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lundi 23 mai 2022

Homélie du 22/05/2022 : La samaritaine...

 

 

 


La Samaritaine

(Jean : 4, 5 à 42)

Au Nom du PERE, du FILS et du SAINT-ESPRIT, amen.


Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Samaritaine, et de même que le Maître divin a fait de pêcheurs Galiléens illettrés des maîtres de sagesse, de même fait-il avec cette femme Samaritaine, en lui accordant un dialogue spirituel et existentiel. Le Seigneur donne à cette Samaritaine, sa grâce divine, afin qu’elle puisse accéder à sa plus profonde intériorité, et dans cette illumination intérieure, il lui sera donné de contempler en Jésus au-delà de l’apparence d’un homme fatigué et assis là, au bord du puits, qu’IL est le véritable Saint d’Israël annoncé par les prophètes.


Les disciples arrivent et s’étonnent de ce que Jésus parle à une femme et Samaritaine de surcroît, ils ne comprennent pas et n’osent pas non plus poser de questions. La Samaritaine ose poser des questions et espère des réponses, qu’elle obtient, dans la simplicité de sa foi envers la religion de ses Ancêtres. Elle pose les bonnes questions et reçoit les bonnes réponses, une bonne réponse n’est pas celle qui clôt une fois pour toujours notre cheminement vers nous-mêmes et vers Dieu. Une bonne question maintient le chemin ouvert et vivant, et nous dit va avec confiance vers toi-même, et c’est exactement ce dont témoigne le Christ à la Samaritaine. A l’opposé, la mauvaise réponse est celle qui nous fait croire que nous sommes déjà des êtres spirituels accomplis, que nous pouvons prendre nos savoirs limités pour de la théologie, nos péchés pour des choses sans importance, notre auto satisfaction comme le signe de l’Esprit Saint en nous.


Les mystères du Christ sont si profonds dans leur simplicité, que les sages et les faux intelligents selon l’esprit de ce monde que dénonce le Christ lui-même, n’auront jamais, je dis bien jamais, accès en esprit et en vérité à la sagesse créatrice divine, même les miettes du festin que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment, leur seront refusées. Ceux qui aiment Dieu et l’Eglise, ressemblent à cette samaritaine humble qui se met vraiment en route pour trouver le sens réel de sa vie. Ceux qui aiment vraiment Dieu et la sainte Eglise, se mettent au service de Dieu, s’engagent dans l’Eglise et accomplissent des œuvres religieuses, en se souvenant de tous les sacrifices endurés par nos Pères et Mères saints, à travers l’espace et le temps jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi l’innocence, la confiance et la réceptivité envers l’essentiel, en un mot, la « vie orthodoxe », sera toujours supérieure à toutes les spéculations et pensées scientifiques, psychiques, artistiques, littéraires, philosophiques ou rationnelles.


La sagesse divine, comme le promet notre Seigneur, sera donnée avec surabondance, à ceux qui ont des oreilles pour entendre, des yeux pour contempler, un cœur aimant et priant, à ceux qui vivent vraiment le mystère de l’Eglise, et répondent « amen » quand Dieu les appelle. Oui, à ceux-là la Divine Trinité révèle « l’amour du Père, la grâce du Fils, la communion du Saint Esprit », frémissement indicible de la Présence de Dieu dans l’Eglise et dans le cœur de tout homme ou femme de bonne volonté. Cette expérience est l’entrée dans une relation divino-humaine que beaucoup désirent et que bien peu réalisent, l’unique réalité si nous voulons devenir orthodoxes, qui doit nous porter vers nous-mêmes et vers Dieu est notre désir profond de « rencontrer le Seigneur ».


La stérilité spirituelle est souvent liée au fait que nous vivons de manière dissociée et fractionnée, parce que nous excluons telle ou telle réalité comme incompatible avec l’idée que nous nous faisons de la vie intérieure. Mais la Samaritaine nous montre au contraire qu’il ne faut pas exclure mais inclure notre quotidien existentiel dans notre recherche de Dieu, pour que Dieu puisse purifier et sanctifier toute notre vie.


Le Christ est la « Voie » mais en quoi est-il responsable de mes errances à travers les fausses spiritualités et les impasses du monde, qui nous éloignent de nous-mêmes et de notre Seigneur, aimant, saint, humble et sage ?

Le Christ est la « Vérité » mais en quoi est-il responsable de mes ignorances qui sont le fruit d’un esprit non purifié par L’Esprit de Dieu ? Si je persévère à chercher ma nourriture dans les pensées limitées de l’humanité sans Dieu, sans méditer et vivre selon l’Evangile, que puis-je vraiment espérer ?


Le Christ est la « Vie » mais en quoi est-il responsable de mon agonie religieuse et spirituelle, si je me contente de survivre à la périphérie de moi-même, si je renonce à faire l’effort de cultiver la grâce divine qui m’est proposée dans la sainte Eglise ?


C’est pourquoi beaucoup choisissent la facilité qui consiste à accuser Dieu de tous leurs malheurs, et du haut de leur vanité jugent ridicules de croire que l’homme puisse être élevé jusqu’à Dieu, dans l’amour, la grâce et la beauté. Alors, ces « cœurs endurcis à la nuque raide », préfèrent nier ou renier Dieu au-dehors et en eux-mêmes, que le Christ se taise, comme l’écrivait Dostoievski, car ils ne supportent pas sa parole libératrice, qui nous dit, si vous le voulez : « vous pouvez devenir des dieux et des christ par ma grâce ». Qui peut penser, qu’il est possible de devenir un « christ » sans un engagement réel et régulier par la foi dans la vie, la voie et la vérité orthodoxe ? La Samaritaine, commence par écouter et s’étonne de ce qu’elle entend et voit, son cœur et son esprit s’ouvrent peu à peu, pour recevoir la parole de Dieu. Et voici que la lumière divine s’élève en elle, elle s’émerveille de ressentir ce qu’elle est dans la parole et le regard lumineux de cet étrange Prophète, assis là au bord du puits dans l’apparence banale et extérieure d’un homme fatigué, mais qui lit en elle avec amour comme dans un « livre ouvert ».


Le Seigneur a discerné le désir de vivre qui palpite dans les profondeurs de l’être véritable de la Samaritaine, qui parmi nous n’a jamais ressenti au tréfonds de lui-même, la présence vivifiante de cette source vive qui pétille et qui ne demande qu’à couler en nous et pour notre salut ? La Divine Liturgie et les saints Offices de l’Eglise orthodoxe possèdent comme un trésor inestimable ces Dons du Père Céleste, que la Divine Trinité offre à toute personne qui les désire librement. Ces saints mystères du Christ nous sont donnés pour qu’à travers eux nous devenions « roi, prêtre et prophète », et que nous passions peu à peu du statut de « serviteur à l’expérience d’ami de Dieu ».


Ne sommes nous pas dans l’Eglise justement pour découvrir cette réalité en nous ? L’Eglise est au cœur de ce puits où se trouve aussi le Seigneur de Gloire, dont le visage lumineux se reflète dans l’eau pure de notre profondeur. L’Eglise est ce puits hospitalier au bord duquel chacun d’entre nous peut s’asseoir, lorsque fatigué et chargé par les épreuves de sa vie, il ressent palpiter en lui le désir de rompre avec l’invivable et l’inhumain. Voulons-nous connaître, pourquoi Dieu nous invite encore et encore à Son banquet nuptial ? Parce qu’IL désire que chacun et chacune d’entre nous, soit comme l’invité unique en sa Présence dans l’Eglise, icône du Royaume de Dieu, que cette rencontre se fasse autour du « puits sacré et spirituel dans l’Eglise par l’amour, la beauté et la vérité ».


Ne pensons pas qu’une telle adoration de Dieu en esprit et en vérité est prévue uniquement pour la vie éternelle à venir, non cette expérience est accessible ici et maintenant. Ah bon penserons-nous peut-être, étonnés voire incrédules, avant de nous émerveiller comme la Samaritaine, voulons-nous la preuve indiscutable que cette adoration est réellement naturelle à l’homme crée à l’Image de Dieu ? Qu’elle est déposée par Dieu dans le patrimoine spirituel de l’humanité ? Cette expérience n’est-elle pas en vérité tout simplement le témoignage édifiant que nous offre tout homme et toute femme ayant acquis la « sainteté ».


Pour que cette rencontre se réalise, il nous faut non seulement imiter la Samaritaine, mais passer du témoignage de l’autre, des autres, à l’expérience personnelle avec le Christ, comment ? C’est très simple, il suffit de « venir et de voir », venir où ? Dans l’Eglise, voir quoi ? L’œuvre de Dieu, comment ? En participant totalement et régulièrement à la sainte célébration de la Divine Liturgie. C’est dans l’Eglise que nous allons peu à peu goûter combien le Seigneur est bon et doux, voir combien Il est beau et que la grâce est répandue sur ses lèvres, entendre combien IL nous appelle au cœur de notre cœur par ces paroles « où es-tu mon bien-aimé, où es-tu ma bien-aimée ».

Avec quels mots vous transmettre l’Amour de Dieu, pour vous témoigner combien chacun et chacune est inestimable et irremplaçable dans le cœur du Père céleste. Dans notre sainte Eglise orthodoxe, réjouissons-nous, chantons, célébrons et fêtons de tout notre être la Divine Trinité. La Divine Liturgie est le témoignage vivifiant que pour Dieu lui-même « l’unique nécessaire » est l’amour du prochain, ce prochain c’est l’homme-humanité, nous sommes chacun et chacune le « prochain à qui Dieu désire offrir l’amitié divine », c’est la vocation et le fruit spirituel de notre existence orthodoxe. Prions ensemble et bénissons-nous, demandons à Dieu de nous donner de devenir capable de porter de telles grâces éternelles déjà en ce monde, car comme le dit le Seigneur « sans moi, vous ne pouvez rien faire ».


Pénétrons avec une humble audace en nous-mêmes et dans l’Eglise pour y puiser au Nom de Jésus l’eau vive qui régénère et guérit toute infirmité spirituelle, et qu’à l’image de notre saint Christ, nous devenions nous aussi des « êtres transfigurés par la lumière éternelle du Thabor spirituel qui est l’Amour de Dieu ».


Au Père qui est la Source et le puits insondable de la Vie, au Fils qui y puise pour nous les grâces éternelles et à l’Esprit qui répand sur nous Ses bénédictions d’eau et de feu spirituelle, soient la Gloire dans les siècles des siècles, amen.


+ Syméon



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