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vendredi 19 avril 2024

Sainte Marie L’Egyptienne.

 

(Luc 7, 36 à 50)

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

 


Aujourd’hui, l’Église nous invite à suivre le Christ chez Simon le Pharisien, pour y découvrir à travers la femme pécheresse, que la grâce divine ne fait pas la discrimination des personnes, là où les hommes inféodés à la dureté de la Loi religieuse sont prompts à juger, lui notre Seigneur ne juge pas, mais élève la personne et le pardon au-dessus du péché. La trame de ce passage évangélique est fondée sur la manière de regarder, d’écouter et de parler ou non avec l’autre. Ce récit nous met en relation directe avec le regard et la parole de Dieu notre Créateur dans le livre de la Genèse où nous lisons : « Dieu vit et dit que cela était bon » en parlant de la création et « Dieu vit et dit que cela était très bon »en parlant de la création de l’homme. 

 

Simon le Pharisien fin connaisseur de la Thora, enferme cette femme dans ses actes contraires à la morale religieuse de son temps, il ne voit pas en elle une personne et donc ne lui adresse aucune parole. Mais pour comprendre l’attitude de Simon, et éviter nous-mêmes de le juger, nous devons nous souvenir que la Loi est accueillie par Israël comme l’expression absolue de la volonté divine, elle est vécue comme « parole et alliance qui vient de Dieu et mène à Lui, elle est sa voix et la voie ». Mais le Seigneur éclaire le sens de la Loi en soulignant « qu’il n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir », il déclare donc la Loi bonne mais inachevée, elle dit la vérité divine mais elle doit aussi donner l’amour divin, l’œuvre du Messie par l’incarnation est de réaliser « l’union de la vérité et de l’amour ». Simon le Pharisien n’invite pas le Rabbin Jésus parce qu’il l’aime, mais parce qu’il a entendu parler de lui et que cela a suscité chez lui une sorte de stupeur mentale devant les œuvres accomplies par ce Rabbin au milieu d’Israël.

 

Et nous les enfants de l’Église orthodoxe, invités non par des hommes fussent-ils des religieux, mais par Dieu lui-même, pourquoi n’imiterions-nous pas avec simplicité et confiance cette femme pécheresse, en déposant aux pieds du Seigneur, notre demande de pardon pour nos péchés ? A chaque fois que nous osons juger un homme ou une femme, nous devenons des pharisiens durs de cœur et sans esprit, nous rendant indignes de communier à la table spirituelle qui nous propose de goûter combien le « Seigneur est bon et doux ».

 

Ainsi Simon le Pharisien juge t-il cette pécheresse comme perdue et indigne de pardon, car pour lui, la Loi mosaïque est au-dessus de tout et de tous, elle est pour lui la sagesse spirituelle absolue, à laquelle ce Rabbin Jésus devrait lui aussi se plier, c’est pourquoi prisonnier de la Loi, il est sans compassion envers la femme pécheresse et sans justesse envers Jésus et ose se dire en lui-même « si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche ». Là où la femme pécheresse reconnaît Jésus comme un Prophète de Dieu, Simon lui doute de Jésus, et le rabaisse au niveau d’un individu sans discernement. Malheur donc à nous, si sous prétexte que nous sommes « orthodoxes », nous jugeons le monde comme corrompu, en nous autorisant à mépriser les autres, sur la seule foi de notre ressenti non purifié par l’amour et la vérité divines. L’Ecriture sainte nous invite au contraire à imiter cette femme, et à venir nous prosterner aux pieds du Christ, pour y verser les larmes d’un repentir sincère.

 

Que nos prières liturgiques et personnelles soient comme une huile parfumée et sainte répandue sur la tête du Christ, que notre attitude entière soit une louange à la Divine Trinité, que notre présence dans l’Église soit une icône fidèle et un témoignage véridique de notre désir d’aimer le Seigneur. Si avec la grâce divine nous essayons vraiment avec modestie d’imiter cette femme, en nous prosternant aux pieds du Christ de manière orthodoxe, c’est à dire, avec la dignité que nous devons à notre Seigneur, alors nous aussi, nous entendrons le Seigneur nous dire « tes péchés te sont remis, ta foi t’a sauvée, va en paix ».

 

Ni l’Église ni le croyant ne doivent se laisser impressionner par les illusions du monde déchu ou par les minuscules pouvoirs des soit disant « maîtres du monde », que ceux-ci soient des religieux ou des non religieux. Si le Christ libère cette femme, est-ce pour qu’elle se retrouve aliénée, sous de nouveaux commandements élaborés par telle ou telle communauté religieuse.

 

Notre sainte Église orthodoxe a reçu en plénitude le trésor inaliénable de la sagesse divine, afin que tout homme et toute femme de bonne volonté puisse se libérer de l’esclavage du péché, et se restaurer à nouveau dans la beauté et la vérité divines. Avez-vous remarqué que ni Simon ni le Christ n’invite cette femme à la table pour partager le repas ? Le Seigneur accomplit ce que lui-même enseigne dans le saint Évangile, lorsqu’Il appelle à « ne scandaliser personne ». C’est pourquoi pour ne pas scandaliser cette femme qui vient vers lui, il la laisse exprimer son amour et son désir de conversion en se laissant « toucher » par elle, selon le reproche de Simon le Pharisien. Mais le Seigneur discerne aussi « l’état spirituel de Simon » et il sait que celui-ci n’aurait pu supporter que cette femme soit invitée pour partager le repas avec eux, ainsi le Seigneur ne s’impose ni à l’un ni à l’autre.

 

Cette parabole fait écho à cette autre rencontre du Seigneur avec une femme adultère, ici, Simon le Pharisien toise et juge durement cette femme, là où le Christ baisse les yeux devant la femme adultère et écrit avec son doigt dans le sable, ce que faisant, le Seigneur rappelle à tous ceux qui étaient présents et prêts à lapider la femme, qu’ils « sont tous tirés de la terre et qu’ils retourneront à la terre ». Qui sommes-nous donc pour asséner un jugement à partir d’un simple ressenti, « poussière et cendre », éphémère au sein d’un univers qui survit à des nuées d’êtres humains, prions notre Seigneur de nous accorder la grâce d’unir en nous la vérité avec l‘amour, pour la seule gloire de Dieu, notre Père et Créateur.

 

Voici donc que cette femme pécheresse a reçu le pardon divin parce que comme le dit notre  Seigneur « elle a beaucoup aimé », alors que Simon malgré son respect obsessionnel de la Loi, reste prisonnier de la lettre qui étouffe son esprit, l’enferme et l’empêche en vérité de connaitre le retournement intérieur et d’engendrer des fruits pour la vie éternelle. Le Christ ne juge ni Simon ni la pécheresse, il donne à l’un et à l’autre la possibilité d’accéder à la grâce qui peut ouvrir leur être à la vie en Dieu, dans l’Eglise et dans le monde. Le charismatique, saint et divin Rabbin Jésus ne bénit ni le péché de la femme ni le jugement de Simon, mais les invite à le suivre en Dieu pour aller vers leur seule véritable vocation qui est spirituelle et divino-humaine.

 

Dieu ne bénit jamais le péché mais il accueille toujours le pécheur selon cette parole que le prêtre dit après la confession au moment de l’absolution « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ». C’est pourquoi, nous croyons avec une pleine confiance que « Dieu aimera toujours infiniment plus le plus grand des pécheurs, que le plus grand des saint ne pourra aimer Dieu », méditons cette parole de profonde consolation.

 

Au Père donateur du Festin divin, au Fils notre nourriture éternelle, à l’Esprit Saint qui nous

guide vers la table divino-humaine, soit la gloire dans les siècles des siècles, amen.  

 

+Syméon

 

 

 

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