donc nous enseigner le Christ, en magnifiant et en louant ainsi la foi du centurion ? Sinon nous encourager à cultiver en nous avec humilité, la confiance absolue en Lui, le médecin de nos âmes et de nos corps. Il désire transformer nos doutes, nos peurs en foi inébranlable en Lui, en foi capable de déplacer les montagnes psychiques, intérieures ou extérieures qui paralysent notre quotidien. La « foi comme Don de Dieu est universelle », ce qui la différencie d’une personne à l’autre, c’est la relation personnelle que chacun met en œuvre envers et avec Dieu pour qu’elle puisse se révéler avec le maximum de plénitude.

Acquérir la « foi qui peut transporter et transformer nos montagnes intérieures », peut être reçue comme un don dans l’Eglise, par la participation liturgique régulière, à travers laquelle, nous pouvons apprendre à contempler notre Seigneur à l’œuvre au service de l’homme, son bien-aimé. La « foi » est un Don de l’Esprit Saint et l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans l’Eglise du Christ, la foi ne se donne pas au monde des apparences où règne la corruption, elle ne peut être reçue que par celui qui désire vraiment vivre le mystère spirituel de l’Eglise et qui croit en Dieu.

 

Le mystère de la foi et de la guérison spirituelles, ont tous deux comme source, l’Amour de Dieu envers l’humanité, nous croyons que la guérison essentielle est premièrement spirituelle, mais rien n’empêche le Seigneur de donner aussi la guérison corporelle, comme en témoigne l’évangile de ce jour. C’est pourquoi L’Eglise, qui est le corps du Christ et le temple de l’Esprit Saint, a vocation d’être d’abord « l’humble servante » de l’humanité. Le chrétien orthodoxe est donc celui qui intercède dans l’Eglise, afin que Dieu accueille toute personne qui crie vers Lui et espère entendre : « Je vais te guérir ».

 

Puis le Seigneur dit au centurion : « va, et qu’il t’advienne selon ta foi ! Et à l’instant même le serviteur fût guéri ». La foi du centurion est telle qu’il n’y a pas de distance entre sa demande de guérison pour son fils et l’accomplissement de cette guérison. Que Dieu nous accorde une telle « foi » par sa divine grâce et la prière de « notre ami », le centurion évangélique.

 

Le fou juge, punit et détruit et cela sans réfléchir, le fou est celui qui se croit sage à ses propres yeux, mais le sage accueille, regarde et écoute dans le silence et l’intelligence du cœur avant d’agir selon Dieu et avec Dieu pour restaurer l’homme dans sa dimension divino-humaine. Qui est ici le fou ? C’est l’homme sans Dieu et sans l’Eglise, l’homme sans Dieu et sage à ses propres yeux, devient aussi un homme aveugle et sourd, une caricature déformée de sa beauté originelle crée par Dieu. Et qui est pour nous l’homme de Dieu me direz-vous peut-être ? C’est « l’homme ou la femme » dont la vie et l’existence est tournée vers Dieu, n’est-ce pas cela devenir orthodoxe pour nous, prenons-nous conscience de ce que signifie « être orthodoxe » ? Pour nous, orthodoxes, il « n’existe qu’un seul et unique Sage qui est notre Seigneur Jésus-Christ ».

 

Si nous croyons cela, alors le Christ se révèlera à nous et nous aurons le désir naturel de lui ressembler, en partant de notre humanité, oui, tels que nous sommes, pour nous sanctifier avec l’aide de l’Eglise et croire que nous sommes concernés par cette parole qui affirme que  « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu », apprendre peu à peu à vivre selon l’ascèse évangélique. Si donc, nous désirons la sagesse en « esprit et en vérité », nous devons demander pour recevoir, chercher pour trouver, frapper pour que s’ouvre la porte de la communion avec l’Esprit Saint qui nous donnera comme nous l’enseigne le Christ, lui-même  « la connaissance de la vérité qui nous rendra libre ».

 

L’Evangile n’est pas un manifeste en faveur du chaos des esprits, ni un roman à l’eau de rose dans lequel se noient les discussions de comptoirs ou une émission téléguidée pour tirer l’humanité vers le bas. La vie et la voie orthodoxe ne béniront jamais les faux-prophètes qui agissent dans les ténèbres de leurs âmes, et cela au sein même parfois de notre très sainte Eglise. L’Evangile est le livre de la « vie divino-humaine qui peut et veut engendrer l’homme dans l’amour spirituel, dans la beauté lumineuse qui transfigure et dans la sainteté qui sont l’accomplissement et le couronnement de notre vocation orthodoxe ».

 

Au Père qui nous fait Don de la Foi, au Fils qui nous guérit par Amour et à l’Esprit Saint qui nous garde dans l’Espérance, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.

 

+ Syméon

 

 

 

 

 

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