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dimanche 8 mai 2022

Homélie du 08/05/2022 : Dimanche des Myrophores et de Joseph d'Arimathie...

 


Dimanche des Myrophores et de Joseph d’Arimathie.

Marc, (15- 43 à 16 – 8)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.


Aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe de notre saint Christ ressuscité, célèbre les Myrophores, ces femmes saintes qui ont suivi le Seigneur durant sa vie, et qui partageaient par leur foi avec Joseph, Nicodème et d’autres Israélites, l’espérance de la venue du Messie pour instaurer le Royaume de Dieu. Mais malgré toute leur foi, le Mystère de la Résurrection leur demeurait encore scellé, Jésus restait à leurs yeux encore voilés, le charismatique Prophète de Nazareth, que la folie de Juifs et de Romains avait mis à mort et cloué sur une Croix.


Joseph le Juste, lui non plus ne pouvait pénétrer spirituellement le Mystère de la sainte Résurrection, mais il avait à cœur de donner une sépulture digne à ce Jésus, pour lequel il ressentait de la compassion, et dont l’enseignement avait bouleversé en profondeur sa vision religieuse en Israël. Vous avez sans doute déjà entendu dans l’Ancienne Alliance ces paroles : « vanité, vanité, tout est vanité, il n’y a rien de nouveau sous le soleil », mais les femmes Myrophores, Joseph et Nicodème inspirées par l’Esprit Saint ont ressenti chacun et chacune selon sa sensibilité spirituelle, que ce Jésus Prophète miraculeux, était le Messie attendu par Israël. Que ce Jésus envoyé par Dieu, EST la nouveauté absolue et éternelle, et que l’icône de cette présence réelle de Dieu parmi nous est la sainte Eglise du Ressuscité.


Joseph, descend le Crucifié de la Croix, l’enveloppe d’un linceul immaculé et le dépose dans un tombeau neuf, et enfin roule une grande pierre pour fermer hermétiquement la sépulture. Cette œuvre de Joseph est une préfigure extérieure de ce que sera l’Eglise du Christ, Joseph descend de la Croix le saint Corps du Seigneur, ce Corps qui est nous dit saint Paul, « l’Eglise dont le Christ est la Tête ». L’Eglise orthodoxe est donc un corps spirituel divino-humain et une icône lumineuse, humble et fidèle du Christ, Eglise dont chacun d’entre nous est comme le cœur dans lequel ce n’est plus Joseph, mais l’Esprit de Dieu qui dépose avec amour, spirituellement et sacramentellement le « Christ Crucifié et Ressuscité ».


Dans l’Eglise, le Seigneur ne descend plus de la Croix du Golgotha, mais du Royaume de Dieu, Il vient librement se déposer sur son Autel Saint et accomplir spirituellement tous ses saints mystères liturgiques. IL nous invite comme personne et comme communauté, non à l’embaumer Lui qui est la Vie par une myrrhe matérielle, mais à lui offrir de tout cœur et de manière spirituelle le nard pur de notre prière à travers la célébration de la Divine Liturgie, qui est la réalisation parfaite de ce que désiraient ardemment les femmes Myrophores, Joseph et Nicodème, la « venue du Royaume de Dieu sur terre ».



Vous savez que la véritable et très sainte Myrophore, c’est la Mère de Dieu, qui « méditait toutes ces choses dans son cœur », elle n’avait pas comme vocation d’embaumer le corps d’un mort, elle qui a porté le Dieu Vivant dans ses entrailles. Elle qui l’a enveloppé du parfum de sa sainteté personnelle, elle qui l’a nourri d’amour, de prière et d’adoration. Nous aussi, nous sommes venus aujourd’hui dans la sainte Eglise pour y concélébrer ensemble la Divine Liturgie, pour envelopper le Ressuscité non d’un linceul, mais de notre présence aimante, humble et douce. Alors fermons notre corps, notre âme et notre esprit aux soucis de ce monde et tournons-nous vers Dieu seul pour Le recevoir en nous par la sainte Eucharistie. Entrer dans l’Eglise, c’est pénétrer dans l’éternité au cœur du temps et de l’espace, cela mérite que nous nous y préparions avec « crainte de Dieu, foi et amour », le mystère de l’Eglise est indicible et restera voilé dans sa vérité divino-humaine à tout homme psychique endurci qui se laisse encore et encore parasiter par l’agitation vaine et pathologique du monde.


Aller dans la sainte Eglise, qui est le lieu du renouvellement de notre être, nous demande de sortir de nous-mêmes, d’abandonner nos pensées, paroles et actes du quotidien, au moins pour le temps sacré de la célébration liturgique. Nous ne pouvons pas quitter le monde, si notre écoute, notre vision, notre odorat, notre toucher, notre goût, restent imprégnés de ce même monde étranger à la sainteté divine. Nous ne pouvons pas vivre spirituellement le mystère de l’Eglise, comme le dit le Père Aimilianos, si nous restons encombrés dans notre cœur et dans notre esprit par les cacophonies bruyantes des crises qui perturbent l’équilibre de l’humanité et de la création, notre vie spirituelle pour être en harmonie avec la grâce divine exige que nous renoncions aux illusions du vieil homme, pour œuvrer à notre conversion véritable.


L’Eglise de Dieu nous apprendra à déposer le Crucifié dans notre cœur, d’où il nous donnera d’entrer dans la vraie vie qui est notre résurrection au Nom de la Divine Trinité. Mais pourquoi déposer le Seigneur de gloire dans notre être le plus profond ? Afin qu’il puisse descendre au cœur profond de notre enfer intérieur envahi par les passions depuis notre Chute en Adam. L’enfer est là où nous nous laissons crucifier par nos états d’âme, là où nous ouvrons la porte aux pensées des ténèbres dont les œuvres constituent notre mort spirituelle, là où Satan veut nous emprisonner dans sa haine de Dieu et de l’homme avec la complicité du vieil homme en nous.


Qui nous roulera la pierre de nos péchés pour que nous puissions nous aussi accéder à notre cœur profond et sortir vers la vie, où nous verrons non seulement l’ange du Seigneur nous annoncer la Résurrection du Christ, mais : « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme », mais que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment !




Alors l’ange du Seigneur nous dira « ne vous effrayez plus, vous cherchez le Seigneur, le Crucifié, il est Ressuscité », il n’est plus ici, car Dieu ne peut demeurer prisonnier de la mort, du temps ou de l’espace, et nous aussi Fidèles orthodoxes, nous devons nous tourner vers Dieu selon « l’homme intérieur caché avec le Christ en Dieu ». Alors nous aussi comme des icônes vivantes et des disciples du Ressuscité, nous pourrons annoncer dans l’Eglise universelle qui est le cœur du monde, la Bonne Nouvelle entendue par les Myrophores : « Christ est Ressuscité, en vérité Il est Ressuscité ». Prions Marie la grande Myrophore, de nous accompagner sur la voie étroite mais seule désirable de la « foi, de l’espérance et de la charité », qui seule peut nous donner, la rencontre personnelle et ecclésiale avec le Seigneur Ressuscité.


Rendons grâce à la Divine Trinité qui nous engendre à la vie éternelle dans notre sainte Eglise orthodoxe, où nous apprenons à édifier peu à peu, notre véritable personne par la grâce des saints mystères et sacrements du Christ, en vue du Royaume de Dieu. La voie de la spiritualité orthodoxe est d’une divine simplicité, et nos épreuves et souffrances sur ce chemin, proviennent en grande partie du fait, que nous sommes des « êtres tourmentés et compliqués ». Nous sommes la cible des attaques du vieil homme dans notre cœur, la cible de toutes sortes de désirs qui nous éloignent de l’essentiel, qui est notre vie en Dieu, avec Dieu et pour Dieu.


Que le Ressuscité nous donne par grâce et selon sa Promesse, l’Esprit Saint, qui seul peut réaliser avec nous, déjà ici et maintenant, si nous le désirons vraiment, notre sainte et éternelle vocation qui est de devenir ce que nous sommes par la volonté de notre Père Céleste, des « personnes divino-humaines », dont la seule et unique raison d’être est la « vie éternelle dans le Royaume de Dieu ». Bénissons les Myrophores et tous les Disciples du Seigneur qui nous ont transmis leur témoignage de la Résurrection du Christ, et transmettons nous aussi à notre tour, autour de nous, ce cri du cœur : « Christ est Ressuscité, en vérité IL est Ressuscité ».


Au Père qui nous aime, au Fils qui se donne par amour et à l’Esprit d’amour, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.


+ Syméon



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