Calendrier liturgique, Homélies, Galerie Photo, vie saint Milutin tropaire kondakion, blogs

samedi 30 décembre 2023

Dimanche des Ancêtres

 

                                                                     (Matthieu 1, 1 – 25)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise Orthodoxe nous rend témoins de cette œuvre étrange pour la raison humaine ordinaire qui consiste à inscrire le Dieu Vivant et inaccessible au sein de l’humanité et cela dans le temps et l’espace de notre monde par la médiation libre et essentielle de Marie Théotokos, l’une d’entre nous. Cette même raison ordinaire comprend encore moins qu’il est une œuvre encore plus grande qui consiste à inscrire l’homme dans le Royaume de Dieu selon la parole du Christ lui-même : « vous ferez les mêmes choses que moi et même de plus grandes », la naissance de l’homme dans le Royaume et ceci pour l’éternité est cette chose sublime et unique dont parle le Seigneur. Ce Dieu éternel, qui dans quelques jours naîtra parmi nous comme un tout petit enfant semblable à tout autre nouveau-né, sera adoré avec amour par les rois mages, les bergers et la multitude des anges et phalanges célestes, sous le regard émerveillé et veillant de sa mère selon la chair et de celui qui lui servira de père dans l’humaine condition, Joseph le bienheureux.

Nous voyons Joseph comme frappé de stupéfaction et d’incompréhension devant Marie enceinte, et ne sachant que faire devant un tel mystère, il se propose de la renvoyer chez elle en toute discrétion. Mais voici que l’Ange du Seigneur lui apparaît en songe et lui ordonne de prendre Marie auprès de lui, lui apprend que Marie est enceinte par la grâce de l’Esprit de Dieu et que l’enfant qui naîtra d’elle est le Messie d’Israël annoncé par les prophètes, nous pouvons facilement imaginer l’état d’extrême étonnement intérieur dans lequel se trouvait Joseph.

Pour notre vie en Dieu, nous pouvons reporter cette situation dans notre être religieux et considérer l’Eglise comme la mère spirituelle qui doit enfanter dans l’univers Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous, et que si l’Eglise est Marie, alors chacun d’entre nous devient Joseph, c'est-à-dire que nous épousons spirituellement l’Eglise corps du Christ, non pour y engendrer le Christ, mais nous-mêmes comme des christs en vue de notre vie à venir en Dieu. Combien de fois entendons-nous des paroles de lamentations sur le fait que nous n’avons pas de père ou de mère spirituels qui pourraient nous conduire par la main en toute sûreté ; pourtant aucun d’entre ces spirituels n’est plus saint ni plus sage que l’Eglise du Christ, qui est la mère spirituelle par excellence. Nous pouvons observer que ce n’est qu’une fois réveillé que Joseph peut mettre en œuvre la volonté divine, il en de même pour nous, tant que nous dormons, nous faisons volontiers des rêves et parfois aussi des cauchemars mais plus rarement des songes au sens biblique du terme. La seule manière de nous éveiller en Dieu et à Dieu pour faire Sa volonté, c’est de vivre selon l’Evangile de Vie et selon l’enseignement de la sainte Eglise du Christ, dans laquelle ce n’est plus l’Ange de Dieu mais l’Esprit Saint lui-même qui vient nous enseigner la véritable ascèse spirituelle.

Nous sommes dans l’Eglise pour réaliser les prophéties annoncées et nous aussi nous nous inscrivons dans la lignée ancestrale qui remonte à Abraham le père des croyants, mais nous savons que notre origine spirituelle remonte à la Divine Trinité elle-même, même si, tout comme Joseph, nous pouvons être éprouvés par bien des doutes lorsque nous ne comprenons pas ou plus ce que la providence divine permet pour chacun d’entre nous. Le Seigneur est venu librement s’incarner en Marie pour être enfanté à notre monde et à notre humanité, et devenir l’un d’entre nous et l’un parmi nous; de même nous devons nous inscrire dans la lignée spirituelle des saints qui nous précèdent dans le Royaume de Dieu pour y devenir l’un d’entre eux et l’un avec eux, toujours cette synergie entre Dieu et l’homme.

C’est pourquoi le Seigneur durant l’Ascension emmènera avec lui l’humanité rachetée et ce sera Lui, l’Ange du Grand Conseil qui annoncera non à Joseph mais à la Divine Trinité, la bonne nouvelle de l’enfant humain devenu un dieu, un Emmanuel parmi la Trinité. L’Ecriture nous enseigne que la Sagesse était auprès de Dieu avant la Création du monde, qu’elle jouait devant le trône de la Divine Trinité et que Dieu se réjouissait et prenait plaisir à la contempler, jusqu’au moment où Dieu décide de créer avec elle, c'est-à-dire qu’elle ne pouvait pour ainsi dire plus suffire à recevoir l’amour de Dieu. Ce Don de l’Amour de Dieu demande un réceptacle unique dont le modèle le plus parfait est représenté par Marie-Théotokos, mais la Joie de Dieu atteindra toute sa plénitude lorsque l’humanité-prodigue rachetée et restaurée dans sa beauté absolue divino-humaine reviendra dans le Royaume, comme sagesse éternelle en présence de Dieu.

L’ascèse qui donne ce que Dieu a promis à l’homme qui œuvre en synergie avec Lui, s’enracine et s’édifie sur la triade spirituelle de la prière personnelle, de la prière ecclésiale et de la communion fraternelle. Noël est l’icône de l’humilité où nous contemplons le Dieu Vivant et Tout-Puissant, qui devient un petit enfant qui a besoin de l’humanité pour exister, et c’est cette humilité qui fait que le Christ est parfaitement et totalement lui-même. La conséquence immédiate de cette justesse absolue, est que le Christ est toujours à sa place exacte, centré en Lui-même et lumineusement clairvoyant dans son être et sa vie, et c’est ainsi que nous devons apprendre à vivre là où Dieu nous a placé, pour devenir nous aussi de véritables théodules, nom splendide qui signifie « serviteurs de Dieu » ou « êtres orthodoxes » dont l’unique œuvre consiste en la parfaite glorification de la Divine Trinité.

Contemplons l’Eglise qui est le Corps dont se revêt le Christ et le Temple dans lequel l’Esprit de Dieu célèbre la Divine Liturgie purement mystique et spirituelle, le Seigneur par humilité et reconnaissance lui a inspiré de faire mémoire de Ses Ancêtres selon la chair, pourquoi ? Pour entre autres, rappeler qu’Il a crée l’humanité pour la servir et non pour être servi et pour témoigner que sans cette humanité Il ne pouvait pas naître parmi nous comme l’un d’entre nous hormis le péché, et que tous ces priants qui l’ont précédé ont rendu possible l’avènement non seulement du roi David, de Joseph ou d’Abraham, mais surtout de Marie de laquelle est né Jésus.

L’Esprit de Dieu ne se lasse pas de nous visiter et de nous enseigner les saints mystères de la vie spirituelle à mettre en œuvre dans notre existence quotidienne, ici et maintenant. La parole de Dieu est fidèle à elle-même et elle donne ce qu’elle promet, mais si nous accueillons cette parole comme un ronronnement qui nous accompagne de manière plus ou moins inconsciente, alors nous risquons d’être tenté comme Joseph de répudier avec plus ou moins de violence notre épouse, la sainte Eglise orthodoxe du Christ.

Que Dieu nous donne un cœur et un esprit nouveaux pour accueillir Celui qui vient car en vérité, Noël n’est pas la Fête de Dieu mais bien celle de l’humanité aimée du Père Céleste à qui soit la Gloire avec l’Enfant Divin et l’Esprit de Vie, dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire