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samedi 17 mai 2025

La Samaritaine

 

(Jean  4, 5 – 42)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

 

 

Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Samaritaine, et nous voyons à l’évidence combien le Seigneur aime et bénit la femme comme médiatrice de sa pédagogie providentielle et spirituelle, dont la plénitude d’accomplissement est réalisée par Marie la Mère du Seigneur. De même que le Maître divin a fait de pêcheurs Galiléens illettrés, des maîtres de sagesse, de même fait-il avec cette femme Samaritaine dont le questionnement lui permet de la faire traverser à partir d’elle et jusqu’en elle, de l’extérieur à la plus profonde intériorité, la voie qui lui donne de pressentir que cet homme fatigué et assis là, au bord du puits est le Saint d’Israël, le Saint Messie qui lui fait toucher à elle, une Samaritaine, par l’expérience immédiate quelque chose de ce que peut être l’adoration du Père en esprit et en vérité.

 

Les disciples arrivent et s’étonnent de ce que Jésus parle à une femme et Samaritaine de surcroît, ils ne comprennent pas et n’osent pas non plus poser de questions, et voici que cette Samaritaine ose poser des questions et en attend des réponses, qu’elle obtient, dans la simplicité de sa foi envers la religion de ses Ancêtres. Elle pose  les bonnes questions et reçoit les bonnes réponses. Une bonne réponse n’est pas celle qui clôt une fois pour toute notre cheminement vers nous-mêmes et vers Dieu, une bonne question maintient le chemin ouvert et vivant et nous dit, va avec confiance vers toi-même, et c’est exactement ce dont témoigne la Samaritaine.

 

Permettez-moi de dire quelque chose du mystère spirituel concernant la création d’Eve, qui est bien sûr aussi le mystère qui appartient naturellement à toute femme, dont le fruit magnifique entre tous a été d’engendrer le Dieu vivant dans les entrailles de Marie. Vous savez que Dieu a créé Adam en le modelant à partir de la terre sainte du Paradis et qu’ensuite IL lui a insufflé l’esprit pour que l’homme devienne une âme vivante, mais contemplez maintenant comment Dieu a crée Eve, qui signifie Mère des vivants, parce que justement elle n’a pas été tirée et modelée de la terre encore inerte et sans vie comme Adam, mais elle est née directement de la Nature humaine vivante, sans génération charnelle, cette même Nature que recevra notre Sauveur en s’incarnant de Marie, ne pensons pas seulement avec la raison un si grand mystère, mais comme la Samaritaine, tenons-nous devant le Seigneur et demandons lui de nous enseigner qui IL est en esprit et en vérité ?

 

Les mystères du Christ sont si profonds dans leur simplicité, que le seul fait d’en parler même à minima, peut engendrer en nous un début d’adoration en esprit et en vérité envers le Père, comme nous y encourage le Christ. En esprit, c'est-à-dire spirituellement par la recherche constante de la communion intérieure avec la Divine Trinité en Christ, en vérité, par la plénitude de ce que nous sommes en tant que personne incarnée, c'est-à-dire de tout notre être et par toute notre vie.

 

La stérilité spirituelle est liée au fait que nous vivons de manière dissociée et fractionnée, parce que nous excluons telle ou telle réalité comme incompatible avec l’idée que nous nous faisons de la vie intérieure, et la Samaritaine nous montre au contraire qu’il ne faut pas exclure mais inclure notre quotidien dans notre recherche de Dieu, pour que Dieu puisse purifier et sanctifier toute notre existence. Le Christ est la Voie, mais en quoi est-il responsable de mes errances individuelles ? Il est la Vérité, mais en quoi est-il responsable de mes ignorances ? Il est la Vie, mais en quoi est-il responsable si je me contente de survivre ? Beaucoup l’ont trouvé coupable de tous leurs malheurs au point de le crucifier, parce qu’ils jugeaient blasphématoire de vouloir élever l’humanité à la même hauteur que Dieu et cela dans la grâce et la beauté. Alors, ils ont préféré le tuer au-dehors et en eux-mêmes, pourvu qu’IL se taise car qui peut supporter une telle parole « vous êtes des dieux ». La Samaritaine commence par s’étonner mais finit par s’émerveiller de ressentir ce qu’elle est dans la parole et le regard de cet étrange Prophète, assis là au bord du puits dans l’apparence banale et extérieure d’un homme fatigué.

 

Le Christ ne lui reproche pas d’être pécheresse parce qu’elle a eu cinq maris et que l’actuel compagnon n’est pas le sien, Il bénit le désir de vivre, d’aimer et de connaître qu’il a discerné chez cette femme, désir qui palpite dans les profondeurs de son être véritable. Qui parmi nous n’a jamais ressenti au tréfonds de lui-même, la présence de cette source vive qui pétille et qui ne demande qu’à couler en nous pour nous vivifier ? Ne sommes-nous pas dans l’Eglise justement pour découvrir cette réalité en nous ? L’Eglise est au cœur de ce puits où se trouve aussi le Seigneur de Gloire, dont le visage lumineux se reflète dans l’eau pure de notre profondeur. L’Eglise est ce puits hospitalier au bord duquel chacun d’entre nous peut s’asseoir, lorsque fatigué et chargé parfois par l’aventure de notre vie nous ressentons le désir de rencontrer Dieu ou l’autre en Dieu. Voulons-nous connaître, comment et pourquoi Dieu nous invite encore et encore à Son banquet nuptial. IL veut que chacun et chacune d’entre nous, soit l’invité unique de Son Royaume en Sa Présence, que cette rencontre se fasse autour du puits spirituel dans l’amour, la beauté et la vérité.

 

La Divine Liturgie et les saints Offices de l’Eglise Orthodoxe possèdent comme un trésor inestimable ces Dons du Père Céleste, que la Divine Trinité offre à toute personne qui les désire librement, ces saints mystères du Christ nous sont donnés pour qu’à travers eux nous devenions roi, prêtre et prophète, que nous passions peu à peu du statut de serviteur à l’expérience d’ami de Dieu. Ne pensons pas qu’une telle adoration de Dieu en esprit et en vérité est prévue uniquement pour la vie éternelle à venir, non ! Cette expérience est accessible ici et maintenant, ah bon, direz-vous peut-être étonné, avant de vous émerveiller, vous aussi comme la Samaritaine. Voulez-vous la preuve indiscutable que cette adoration est réellement co naturelle à l’homme crée à l’Image de Dieu, qu’elle est inscrite dans le patrimoine spirituel de l’humanité ? Eh bien, cette expérience est tout simplement le témoignage que nous offre tout homme et toute femme ayant acquis la sainteté.

 

Pour que cette adoration se réalise, il nous faut non seulement imiter la Samaritaine, mais passer du témoignage de l’autre, des autres, à l’expérimentation de la rencontre personnelle avec le Christ, et ceci peut s’acquérir en participant à la célébration de la Divine Liturgie. C’est dans l’Eglise que nous allons peu à peu goûter combien le Seigneur est bon et doux, voir combien Il est beau et que la Grâce est répandue sur ses lèvres, entendre combien Il nous appelle sans cesse par ces paroles « où es-tu mon bien-aimé, où es-tu ma colombe ? », toucher combien Il se donne dans Ses énergies incréées pour nous soutenir à chaque instant, sentir combien est enivrant le parfum de la vie spirituelle en Christ. De nouveau je demande, quels mots trouver ou inventer pour nous transmettre l’Amour de Dieu, pour nous témoigner combien chacun et chacune est inestimable et irremplaçable dans le cœur du Père.

 

Réjouissons-nous, chantons, célébrons et fêtons de tout notre être la Divine Trinité, car qui peut croire un seul instant que Dieu veut faire autre chose que d’aimer son prochain, et ce prochain c’est l’humanité. Oui nous sommes le seul prochain que Dieu désire ardemment de toute Sa divinité comme ami intime et éternel. Je vous le demande humblement, prions ensemble, bénissons-nous, afin que Dieu nous donne de devenir capable de porter de telles grâces éternelles déjà en ce monde.

 

Prions ensemble dans et pour la sainte Eglise orthodoxe qui est la splendeur des splendeurs déposée par Dieu au milieu de l’humanité, alors ne laissons passer aucun « dimanche » sauf raison impérieuse sans participer à la Divine Liturgie Ne nous arrêtons pas aux apparences extérieures ni entre nous ni envers l’Eglise, mais pénétrons avec une humble audace en nous-mêmes et dans L’Eglise pour y puiser au Nom de Jésus, l’eau vive qui régénère et guérit toute infirmité spirituelle, et qu’à l’image de notre saint Christ, nous devenions nous aussi des êtres transfigurés par la lumière éternelle du Thabor spirituel qui est l’Amour de Dieu.

 

Au Père qui est la Source et le puits insondable de la Vie, au Fils qui y puise pour nous les grâces éternelles et à l’Esprit qui répand sur nous Ses bénédictions d’eau et de feu spirituelles, soit la Gloire dans les siècles des siècles, amen.

+ Syméon

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